La France et les Etats-Unis vont agir ensemble pour "faire pression" sur les responsables de la crise dans laquelle le Liban s'enfonce depuis plusieurs mois, a annoncé vendredi le chef de la diplomatie française Jean-Yves le Drian.
"Nous constatons ensemble le drame que serait que ce pays se fissure, disparaisse. Nous avons décidé d'agir ensemble pour faire pression sur les responsables. On les connaît", a déclaré M. Le Drian lors d'un point presse aux côtés de son homologue américain Antony Blinken, à Paris. "(Nous avons) la même appréciation de la situation", sur "l'effondrement de ce pays, dramatique", a pointé le chef de la diplomatie française, critiquant les dirigeants politiques libanais et leur "incapacité à relever le moindre défi, (et à initier) le moindre début de progrès pour redresser ce pays".
Depuis le début de la crise à l'automne 2019 - l'une des pires dans le monde depuis 1850, selon la Banque mondiale -, la livre libanaise a perdu 90% de sa valeur face au billet vert sur le marché noir. Plus de la moitié de la population libanaise vit sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU. Le Liban souffre par ailleurs de graves pénuries d'essence et de médicaments et est toujours sans gouvernement depuis dix mois, faute d'entente entre les partis au pouvoir, accusés par la rue de laisser couler le pays.
Paris a récemment adopté des restrictions d'accès au territoire français à l'encontre de personnalités libanaises jugées responsables du blocage, sans dévoiler leur identité.
Parallèlement, l'ambassadrice des États-Unis au Liban, Dorothy Shea, a réaffirmé lors d'une interview diffusée vendredi sur la chaîne al-Jadeed que le Liban avait désespérément besoin "d'un gouvernement en fonction qui s'engage à mettre en œuvre des réformes", dénonçant le fait qu'à Beyrouth c'est "la routine habituelle" (business as usual) au moment où le pays sombre dans une grave crise économique.
Interrogée à la question de savoir quelle partie les États-Unis tiennent pour responsable de l'obstruction dans la formation du gouvernement et laquelle peut être blâmée en premier lieu, Mme Shea a répondu : "C'est peut-être une question qui devrait s'adresser au peuple libanais plutôt qu'à moi. Mais comme je l'ai déjà dit par le passé, il faut aujourd'hui bâtir un gouvernement et non bloquer la mise en place d'un gouvernement".
"Malheureusement j'ai ressenti plus d'urgence lors de ma réunion avec mes supérieurs et collègues à Washington qu'ici à Beyrouth où c'est +business as usual+, donc je ne sais pas s'il y a une partie qui mérite d'être blâmée mais je peux vous dire qu'il y a un besoin désespéré d'un gouvernement en fonction qui s'engage à mettre en œuvre des réformes pour arrêter l'hémorragie et contribuer à remettre l'économie sur les rails afin que les Libanais puissent mettre de la nourriture sur leurs tables", a ajouté l'ambassadrice. Elle a aussi indiqué que les officiels à Washington "veulent être sûrs que le gouvernement américain et nos partenaires font tout ce qu'ils peuvent pour travailler avec nos amis et le peuple du Liban pour empêcher un véritable effondrement".
Ce n'est plus le Liban, c'est le “Liban Fort”! OK?
09 h 46, le 26 juin 2021