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Politique - Décryptage

Abbas Ibrahim à Moscou à un moment crucial pour la région et pour le Liban




On attendait la visite du chef druze Walid Joumblatt à Moscou, c’est finalement le directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, qui doit y arriver aujourd’hui lundi. L’officier avait en effet reçu une invitation à se rendre en Russie il y a quelque temps déjà, et il a été convenu de fixer la date à ce moment précis, alors que le monde et la région sont à la veille de grands changements.

Si la visite de Walid Joumblatt a été reportée en raison de l’emploi du temps chargé du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, celle de Abbas Ibrahim sera consacrée à la rencontre de responsables de sécurité. Cette visite commence donc deux jours avant le sommet attendu entre le président américain Joe Biden et son homologue russe Vladimir Poutine à Genève mercredi.

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Des sources diplomatiques laissent entendre qu’à la demande insistante du pape François, le Liban sera au menu des entretiens entre les deux présidents américain et russe, mais aucune précision n’est donnée sur l’angle et le contexte dans lesquels le pays sera évoqué. Par contre, il est sûr que le dossier syrien occupera une partie importante du sommet américano-russe, d’autant que pour la Russie, il est de la plus haute importance et constitue une priorité pour Vladimir Poutine personnellement.

C’est dans ce contexte précis que la visite du général Ibrahim à Moscou revêt elle aussi une grande importance, puisque le directeur de la Sûreté a joué tout au long des dernières années un rôle discret mais de première importance entre d’un côté le régime syrien et de l’autre les dirigeants américains, notamment le conseiller à la Sécurité nationale de l’ancien président Donald Trump, Robert O’Brien. Il avait même reçu une distinction américaine pour ses efforts dans la libération de certains citoyens américains disparus en Syrie et il poursuit ses efforts pour obtenir celle d’autres.

Selon des sources diplomatiques bien informées, trois dossiers seront donc au menu des entretiens de Abbas Ibrahim à Moscou et ils sont, à des degrés différents, liés aux développements en Syrie.

D’abord, celui des déplacés syriens au Liban. Abbas Ibrahim est en effet officiellement chargé par les autorités libanaises d’entamer le processus de retour des déplacés syriens qui le peuvent et le veulent dans leur pays, sans plus attendre un feu vert international et en particulier américain. Il a ainsi réussi à assurer le retour chez eux de près de 200 000 Syriens, parmi ceux qui résidaient dans des régions devenues sûres en Syrie, dont les maisons sont dans un état acceptable et qui ont sur place un moyen de subsistance. Évidemment, les chiffres restent réduits par rapport à la présence massive des déplacés syriens au Liban, mais il s’agit d’un début qui a été qualifié de positif, d’autant qu’aucun incident n’a été enregistré concernant ceux qui sont rentrés chez eux. Or, ce dossier est de la plus haute importance pour les Russes, qui planifient d’organiser un congrès international pour le retour chez eux des déplacés syriens, avec une participation internationale rendue nécessaire pour le financement du retour et la reconstruction des villages ou quartiers détruits par la guerre. Les Russes ont même songé à organiser ce congrès à Beyrouth, et le général Ibrahim est donc l’interlocuteur qualifié pour discuter de ce sujet.

Le deuxième dossier qui devrait être évoqué par les Russes avec le général Ibrahim est celui de la sécurité et de la reconstitution des cellules de Daech et d’autres organisations terroristes en Syrie, en Irak et au Liban. Selon des rapports de sécurité, ces organisations seraient en train de se préparer pour lancer de nouvelles offensives dans ces pays et Abbas Ibrahim fait partie des responsables qui suivent ces dossiers de près. Or la Russie s’intéresse beaucoup à cette question, ayant subi des attaques terroristes sur son territoire et en Syrie. Une coopération est d’ailleurs requise à ce niveau entre les services concernés, et les Russes s’intéressent à l’expérience libanaise dans la lutte contre les organisations terroristes.

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Enfin, le dernier dossier au menu des entretiens du général Ibrahim à Moscou est politique et il porte sur la formation du gouvernement au Liban. Selon les sources précitées, les autorités russes ont déjà déclaré à leurs interlocuteurs libanais qu’elles n’ont pas d’initiative politique précise. Elles cherchent simplement à s’informer du contexte politique interne, sachant qu’elles ne sont pas prêtes à s’impliquer dans les sables mouvants libanais. D’ailleurs, toutes les personnalités libanaises reçues récemment à Moscou sont revenues avec la même impression, qu’il s’agisse de la délégation politique du Hezbollah, du Premier ministre désigné ou du chef du Courant patriotique libre. Les autorités russes sont donc en train de collecter des informations pour pouvoir comprendre un peu mieux le contexte libanais et se faire une idée précise de ce qui s’y passe. Mais pour les responsables russes, le dossier principal dans la région reste la Syrie. Ils sont toutefois conscients du fait que ce dossier a un impact important sur la situation au Liban, notamment sur les plans économique et sécuritaire.

À deux jours du sommet entre Joe Biden et Vladimir Poutine, la visite de Abbas Ibrahim à Moscou pourrait peut-être apporter des réponses à de nombreuses questions que se posent les Libanais sur l’avenir de la région et celui de leur pays en particulier... Affaire à suivre.

On attendait la visite du chef druze Walid Joumblatt à Moscou, c’est finalement le directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, qui doit y arriver aujourd’hui lundi. L’officier avait en effet reçu une invitation à se rendre en Russie il y a quelque temps déjà, et il a été convenu de fixer la date à ce moment précis, alors que le monde et la région...

commentaires (2)

Ceux qui censurent sont ceux qui désirent arrêter les abonnements. Surtout quand les commentaires sont analytiques, polis, non insultants.

Khazzaka May

17 h 36, le 14 juin 2021

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Commentaires (2)

  • Ceux qui censurent sont ceux qui désirent arrêter les abonnements. Surtout quand les commentaires sont analytiques, polis, non insultants.

    Khazzaka May

    17 h 36, le 14 juin 2021

  • C,AURAIT ETE UN BON ARTICLE SI DES GONFLEMENTS ET DES ENCENSEMENTS N,Y ETAIENT GLISSEES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 52, le 14 juin 2021

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