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Nos Lecteurs ont la Parole

Alexandra, ou le printemps libanais

Alexou. Je t’appellerai ainsi. Sans te connaître.... Toi la petite fille, toi qui as grandi en un éclair. Je ne te connais pas, il est vrai, mais je te pleure depuis un an.

Au fait, si, je te connais… car je suis une mère. J’ai des parents, une famille, des cousins, des amis... Tout comme toi, Alexou. C’est pourquoi je te pleure.

Je te pleure chaque fois que je passe à côté du drame encore debout. Cratère qui a happé l’innocence de tes années et la quiétude de ton enfance.

Chaque fois que je regarde tes parents si tristes, si fiers et si déterminés.

Chaque fois que les cerbères armés de matraques et d’ordres hiérarchiques absurdes répriment le soulèvement des hommes révoltés contre l’impunité.

Je te pleure en pensant à l’injustice qui t’a perdue. En regardant les jeunes prendre la fuite de ton pays, là où tu devais briller de réussite un jour et, avec toi, tous ceux qui ont eu la malchance de se trouver sur la route de ces mafieux, excellents uniquement dans le mensonge dont la bassesse n’a d’égale que la cécité morale.

Je te pleure et je pense à notre Liban, celui dont tu rêvais dans ta petite conscience d’enfant patriotique. Celui qui fut arraché de nos bras et jeté à la lisière des hasards mouvementés.

Je te pleure et, avec toi, je pleure mes rêves évadés qui n’ont plus de boussole à force d’être déçus.

Sans le vouloir aussi, mes larmes se font espoir. En pensant que tu pourrais ressembler au bourgeon forçant la terre pour annoncer une nouvelle saison.

Alexou, tu es le printemps libanais qui peine à fleurir aujourd’hui, mais qui fera la promesse de demain. Quand je contemple ta photo, juchée du haut de tes fières années sur les épaules de ton père, je ne peux m’empêcher de penser à l’éclatement de la douleur qui fait naître le changement.

Je pense aussi que ton beau visage, auréolé de gloire, continuera à secouer les consciences quoique mortes de nos dirigeants, à leur insu, tel l’œil de Caïn. Jusqu’à la tombe. Leur tombe que la justice en marche est en train d’envahir.

Dormez sans inquiétude, martyrs malgré vous, héros de plein gré. Dormez du sommeil des gagnants, tant que des personnes luttent par vous et pour vous, l’oubli n’aura pas le dernier mot !

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Alexou. Je t’appellerai ainsi. Sans te connaître.... Toi la petite fille, toi qui as grandi en un éclair. Je ne te connais pas, il est vrai, mais je te pleure depuis un an. Au fait, si, je te connais… car je suis une mère. J’ai des parents, une famille, des cousins, des amis... Tout comme toi, Alexou. C’est pourquoi je te pleure.Je te pleure chaque fois que je passe à côté du drame...

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