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Nos Lecteurs ont la Parole

Une pierre angulaire du système parlementaire

Il est vrai qu’au Liban, notre système constitutionnel ne peut être considéré comme étant un régime parlementaire typique. La raison est simple : le chef de l’État, en l’occurrence le président de la République, a des pouvoirs importants.

Dans un régime parlementaire « classique », le chef de l’État fait simplement figure de symbole, comme par exemple au Royaume-Uni où les pouvoirs du monarque sont essentiellement protocolaires.

Avec surprise mais sans joie aucune, notre système constitutionnel partage des similarités saillantes avec le système constitutionnel (non écrit) de nos chers voisins hébreux. À savoir que le peuple élit les députés à la Knesset (au nombre de 120 au total), qui à leur tour élisent et le Premier ministre, censé diriger le pays, et le président de la République, qui détient des pouvoirs souverains, tout comme au Liban, sinon plus.

L’aspect commun et fondamental est le multipartisme, aspect qui joue le rôle pivot sur lequel repose tout le système constitutionnel. Que ce soit au Liban ou dans l’État hébreu, la multitude interminable de partis politiques se livre à un combat acharné lors des élections législatives afin d’obtenir le plus grand nombre de sièges au Parlement. Une différence pourtant, bien qu’aléatoire au Liban : une majorité parlementaire se révèle très rarement dans le système parlementaire hébreu, tandis qu’au Liban, un semblant de majorité est presque toujours visible mais souvent insignifiant, comme c’est le cas présentement.

On en vient à la pierre angulaire des deux régimes. La désignation du Premier ministre, chef du gouvernement et poste-clé de l’exécutif au Liban censé diriger le pays et poser les plans du gouvernement, est plutôt similaire mais non identique au système hébraïque. Il se trouve que dans les deux pays que nous comparons, la majeure partie du temps, aucun des partis politiques ne peut détenir à lui seul une majorité parlementaire suffisante pour la formation éventuelle d’un gouvernement. Il en sort que dans les deux cas, un gouvernement de coalition s’impose, qu’on le souhaite ou pas. Ici même, les deux régimes se rejoignent. La désignation d’un Premier ministre reste très souvent le grand mystère. Aberration évidente, puisqu’on sort du principe de la majorité parlementaire.

Mystère pour mystère, il n’en demeure pas moins que le multipartisme dans les deux systèmes débouche nécessairement sur des gouvernements de coalition, même si les coalitions regroupent des partis politiques diamétralement opposés, ou d’un même camp.

Ce qu’on oublie souvent, c’est qu’une coalition, par définition, permet à tout parti de se désister (un droit fondamental), entraînant l’effondrement et, en principe, la chute du gouvernement (dans le système hébreu, il suffit actuellement qu’un seul parti se retire de la coalition Bennett pour déclencher l’effondrement).

Au Liban, à tort ou à raison, la politique prend le dessus. Il n’est permis à aucun membre de la coalition de se récuser sans créer la tempête, malgré la règle d’or du système parlementaire qui octroie aux parties prenantes le droit de quitter une coalition donnée.

On parle du « tiers de blocage », on en fait un problème d’exception, si on en venait à une démission partisane.

Au lieu d’être fière d’avoir la chance de jouer la carte constitutionnelle, la politique libanaise, biscornue, attire le malheur. On se soumet à la règle de l’unanimité comme loi universelle.

Règle d’or, d’argent ou n’importe quel métal précieux, il en résulte que le régime tout entier se paralyse. Il va falloir, un jour ou l’autre, changer de costume, un complet masculin bien plus large que celui de son porteur. Talleyrand avait bien dit : « Seuls les imbéciles ne changent pas d’avis. »


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Il est vrai qu’au Liban, notre système constitutionnel ne peut être considéré comme étant un régime parlementaire typique. La raison est simple : le chef de l’État, en l’occurrence le président de la République, a des pouvoirs importants. Dans un régime parlementaire « classique », le chef de l’État fait simplement figure de symbole, comme par exemple au...

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