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Économie - Énergie

Rationnement en électricité : EDL continue de jouer les équilibristes

L’amélioration de la production attendue restera précaire, compte tenu des difficultés du fournisseur d’État à s’approvisionner en carburant.


Rationnement en électricité : EDL continue de jouer les équilibristes

La centrale de Zouk Mosbeh (Kesrouan). La question du règlement d’une partie du gas-oil destiné aux centrales d’EDL a occupé une bonne partie de l’actualité cette semaine. Photo P.H.B.

Le gas-oil destiné aux centrales de Deir Ammar (Liban-Nord) et Zahrani (Liban-Sud) a-t-il oui ou non été réglé ? Le suspense aura duré jusqu’en milieu d’après-midi vendredi, Électricité du Liban (EDL) annonçant dans un communiqué, le second de la journée, que la transaction avait bien été effectuée par la Banque du Liban (BDL) et validée par la banque correspondante concernée.

Selon une source proche de l’établissement public – dont les propos ont été confirmé dans un communiqué publié en début de soirée –, il s’agissait de la ligne de crédit de 30 millions de dollars dont l’ouverture avait été annoncée en début de semaine et qui doit régler une cargaison de gas-oil transportée par un des navires-citernes en attente dans les eaux territoriales, celui devant livrer la centrale de Deir Ammar. Le carburant devait commencer à être déchargé dès vendredi soir et permettre de redémarrer des unités de production sur ce site, qui était l’arrêt. Si tout se passe comme prévu, EDL prévoit de mettre progressivement en service 300 mégawatts (MW) de plus, en attendant de régler la question d’un second navire de gas-oil, destiné celui-ci à Zahrani.

La source a précisé qu’EDL sera alors en mesure de faire fonctionner un peu plus de 700 MW (soit moins de la moitié de ses capacités totales) sans pouvoir quantifier avec précision comment cela se traduirait en termes de nombre d’heures supplémentaires de fourniture du courant. Seule certitude, cette amélioration sera – si elle se confirme – une fois de plus temporaire, les problèmes de financement du carburant d’EDL restant entiers, que ce soit ceux liés à la crise que traverse le pays où ceux relatifs aux problèmes structurels du fournisseur (les tarifs sont par exemple fixés depuis 1994 à un prix du baril de brut d’un peu plus de 20 dollars, contre plus de 70 aujourd’hui).

Pas de « paiement en attente »
Aussi précaire soit-elle, cette amélioration annoncée semblait d’ailleurs totalement compromise plus tôt dans la journée vendredi. Dans son premier communiqué publié aux environs de midi, EDL avait en effet annoncé que Deir Ammar et Zahrani avaient été mis à l’arrêt, les navires devant les approvisionner en carburant n’ayant toujours pas déchargé leurs cargaisons en raison d’un retard dans les procédures d’approbation des paiements. Contacté par L’Orient-Le Jour, le service de presse de la BDL avait, lui, assuré que tous les règlements nécessaires avaient été faits et qu’il n’y avait plus aucun « paiement en attente ». Pour rappel, EDL compte sur les avances du Trésor qui sont financées par les réserves de devises de la BDL pour acheter son carburant.

Avant la mise au point de la BDL, le fournisseur expliquait que les cargaisons de deux navires de gas-oil, arrivés au large du Liban les 28 juin et 4 juillet, n’avaient toujours pas pu être déchargés, « dans l’attente de la finalisation de procédures bancaires auprès des banques étrangères correspondantes ». EDL avait toutefois assuré qu’elle « continuera à prendre des mesures de précaution pour maintenir un minimum de stabilité dans l’approvisionnement en électricité pendant la plus longue période possible ».

Selon des informations relayées dans les médias et que L’Orient-Le Jour a pu en partie confirmer, la quantité totale de MW pouvant être déployés par EDL était passée d’environ 600 MW à un peu plus de 400 MW suite à la mise à l’arrêt des deux centrales concernées (soit une petite poignée d’heures de courant par jour). En temps normal, les capacités de ces deux sites totalisent plus de 900 MW mais EDL les fait fonctionner à environ un tiers de leurs capacités depuis plusieurs semaines en raison de l’intensification de ses difficultés à financer son carburant.

L’établissement public rationne d’ailleurs la production sur l’ensemble de ses centrales, qui peuvent déployer une capacité totale oscillant entre 1 800 et 2 000 MW, selon les données collectées et compilées par le Issam Fares Institute for Public Policy and International Affairs de l’Université américaine de Beyrouth. Ce seuil est toutefois insuffisant pour répondre à une demande qui évolue entre 3 000 et 3 400 MW, contraignant ainsi le pays à compter sur les propriétaires de générateurs privés. Selon la source à EDL, l’établissement ne pourra plus connecter ses centrales sur la totalité du réseau si les capacités qu’elles déploient sont inférieures à 500 MW, pour des questions de point d’équilibre instantané et de « stabilité du réseau ». « Cet équilibre devient fragile en dessous de 1 000 MW », ajoute-t-elle, rappelant que le centre de commande national du réseau d’EDL n’avait toujours pas été réhabilité après avoir été détruit par la double explosion meurtrière du 4 août 2020 à Beyrouth

EDZ et offices des eaux
Or les propriétaires de générateurs privés, ces exploitants illégaux mais tolérés et dont le ministère de l’Énergie fixe chaque mois les tarifs à appliquer, sont de plus en plus nombreux à affirmer être également contraints de rationner leur production, cette fois en raison des problèmes d’approvisionnement du pays en mazout, une autre conséquence de la crise et des délais de règlement imposés par la BDL. Cette dernière a en effet mis en place depuis octobre 2019 des mécanismes de subvention dont bénéficient certains importateurs, dont ceux d’essence, de mazout et de gaz, afin de compenser l’impact de la dépréciation de la livre, ce qui lui fait jouer un rôle central dans les processus de règlement les fournisseurs de carburant du pays. Les retards de plus en plus fréquents dans l’exécution de ces procédures, combinés au fait qu’une partie du carburant importé est siphonnée par les contrebandiers qui le stockent ou le revendent plus cher en Syrie, sont à l’origine des files d’attente de plus en plus monstrueuses d’automobilistes aux abords des rares stations-service ouvertes, comme cela se produit depuis plusieurs semaines.

