Le syndicat des propriétaires d'hôpitaux privés a averti dimanche que plusieurs hôpitaux risquaient d'arrêter leurs générateurs "d'ici quelques heures" faute de mazout, appelant les responsables à intervenir immédiatement pour sauver les vies des malades.
"Plusieurs hôpitaux, dont des hôpitaux universitaires, sont sous la menace de voir leurs générateurs s'arrêter d'ici quelques heures faute de mazout", a affirmé le syndicat dans un communiqué. "Nous avons mis en garde contre cette situation il y plusieurs jours", a-t-il souligné, indiquant que "la vie des patients est menacée", "notamment avec la nouvelle vague de coronavirus à laquelle nous assistons". Il a déploré que le mazout soit livré "au compte-gouttes" aux hôpitaux alors qu'il est vendu au marché noir de manière flagrante et incontrôlée.
Après des mois de rationnements draconiens, la compagnie nationale Electricité du Liban (EDL) a quasiment cessé de fournir du courant, obligeant les hôpitaux à recourir à des générateurs privés environ 24h/24.
Le syndicat a demandé au chef de l'Etat, Michel Aoun, et au Premier ministre sortant, Hassane Diab, d'intervenir immédiatement. "Les raffineries et entrepôts de Zahrani et de Tripoli ainsi que les entrepôts d'entreprises privées doivent être ouverts dès aujourd'hui, et le mazout doit être livré immédiatement aux hôpitaux", a-t-il affirmé.
"Catastrophe sanitaire"
Pour sa part, le président du syndicat des hôpitaux privés, Sleiman Haroun, a mis en garde contre "une catastrophe sanitaire qui arrivera bientôt". "Cette situation ne devrait pas perdurer. Les responsables doivent réagir aujourd'hui et être tenus pour responsables de la mort de tout patient dans un hôpital, faute de courant", a-t-il affirmé lors d'un entretien avec la chaîne locale LBCI. "Cette situation est inacceptable", a-t-il jugé.
Le Liban est englué depuis l'automne 2019 dans une crise qualifiée par la Banque mondiale comme l'une des pires au monde depuis 1850. A court de devises étrangères, le pays peine à importer suffisamment de fuel pour faire fonctionner ses centrales électriques. Depuis mi-2020, EDL a réduit la production d’électricité, provoquant des rationnements de courant atteignant jusqu’à 23 heures par jour dernièrement. En temps normal, des générateurs privés prennent le relais lors du rationnement du courant fourni par l’État mais en raison de pénuries de mazout, les propriétaires de ces groupes électrogènes sont obligés, eux aussi, de les éteindre plusieurs heures en journée et pendant la nuit, obligeant les Libanais à vivre sans électricité. Plusieurs secteurs, notamment les hôpitaux privés et la restauration, ont récemment mis en garde contre l’impact de ces pénuries sur la poursuite de leurs activités, les hôpitaux agitant la menace d’une « catastrophe sanitaire » en l’absence de solutions. L'effondrement général est accentué par l'inertie des dirigeants, le pays étant sans gouvernement depuis un an.
commentaires (7)
Comme on ne peut plus utiliser l’EdL pour des marchés douteux tels que les barges turques, on se rabat sur le marché noir du mazout. La mafia sait s’adapter aux besoins fondamentaux. Al Capone profitait de la prohibition pour ses opérations mafieuses, nos gangsters utilisent les moyens dont ils disposent localement
Lecteur excédé par la censure
08 h 46, le 09 août 2021