
Des automobilistes agglutinés pour faire le plein d'essence, le 20 août 2021 dans le quartier de Hamra à Beyrouth. Photo ANWAR AMRO / AFP
Au lendemain d'une réunion au palais présidentiel de Baabda à l'issue de laquelle un accord a été trouvé pour réduire les subventions sur les carburants, les prix de ces produits ont augmenté ce matin de près de 70%, selon les nouveaux tarifs officiels publiés par la direction du pétrole rattachée au ministère de l'Énergie.
Selon le nouveau barème, le prix des 20 litres d'essence à 95 octane passe de 77.500 LL à 129.000 LL, celui à 98 octane (quasi introuvable au Liban) a été fixé à 133.200 LL le bidon, alors que le prix du mazout s'établit à 101.500 LL, contre 58.500 auparavant. La bonbonne de gaz est quant à elle vendue à 90.400 LL contre 58.800LL auparavant. Selon la nouvelle liste des prix publiée dimanche, l'essence sans plomb 98 et 95 augmentent donc de 67% et 66% par rapport aux derniers tarifs annoncés le 11 août. Quant à la bonbonne de gaz ménager, son prix augmente de 50%.
La direction du pétrole a toutefois appelé les stations service, les distributeurs et les compagnies pétrolières à vendre leurs stocks déjà acheté au prix du barème en date du 11 juillet 2021, donc le dernier avant celui de ce matin. Une consigne qui risque de ne pas être appliquée, au vu du peu de contrôle exercé par les pouvoirs publics sur ce marché.
Avec cette nouvelle hausse, les prix des carburants ont pratiquement triplé en deux mois depuis que la Banque centrale a commencé en juin à rationner les subventions allouées aux importations. L'augmentation se répercutera sur toute l'économie et entraînera une nouvelle hausse des prix dans le pays touché par l'hyperinflation, alors que près de 78% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté selon l'ONU, rappelle l'AFP.
Samedi soir à Baabda, le chef de l'État Michel Aoun a présidé une réunion afin de tenter de trouver une solution à la crise des hydrocarbures qui paralyse le pays depuis bientôt deux semaines, suite à une décision unilatérale de la Banque du Liban (BDL), le 11 août dernier, de supprimer les subventions en place depuis deux ans sur les denrées essentielles, notamment les carburants. La BDL subventionnait fortement ces matières, mais faute de fonds suffisants et en raison d'une contrebande vers la Syrie qui impacte fortement les finances de l'État, elle avait décidé de mettre un terme à ce mécanisme. Cette décision avait suscité la colère du chef de l'État, à couteaux tirés avec le gouverneur de la BDL Riad Salamé.
Hier, il a donc été convenu de "demander à la Banque du Liban d'ouvrir un compte temporaire pour couvrir une subvention urgente et exceptionnelle des carburants (essence, mazout et gaz domestique)". Le taux de change qui sera appliqué pour calculer les nouveaux tarifs de l'essence est désormais de 8.000 livres libanaises. L'enveloppe de 225 millions de dollars que les décideurs demandent dans ce cadre doit permettre de maintenir ces prix intermédiaires du carburant jusqu'à fin septembre. C'est à peu près à cette période que plusieurs responsables ont estimé que la carte d'approvisionnement, un système d'aide directe aux plus pauvres, sera mise en place. Cette carte est censée amortir pour les plus démunis le choc de l'hyperinflation que connaît le pays.
Nouveaux prix appliqués dès lundi
Si les prix ont fortement augmenté dimanche matin, une suppression pure et simple des subventions impliquerait une hausse de plus de 300% des prix des carburants. Le représentant des distributeurs de carburant, Fadi Abou Chacra, a indiqué dimanche que les nouveaux barèmes seront appliqués à partir de demain lundi. Il a toutefois précisé qu'il serait "faux de dire que les sociétés possèdent désormais du fuel, car nous attendons encore le déchargement prochain d'un navire contenant 120.000 tonnes d'essence".
Le président de la fédération des syndicats des transporteurs routiers, Bassam Tleiss, a pour sa part mis en garde dimanche contre des tarifs de transports publics qui oscilleraient entre "16.000 et 20.000 au moins", appelant les chauffeurs à faire preuve de compassion, alors que souvent ce sont les personnes à revenus limités qui empruntent les transports publics.
Dans ce contexte, les Forces de sécurité intérieure (FSI) ont annoncé dimanche avoir saisi plus de 100.000 litres de mazout stockés illégalement à Zahlé, dans la Békaa. Ce carburant a été trouvé dans des entrepôts de la zone industrielle et dans les réservoirs de stations d'essence à Ksara et à Marj. Il a été aussitôt transféré à Électricité de Zahlé (EDZ), une filiale d'Électricité du Liban, au palais de justice de la ville, ainsi qu'à deux associations de bienfaisance.
Au lendemain d'une réunion au palais présidentiel de Baabda à l'issue de laquelle un accord a été trouvé pour réduire les subventions sur les carburants, les prix de ces produits ont augmenté ce matin de près de 70%, selon les nouveaux tarifs officiels publiés par la direction du pétrole rattachée au ministère de l'Énergie.Selon le nouveau barème, le prix des 20 litres d'essence...
commentaires (6)
Il est urgent que la BDL passe de 3900 à au moins 8000, pour les opérations sur les retraits de devises. Et encore, permettre à tous ceux qui détiennent des dépôts en livres en dessous d'une valeur à fixer, de les changer au taux de 1500,car ceux-là sont devenus plus pauvres que les gens assistés par les organismes de tout genre.
Esber
21 h 09, le 22 août 2021