Doha au chevet du Liban en crise

Le ministre qatari des Affaires étrangères, le cheikh Mohammad ben Abderrahmane al-Thani, a exprimé mardi la volonté de son pays d'aider le Liban à surmonter les profondes crises socio-économique et politique dans lesquelles il est englué depuis des mois. Le diplomate qatari a transmis ce message aux responsables libanais lors d'une visite express dans un pays sans gouvernement depuis bientôt onze mois et qui continue sa descente aux enfers, marquée par une paupérisation de la population et des pénuries en cascade.

Arrivé à Beyrouth mardi après-midi pour un déplacement de 24 heures, le chef de la diplomatie qatarie s'est d’abord rendu au palais de Baabda, où il s'est entretenu avec le chef de l'Etat, Michel Aoun. Selon un communiqué publié par la présidence libanaise, M. Aoun a salué le soutien continu du Qatar au Liban et remercié l'émir Tamim ben Hamad al-Thani pour l’intérêt qu'il porte au pays du Cèdre afin de l'aider à surmonter ces circonstances difficiles. Le texte indique aussi que le chef de l'Etat a exposé devant son hôte les raisons qui ont mené le pays à cette situation de crise et les motifs du retard mis à former le nouveau gouvernement. De son côté, poursuit le communiqué de Baabda, Mohammad ben Abderrahmane al-Thani a affirmé que le Qatar était prêt à aider le Liban à résoudre les crises dans lesquelles il est englué à tous les niveaux, ajoutant qu'il se tenait aux côtés du peuple libanais en ces circonstances difficiles.

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Le Liban est sans gouvernement effectif depuis la démission de l'équipe de Hassane Diab dans la foulée de l'explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth. Nommé en octobre de la même année pour former le nouveau cabinet, le leader du courant du Futur, Saad Hariri, n'arrive toujours pas à accomplir sa mission, en raison notamment d'un duel politico-personnel l'opposant au camp du chef de l’État, notamment le gendre de ce dernier, le leader du Courant patriotique libre, Gebran Bassil. Pendant ce temps-là, le Liban continue sa descente aux enfers, marquée par une paupérisation de la population et des pénuries de biens essentiels - essence, électricité, médicaments -. Une chute que rien ne semble pouvoir arrêter, en l'absence d'un cabinet réformateur. Face à cette impasse, la communauté internationale presse pour que le pays du Cèdre se dote d'un cabinet qui mettrait sur les rails les réformes exigées pour redresser l'économie libanaise. Alors que les Européens examineraient un mécanisme pour sanctionner les politiques jugés responsables de l'impasse gouvernementale, certains médias libanais évoquaient récemment une "initiative" que porterait le ministre qatari afin de débloquer la crise, sans donner de détails concernant le projet en question.

Le ministre qatari des AE s'est ensuite entretenu à Aïn el-Tiné avec le président de la Chambre, Nabih Berry, dont l'initiative axée sur la formation d'un cabinet de 24 ministres est au centre des tractations ministérielles. Le diplomate qatari s'est par la suite rendu à la Maison du Centre où il a été reçu par le Premier ministre désigné, Saad Hariri. Il n'a pas fait de déclarations à la suite de ces entretiens. Le ministre a clôturé sa tournée par un entretien avec le commandant en chef de l'armée, Joseph Aoun.

Le cheikh Mohammad ben Abderrahmane al-Thani reçu par Saad Hariri à la Maison du Centre, le 6 juillet 2021. Photo Dalati et Nohra

Il avait été accueilli à l'aéroport international de Beyrouth par la ministre sortante des Affaires étrangères par intérim, Zeina Acar, en compagnie de l'ambassadeur du Qatar au Liban, Mohammad Hassan el-Jaber.

Faute de feu vert saoudien pour former son équipe, M. Hariri avait effectué plusieurs tournées dans des pays arabes, notamment au Qatar où il avait rencontré l'émir Tamim ben Hamad en février dernier, avec qui il avait évoqué la question de la formation du gouvernement. Le Qatar avait alors indiqué en février qu'il était prêt à aider à relancer l'économie libanaise, mais seulement si la classe politique s'entendait sur un nouveau gouvernement. Et en avril dernier, l'émir du Qatar recevait le Premier ministre sortant, Hassane Diab, devant qui il avait appelé à la formation rapide d'une équipe ministérielle, exhortant les protagonistes concernés à accorder la priorité à l'intérêt du Liban.

En mai 2008, à l'issue des combats qui avaient éclaté lors de la prise de contrôle par le Hezbollah d'une partie de Beyrouth sur fond de crise politique, le Qatar avait réuni les protagonistes libanais et négocié un accord qui avait permis l'élection d'un candidat de compromis, le général Michel Sleiman, à la présidence de la République, et la formation d'un gouvernement d'unité nationale.