Sous le regard désintéressé des autorités, la crise de l’électricité et du carburant continue donc de compliquer le quotidien des Libanais aux quatre coins du pays. Dans la Békaa, Électricité de Zahlé a appelé dans un communiqué ses abonnés à réduire leur consommation d’électricité, notamment en éteignant les climatiseurs, afin d’éviter de devoir rationner le courant produit par ses générateurs. La société privée qui s’est substituée aux générateurs privés dans la ville et plusieurs localités voisines a précisé avoir dû donner la priorité à l’approvisionnement en électricité des habitations, au détriment de l’éclairage public et des industries, en raison de l’arrêt total de la distribution de courant par EDL et des difficultés rencontrées pour s’approvisionner en mazout.

Les problèmes d’électricité affectent également l’approvisionnement de nombreux foyers en eau. Les Offices des eaux du Liban-Nord et du Sud ont ainsi annoncé vendredi avoir dû rationner la distribution dans les régions dont ils ont la charge, en raison d’un stock insuffisant de mazout nécessaire pour alimenter leurs infrastructures. Déjà jeudi soir, l’Office des eaux de Beyrouth et du Mont-Liban avait annoncé un rationnement plus sévère de la distribution de l’eau sur son territoire. La situation semblait s’améliorer en fin de journée. Dans une déclaration relayée par l’Agence nationale d’information, la direction des installations pétrolières de Zahrani a affirmé avoir livré 130 000 litres de mazout à l’Office des eaux du Liban-Sud et 100 000 litres à celui de Beyrouth et du Mont-Liban.

Polémique à Baabda
Enfin, une brève polémique a éclaté entre le palais de Baabda et les médias au sujet de l’approvisionnement en électricité de la présidence. Selon la chaîne locale MTV, « des pressions » ont été exercées sur l’Office des eaux du Litani afin d’augmenter l’alimentation distribuée via la ligne de haute tension de Bsalim, qui dessert les régions voisines et notamment le palais présidentiel de Baabda. Le bureau de presse de la présidence a démenti ces informations, assurant que « le palais présidentiel était alimenté d’une manière ordinaire comme toute autre institution ou maison, et qu’il a recours à des générateurs privés lorsqu’il y a une coupure de courant ou un rationnement ». Selon des sources à l’Office du Litani, citées par notre correspondante Sarah Abdallah, une demande d’alimentation de la ligne haute tension de Bsalim aurait bien été envoyée, non pas de la part de la présidence, mais de la part d’EDL, afin d’assurer l’approvisionnement en courant du palais de Baabda.Cette polémique entache un peu plus la réputation d’une classe dirigeante pointée du doigt par la diplomatie étrangère. En milieu d’après-midi, l’ambassadeur du Japon au Liban, Takeshi Okubo, a par exemple révélé que l’électricité avait été coupée à son domicile « tôt le matin » et qu’il avait été notifié qu’il n’y avait « aucune perspective d’un possible rétablissement du courant », avant d’adresser ses « pensées aux hôpitaux et cliniques » du pays.

Le gas-oil destiné aux centrales de Deir Ammar (Liban-Nord) et Zahrani (Liban-Sud) a-t-il oui ou non été réglé ? Le suspense aura duré jusqu’en milieu d’après-midi vendredi, Électricité du Liban (EDL) annonçant dans un communiqué, le second de la journée, que la transaction avait bien été effectuée par la Banque du Liban (BDL) et validée par la banque correspondante...

commentaires (4)

Il est où le fuel Irakien ????

Eid Nasser

23 h 57, le 10 juillet 2021

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Commentaires (4)

  • Il est où le fuel Irakien ????

    Eid Nasser

    23 h 57, le 10 juillet 2021

  • Celui qui nous avait promis l’électricité 24/24 a dû lire le mode d’emploi à l’envers puisqu’en finalité nous avons les coupures 24/24…

    Gros Gnon

    07 h 34, le 10 juillet 2021

  • Il nous avait promis l’enfer, on y est presque.

    Lecteur excédé par la censure

    23 h 44, le 09 juillet 2021

  • A BAABDA ET CHEZ LE GENDRE TOUTES LES LAMPES ET EQUIPEMENTS ELECTRIQUES SONT EN MARCHE 24/24 HEURES. C,EST L,IMPORTANT. AU DIABLE CE PEUPLE APPAUVRI ET AFFAME ET QUI OSE RECLAMER PLUS DE 2 HEURES D,ELECTRICITE... LORSQU,IL Y EN A ! NOUS AVEC NOS FAMILLES ON SE LA FILE DOUCEMENT. N,EST-CE PAS CA L,IMPORTANT ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 23, le 09 juillet 2021

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