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Politique - Gouvernement

Le retour de Mikati fait grincer des dents

Dans les rangs de l’opposition, dans sa ville natale et sur les réseaux sociaux, la désignation du milliardaire de Tripoli suscite peu d’espoirs quant à une sortie de crise.

Le retour de Mikati fait grincer des dents

La place al-Nour a été bloquée par des manifestants hier, parallèlement à la désignation de Nagib Mikati en tant que Premier ministre. Photo Sawratcom

« Il n’est qu’une copie de Hariri et de Hassane Diab. Son arrivée au Sérail ne va faire qu’aggraver la situation », lance Thara, originaire de Bab el-Raml. À Tripoli, la désignation, hier, de l’enfant de la ville Nagib Mikati n’a pas suscité l’enthousiasme. Loin s’en faut. Quelques heures seulement après l’annonce, une dizaine de personnes sont descendues dans les rues pour crier leur colère et bloquer les routes. « Mikati vit une vie de prospérité, d’abondance et de luxe pendant que les habitants de sa ville se privent et meurent de faim », lâche, énervé, Abdel Rahman, présent sur la place el-Nour, celle-là même qui a accueilli des milliers de manifestants pendant des semaines durant le soulèvement d’octobre. Depuis, dans la ville la plus pauvre du pays, les barons locaux n’ont plus la cote. Et Nagib Mikati, magnat des télécoms, avec son frère Taha, habitué du classement annuel des plus grandes fortunes au monde publié par Forbes – la sienne est estimée à 2,7 milliards de dollars –, ne fait pas exception.

Si le fait d’être milliardaire a longtemps constitué un atout pour s’imposer sur la scène politique libanaise, c’est désormais perçu par une partie de la rue comme un symbole du pillage des ressources publiques par la classe politique. « Il fait partie du Kellon yaané kellon (tous, ça veut dire tous). C’est un homme qui est accusé de corruption », pointe Nahida Khalil, membre de Beyrouth Madinati. Fin octobre 2019, la procureure près la cour d’appel du Mont-Liban, la juge Ghada Aoun, avait engagé des poursuites pour enrichissement illicite par le biais de prêts au logement subventionnés contre Nagib Mikati, son fils Maher et son neveu Azmi, ainsi que la Bank Audi.

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Dans les rangs de l’opposition, on considère cette nomination comme la dernière ruse du pouvoir. « C’est juste une façon pour la classe dirigeante de gagner du temps. C’est leur dernier recours pour obtenir l’aide de la communauté internationale. Mais rien ne va changer, la classe politique tentera de se partager les places au pouvoir et aucune mesure politique ne sera prise pour le bien de la population marginalisée par la crise économique », commente Karim Safieddine, membre de Mada qui regroupe les clubs laïcs des universités libanaises.

« Mikati n’a partagé aucun programme, aucune vision ni aucun plan. Quand le peuple libanais aura-t-il le respect qu’il mérite et des politiciens dignes de ce nom ? Ça revient au même. N’attendez aucun changement », commente pour sa part sur son compte Twitter Henri J. Chaoul, qui était membre en 2020 de la délégation libanaise chargée de négocier avec le FMI. Soutenue par le club des anciens Premiers ministres, la nomination de l’ancien chef de gouvernement est perçue comme un retour à la case départ par ses détracteurs et suscite peu d’espoirs quant à une sortie de l’impasse dans laquelle se trouve le pays sur les plans politique et socio-économique.

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Le chef du courant al-Azm a été Premier ministre à deux reprises : une fois en 2005 et une autre de 2011 à 2013. « Cette classe politique fait tout pour que l’on ne pense pas à la levée des immunités des parlementaires pour l’enquête du port », témoigne une jeune fille d’une vingtaine d’années qui réside à Bohsas, accusant les dirigeants de vouloir détourner l’attention de la commémoration du 4 août. Sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes ont souligné que Nagib Mikati était au pouvoir lorsque le nitrate d’ammonium est arrivé au port de Beyrouth.

« Il n’est qu’une copie de Hariri et de Hassane Diab. Son arrivée au Sérail ne va faire qu’aggraver la situation », lance Thara, originaire de Bab el-Raml. À Tripoli, la désignation, hier, de l’enfant de la ville Nagib Mikati n’a pas suscité l’enthousiasme. Loin s’en faut. Quelques heures seulement après l’annonce, une dizaine de personnes sont descendues dans...

commentaires (3)

La différence avec Diab, c'est qu'il bouge et a un recul dans la matière. Mais, saura-t-il convaincre Aoun et compagnie ? Les réformes et l'aide du FMI seront ils la priorité de son gouvernement ? Les réponses ne tarderont pas à apparaître.

Esber

17 h 37, le 27 juillet 2021

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Commentaires (3)

  • La différence avec Diab, c'est qu'il bouge et a un recul dans la matière. Mais, saura-t-il convaincre Aoun et compagnie ? Les réformes et l'aide du FMI seront ils la priorité de son gouvernement ? Les réponses ne tarderont pas à apparaître.

    Esber

    17 h 37, le 27 juillet 2021

  • Quelques heures seulement après l’annonce, une dizaine de personnes sont descendues dans les rues pour crier leur colère et bloquer les routes. « on suppose que le peuple est complice , à la mort de Rafic Hariri il y a eu des millions dans la rue tout ce monde la a disparu le peuple est endormi et la vie continue comme avant: pauvre Liban

    barada youssef

    10 h 31, le 27 juillet 2021

  • OLJ écrit : La colère des manifestants à Tripoli s'est aussi dirigée contre M. Mikati. Ses portraits dans la ville ont alors été arrachés ( ??!! )…. Plusieurs enquêtes étaient alors en cours pour des faits de corruption : M. Mikati faisait partie des responsables visés pour enrichissement illicite AH BON !!. MAIS DEPUIS , LES ENQUÊTES PIÉTINENT ET.. VONT TOUTES CONTINUER DE PIÉTINER ( no problem ) . Là ATTENTION UN Petit JEU gratuit : 5 Cents + (plus ) 22 MOIS = MIKATI , X Nouveaux Koulons -- (moins) MIKATI = HARIRI . Pouvez-vous trouver l’INTRUS …

    aliosha

    08 h 38, le 27 juillet 2021

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