Rechercher
Rechercher

Société - Liban

Crise de l'essence : le Liban quasiment paralysé

De nombreux accès menant à Beyrouth bloqués en matinée par des protestataires en colère.

Crise de l'essence : le Liban quasiment paralysé

L'autoroute du Sud bloquée au niveau de Damour, le 23 août 2021. Photo Mountasser Abdallah

Le Liban était quasiment à l'arrêt lundi en raison de la crise de l’essence : les principales routes menant à Beyrouth, notamment l'autoroute du nord, ont été bloquées en matinée par des protestataires en colère avant d’être rouvertes, alors que des files interminables s’allongent devant les stations-service qui pour la plupart ne livrent pas d’essence.

Cette situation chaotique intervient au lendemain de la décision des autorités d’augmenter le prix des carburants, mais d’obliger les stations d’essence d’écouler leurs stocks à l’ancien prix, une mesure qui n’est pas respectée.

Dès le matin, des protestataires ont bloqué l’autoroute du nord menant à Beyrouth en plusieurs points, notamment à Dora et Zouk Mosbeh dans les deux sens, ainsi qu'au niveau des localités de Dbayé et d'Antélias. L'autoroute a également été coupée au niveau de Byblos et de Nahr Ibrahim. Des centaines d'automobilistes, pour la plupart presque à court d'essence, étaient bloqués dans une chaleur étouffante depuis le matin au niveau de Dora, criant leur exaspération sur les chaînes de télévision locales.

Tous ces axes ont été rouverts en milieu de matinée. Toutefois, peu après midi, le Centre de gestion du trafic a annoncé que l'autoroute de Jounié était coupée dans les deux sens. 

Des embouteillages-monstres sur l'autoroute du sud. Photo Mountasser Abdallah

Des chauffeurs de camion en colère ont parallèlement coupé brièvement l'autoroute du nord au niveau de Chekka, avant que l’armée intervienne pour la rouvrir. Des protestataires avaient bloqué tôt le matin l'autoroute vers Beyrouth au niveau de Palma, au sud de Tripoli, mais elle a été rouverte aussi par l'armée.

Sur l'autoroute du sud menant à Saïda, la situation n'était guère plus enviable. Elle a été coupée au niveau de Damour par des protestataires en colère parce que les stations d'essence du secteur étaient fermées, des queues ininterrompues de véhicules patientant devant les pompes, rapporte notre correspondant sur place Mountasser Abdallah. Elle a été rouverte près d'une heure plus tard, après qu'une station Total a promis d'ouvrir et de fournir de l'essence aux citoyens. Toutefois, en début d'après-midi, l'autoroute du Sud a à nouveau été coupée, d'après M. Abdallah.

Dans la Békaa, la circulation a été interrompue sur l'autoroute menant à Zahlé, rapporte notre correspondante Sarah Abdallah.

A Tripoli, un grand nombre de gens voulant se rendre à Beyrouth attendaient en vain sur la place el-Nour des bus qui ne sont pas venus au rendez-vous faute d'essence, rapporte notre correspondant Michel Hallak.

Pays à l'arrêt

Ces coupures de routes interviennent alors qu’un grand nombre de personnes ont épuisé leurs réserves d’essence. Depuis le début de la matinée, des files interminables de véhicules s'allongent devant les stations-service. Des automobilistes ont passé la nuit dans leur voiture pour accroître leurs chances de faire le plein à l'aube. D'autres ont laissé leurs voitures à sec sur place en attendant. Mais la plupart des stations-service restaient fermées et ne donnaient pas d'essence. En outre, faute de ravitaillement, beaucoup d'entre elles sont vides. D'autres encore cherchaient en vain un taxi ou un bus, pour pouvoir se déplacer.

La crise des carburants, qui a mené à un rationnement draconien du courant électrique, a déjà poussé un grand nombre de restaurants, cafés, clubs de sport et autres à fermer leurs portes, tandis que les hôpitaux lancent des appels au secours, affirmant que leurs réserves de mazout s'épuisent.

