Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh, a affirmé dimanche que la livraison de carburant iranien au Liban était "une opération normale d’achat de la part de commerçants libanais", en réaction aux propos du Premier ministre Nagib Mikati qui avait déploré une "absence de souveraineté au Liban" après l’arrivée de la première cargaison de fuel iranien.
"Vente tout à fait normale"
"Cette opération commerciale s’est déroulée à la demande de commerçants libanais et il s’agit d’une vente tout à fait normale, en vertu de laquelle du carburant a été envoyé", a affirmé le porte-parole Saïd Khatibzadeh, cité par l’agence iranienne Fars, qui a souligné qu’il réagissait aux propos de M. Mikati. Il a assuré qu’il ne voulait pas interférer dans les affaires intérieures libanaises, mais ajouté que "si le gouvernement libanais veut nous acheter des carburants pour régler les problèmes de sa population, nous sommes à sa disposition".
Réagissant à cette déclaration, des sources proches du Premier ministre Nagib Mikati, citées par son site d’information, Lebanon 24, ont réaffirmé que "le gouvernement libanais n’a demandé aucune cargaison de carburants à l’Iran".
Au lendemain de l’arrivée dans la Békaa à travers des points de passage illégaux avec la Syrie du carburant iranien pour le compte du Hezbollah, M. Mikati avait déploré dans une interview à CNN une "absence de souveraineté au Liban", indiquant toutefois qu'il ne craignait pas que des sanctions américaines visent le pays "vu que le gouvernement libanais n'a pas approuvé" ces importations.
Distribution "loin de toute considération confessionnelle"
Les stations al-Amana ont pour leur part annoncé qu’elles avaient commencé dimanche à distribuer le mazout iranien gratuitement aux hôpitaux gouvernementaux et aux organisations caritatives. Selon le responsable de la direction de ces stations dans la Békaa, Mohammad Yaghi, cité par l’Agence nationale d’information (Ani, officielle), la priorité ira aux hôpitaux gouvernementaux, aux maisons de retraite, aux orphelinats, aux offices de l’Eau dans les mohafazats et aux municipalités des villages qui doivent pomper l’eau potable, aux pompiers et à la Croix Rouge libanaise.
M. Yaghi a assuré que la distribution se faisait ''loin de toute considération confessionnelle, communautaire ou politique'', conformément aux directives du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Il a ajouté que la vente de mazout, à des prix inférieurs à ceux pratiqués sur le marché local, commencerait à partir de mardi pour les hôpitaux privés, les usines de médicaments, les minoteries, les boulangeries ou encore les supermarchés.
Quatre convois composés de 80 camions citernes chargés de carburant iranien étaient arrivés jeudi matin dans la Békaa, à travers un point de passage illégal dans le Hermel, acheminant la cargaison d'un navire iranien déchargée dans le port syrien de Banias. Les camions-citernes ont été accueillis dans la liesse par des sympathisants du Hezbollah dans ce fief du parti pro-iranien. Ce transit par la Syrie et la traversée de la frontière via un passage illégal semblent avoir pour objectif d'éviter que le Liban ne soit directement visé par des sanctions américaines, imposées normalement sur toutes les importations iraniennes et toute transaction financière avec ce pays.
Un deuxième convoi de camions chargés de mazout iranien commandé par le Hezbollah est arrivé dans le Hermel, au nord de la Békaa, dans la nuit de vendredi à samedi. Les camions ont déchargé leur cargaison à Baalbeck dans les réservoirs des stations-service Amana, détenues par le Hezbollah et visées depuis février 2020 par des sanctions américaines, avant d'être distribuées sur le marché, par ordre de priorités.
Selon le site TanckerTrackers, spécialisé dans le trafic maritime, le troisième navire a quitté l'Iran. "Le troisième tanker transportant du fuel iranien destiné au Hezbollah pour être distribué au Liban a été chargé et il est en route", a affirmé le site sur son compte Twitter.
L’agence Reuters avait rapporté que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait annoncé l’arrivée prochaine de ces navires iraniens pour soulager les Libanais qui souffrent de la grave crise des carburants, et que la cargaison du premier bateau avait été achetée par des hommes d’affaires chiites.
commentaires (10)
C’est un commerce comme un autre entre l’Iran et des commerçants du Liban? Qu’à cela ne tienne, on va demander aux commerçants libanais de conclure des actes de ventes pour toutes les matières qui manque au peuple iranien sans passer par le gouvernement du Fakih pour voir leur réaction même si la marchandise n’est pas disponible et que son acheminement reste hypothétique, juste pour savoir si cela sera toléré par les autorités en questions et qu’ils continueront à tenir le même discours.
Sissi zayyat
17 h 33, le 20 septembre 2021