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Nos Lecteurs ont la Parole

Humiliés, encore et toujours

Encore et toujours humiliés.

Dans les files interminables des stations d’essence, sous la chaleur d’un soleil impardonnable, nous sommes humiliés. Entre les rayons vides des supermarchés, à choisir entre du lait pour enfant ou un autre sac de riz, à nous effondrer face aux chiffres qui sans pitié s’affichent, nous sommes humiliés.

Dans les couloirs fatigués des hôpitaux, témoins de l’immoralité des rejets et des yeux hagards de ceux qui n’en peuvent plus de supplier, et assourdis par le silence des salles d’opération qui n’ont plus de quoi opérer, nous sommes humiliés.

Au milieu des montagnes d’ordures qui souillent les moindres recoins, l’entièreté de l’air que nous continuons de respirer et toutes les eaux de ce pays que nous prétendons aimé, nous sommes humiliés. Face au comptoir de la banque chez qui nous venons mendier ce qui nous revient de droit, les yeux vides d’espoir et engloutis par tous ces regards identiques, nous sommes humiliés.

En passant devant le cratère de la scène du crime du port de Beyrouth, dix mois après le carnage et les cadavres et les mensonges et la trahison et les cris cinglants et le silence qui persiste, nous sommes humiliés.

Puis quand devant les autres nous les défendons et nous les acclamons, quand devant les urnes nous devenons imbéciles et nous les ramenons, nous sommes humiliés et humiliants.

Et comme nous avons vécu humiliés nous mourrons humiliés, pour que nos enfants naissent et s’éteignent dans le mutisme de la réalité humiliante que nous avons produit.

Alors, répétons fièrement, nos choix sont humiliants, et nos paroles en leur faveur sont humiliantes, tout comme nos douleurs sont humiliantes et notre silence est humiliant.

Répétons fièrement : nous Libanais, encore et toujours humiliés.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Encore et toujours humiliés.
Dans les files interminables des stations d’essence, sous la chaleur d’un soleil impardonnable, nous sommes humiliés. Entre les rayons vides des supermarchés, à choisir entre du lait pour enfant ou un autre sac de riz, à nous effondrer face aux chiffres qui sans pitié s’affichent, nous sommes humiliés.
Dans les couloirs fatigués des hôpitaux,...

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