Au lendemain d'une réunion au palais présidentiel de Baabda à l'issue de laquelle un accord a été trouvé pour réduire les subventions sur les carburants, les prix de ces produits ont augmenté dimanche de près de 70%, selon les nouveaux tarifs officiels publiés par la direction du pétrole rattachée au ministère de l'Énergie. Celle-ci a toutefois appelé les stations-service, les distributeurs et les compagnies pétrolières à vendre leurs stocks déjà acheté au prix du barème en date du 11 juillet 2021. Il semble que la consigne n'a pas été appliquée, au vu du peu de contrôle exercé par les pouvoirs publics sur ce marché.

Essence

Le porte-parole des propriétaires de stations-service, Georges Brax, a affirmé que les sociétés importatrices de carburant n'avaient pas livré d'essence aux stations "parce qu'elles attendaient les directives de la Banque du Liban (BDL)" en ce qui concerne les stocks encore présents et l'ouvertures de lignes de crédits pour les navires en mer qui attendent de pouvoir accoster.

Dans une déclaration retransmise par l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), il a expliqué que la décision de majorer les prix avait été prise à Baabda le samedi, alors que les banques sont fermées le week-end.

"Les compagnies importatrices n'ont pas livré le carburant aujourd'hui aux stations services en attendant que la BDL publie les nouvelles directives, concernant leurs stocks et les navires en mer", a-t-il dit. Il a ajouté que certaines stations qui avaient encore des stocks vendaient de l'essence aux taux de 3.900 L.L. mais il a indiqué que leurs stocks allaient s'épuiser "d'ici ce soir".

"D'ici une semaine, la situation devrait s'améliorer lorsque la cargaison des navires sera déchargée et que les sociétés importatrices livreront le stock sur le marché local", a-t-il prédit. "Les files d'attente ne vont pas disparaître pour autant car le montant des crédits octroyés est décidé par la BDL", a-t-il averti. 

Dans l'après-midi, la direction générale du pétrole a demandé à toutes les stations-service de "donner la priorité au personnel médical pour faire le plein de leurs voitures". Elle a aussi demandé aux services de sécurité compétents de contrôler le processus dans les stations.

Le Liban était quasiment à l'arrêt lundi en raison de la crise de l’essence : les principales routes menant à Beyrouth, notamment l'autoroute du nord, ont été bloquées en matinée par des protestataires en colère avant d’être rouvertes, alors que des files interminables s’allongent devant les stations-service qui pour la plupart ne livrent pas d’essence.Cette situation chaotique...

commentaires (5)

Au lieu de faire souffrir le peuple et les voitures (allumer/éteindre), le plus logique serait que les voitures stationnent sur de longues routes et que les citernes adaptés avec des compteurs passe les nourrir par exemple avec 30 litres systématiquement et encaisser par des coupons achetés à l'avance !

Shou fi

10 h 13, le 24 août 2021

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Au lieu de faire souffrir le peuple et les voitures (allumer/éteindre), le plus logique serait que les voitures stationnent sur de longues routes et que les citernes adaptés avec des compteurs passe les nourrir par exemple avec 30 litres systématiquement et encaisser par des coupons achetés à l'avance !

    Shou fi

    10 h 13, le 24 août 2021

  • On est gouvernés par des cons et des mafiosi

    Lecteur excédé par la censure

    13 h 51, le 23 août 2021

  • C'était une erreur colossale de faire suivre le bulletin des prix pétroliers hier, par une correction qui oblige à assécher le marché au prix de 3900, avant de pratiquer la nouvelle tarification à 8000. Au lieu de hâter la solution, les idiots ont prolongé et aggravé la crise sur plusieurs jours. C'était prévu. Stations services fermées car vides, on a fait profiter au marché noir de terminer son stock à 500 ou 600 mille livres pour les 20 litres. N'y aurait-il pas connivence quelque part ?

    Esber

    11 h 35, le 23 août 2021

  • article un peu flou : que se passe t il VRAIMENT ? CAR A LA LECTURE ON CONCLUT QU'AUCUNE ROUTE N'EST PLUS FERMEE ACTUELLEMENT !

    Gaby SIOUFI

    10 h 28, le 23 août 2021

  • l'armee doit verifier les stocks d'essence /mazout amasses par les importateurs non pas les dizaines de stations, effort bcp plus facile et rapide-vu leur nombre- ET certainement EFFICACE , car c'est ceux l'origine du mal .

    Gaby SIOUFI

    10 h 21, le 23 août 2021

Retour en haut