Après avoir obtenu la confiance du Parlement, le gouvernement de Nagib Mikati doit désormais passer aux choses sérieuses. Surtout que de longs mois de blocage politique doivent être rattrapés sans plus attendre pour que des mesures urgentes soient enfin prises et que les réformes exigées par la communauté internationale soient mises sur les rails afin de pouvoir enrayer la dégringolade économique et financière du pays. C'est dans ce contexte pesant que le gouvernent Mikati baptisé "Ensemble pour le sauvetage" s'attaque demain mercredi à sa première réunion de travail officielle sous la présidence du chef de l'Etat Michel Aoun. Si l'ordre du jour de cette séance parait à première vue ordinaire, un dossier qui devrait s'imposer en dehors de cet agenda constituerait le premier test pour Nagib Mikati et son équipe : les négociations avec le Fonds monétaire international.
C'est d'ailleurs depuis Paris, où il a effectué son premier déplacement à l'étranger après la naissance de son cabinet, que M. Mikati s'était engagé vendredi dernier à "mener dans les plus proches délais les réformes nécessaires pour redonner un souffle d’espoir et réduire la souffrance de la population libanaise". "Ces mesures seront déterminantes pour relancer l’économie et poursuivre les négociations prometteuses avec le FMI afin d’amorcer la sortie de crise", avait ajouté le chef du gouvernement, soulignant être "rassuré et confiant que nous pouvons compter sur le soutien de la France dans ces négociations". Emmanuel Macron, perçu à travers l'initiative française comme le parrain du long processus politique ayant mené à la formation du cabinet Mikati, avait de son côté mis le Premier ministre et son équipe mais aussi la classe politique dans son ensemble devant leurs responsabilités, notamment en ce qui concerne les réformes qui devraient être enclenchées pour que les fonds promis au Liban par les pays donateurs soient enfin débloqués. M. Macron avait ainsi qualifié d'"indispensables" les négociations avec le FMI pour que le pays soit mis sur la voie du redressement, plus de deux ans après le début de la crise économique la plus grave de son histoire moderne. Pour le chef de l’Élysée, ces négociations "doivent aboutir rapidement" à des résultats concrets. Entamés en mai 2020, ces pourparlers ont fini par dérailler deux mois plus tard sur fond de divisions côté libanais à propos des pertes à assumer par l'Etat, en défaut de paiement, et ses principaux créanciers - Banque centrale et banques commerciales notamment.
Lors de sa réunion mercredi, le cabinet pourrait donc former la délégation qui sera chargée de mener les négociations avec l'instance monétaire internationale. Une source proche de la présidence explique à L'Orient-Le Jour que cette question, non inscrite officiellement à l'ordre du jour, pourrait être évoquée dans le cadre du deuxième point de cet agenda : réviser la décision du Conseil des ministres datée du 28/2/2020 et ses annexes, portant sur la formation des commissions ministérielles. Cette source confie que la délégation devrait être présidée par le vice-président du Conseil, Saadé Chami (affilié au Parti syrien national social), un vétéran du FMI. Le proche de Baabda dément les informations rapportées dans certains médias, selon lesquelles le chef de l’État serait, contrairement au Premier ministre, hostile à ce que M. Chami dirige la délégation, au motif que la Constitution accorde au président la prérogative de conclure les accords et traités internationaux. "Le vice-président du Conseil est un ancien membre du FMI. Et il a été choisi à son poste pour présider toutes les commissions ministérielles, ainsi que la délégation libanaise chargée des négociations", martèle le proche de la présidence. Il confie que la délégation devrait comprendre, outre M. Chami, les ministres de l’Économie, Amine Salam, et des Finances, Youssef Khalil, ainsi que le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, et plusieurs experts.Le cabinet Mikati s'est engagé, dans sa déclaration ministérielle sur la base de laquelle il a obtenu la confiance de la Chambre, à "relancer les négociations avec le FMI sur la base d'un traitement équitable, en quête d’un accord autour d’un plan de sauvetage à court et moyen termes, parallèlement à la mise sur les rails des réformes connues dans tous les domaines, conformément à un ordre de priorité et dans l’intérêt général".Le secteur de l'électricité
Une source ministérielle affirme que le gouvernement devrait également discuter du dossier de l'électricité, alors que le proche de Baabda exclut cette éventualité. Le secteur de l’électricité a été clairement cité par Emmanuel Macron vendredi dernier comme faisant partie, avec les finances publiques, des secteurs qui devraient être réformés. Entre les mains de la mouvance aouniste depuis 2008, le secteur de l'électricité est perçu comme responsable, en grande partie, du déficit budgétaire de l’État. "Il faut adresser des messages positifs à la communauté internationale", souligne la source ministérielle, précisant que ce dossier ne figure pas à l'ordre du jour de la séance.
Dans sa déclaration ministérielle, le cabinet avait sciemment entouré de flou les réformes prévues sur ce plan. S'il prévoit la construction de nouvelles centrales électriques, le texte n'en précise pas le nombre, mais utilise l’expression "ce dont le pays a besoin" pour produire de l'électricité en partenariat avec le secteur privé. Dans le plan présenté par Nada Boustani, ex-ministre de l'Energie (Courant patriotique libre) en 2019, était prévue la construction de trois centrales dont deux seulement ont été retenues (la troisième, située à Selaata, dans le caza de Batroun, et chère au président du CPL Gebran Bassil, n’avait pas été jugée indispensable).
commentaires (7)
Il n'y a rien a attendre de ce gouvernement de canailles qui est la juste pour gagner du temps.
Michel Trad
16 h 48, le 29 septembre 2021