La parité en politique n’est pas pour demain en Iran, où la très faible représentativité des femmes pourrait bien encore reculer en cas de victoire des ultraconservateurs à la présidentielle du 18 juin.
« Le défi le plus important pour les Iraniennes est lié à leur absence totale dans les instances décisionnaires » de la République islamique, déclare Elaheh Koulaï, une ex-députée réformatrice.
Le bilan en la matière du président sortant, Hassan Rohani, un modéré élu sur des promesses de libéralisation sociale, est sévèrement jugé par les féministes en Iran. Non seulement M. Rohani n’a pas tenu ses promesses de créer un ministère des Femmes et de nommer trois femmes ministres, mais les femmes ont même vu le nombre de leurs portefeuilles diminuer entre son premier gouvernement, formé en 2013, et celui constitué après sa réélection en 2017.
L’exécutif sortant ne compte plus que deux femmes : Massoumeh Ebtékar, vice-présidente chargée des Femmes et de la Famille, et Laya Joneydi, vice-présidente chargée des questions juridiques. Contrairement aux ministres, qui doivent être approuvés par un vote du Parlement, les vice-présidents n’ont pas besoin d’être confirmés par les députés. Lors de la présentation de son cabinet élargi en août 2017, M. Rohani avait été très critiqué pour ne pas avoir osé soumettre de femmes ministres à l’approbation du Parlement.
Discriminations
Ce qu’il n’avait pas fait alors face à une Assemblée où il détenait la majorité, comment son successeur pourrait-il l’obtenir après la victoire écrasante des conservateurs et ultraconservateurs aux législatives de février 2020 ?
La question de la représentation des femmes ne semble d’ailleurs pas être une priorité des candidats à la succession de M. Rohani.
L’ultraconservateur Ebrahim Raïssi, chef de l’Autorité judiciaire, qui fait figure de favori, l’a tout simplement ignorée jusqu’ici, se contentant de critiquer les promesses de M. Rohani en ce domaine, sans dévoiler ses intentions.
Et chez ceux qui en parlent, assez peu de différences apparaissent entre l’ultraconservateur Mohsen Rézaï et le réformateur Abdolnasser Hemmati. Le premier a promis « au moins deux femmes ministres », le second « au moins une ». Et encore ces promesses n’engagent-elles pas à grand-chose, puisque c’est au Parlement que reviendra le dernier mot.
Les femmes ont en Iran un statut juridique inférieur à celui des hommes. Au tribunal, la parole d’une Iranienne vaut la moitié de celle d’un Iranien et, pour un héritage, une femme obtiendra deux fois moins que son frère. La loi leur impose par ailleurs de sortir voilées. Sauf mention expresse, encore rare, dans son contrat de mariage, une Iranienne devra obtenir l’autorisation de son mari pour sortir du pays. Et les femmes font l’objet de discriminations de toutes sortes. Mais en plus de 42 ans, la République islamique a aussi œuvré énormément pour l’instruction des femmes, facteur d’émancipation.
Sept hommes
Depuis des années déjà, les universités iraniennes, qui recrutent sur concours, comptent plus d’étudiantes que d’étudiants, et l’accès des jeunes filles à l’enseignement supérieur leur ouvre des perspectives, notamment dans le monde de l’entreprise.
« Les femmes ont brillé partout en Iran où il n’y a pas d’obstacle devant elles, à savoir dans l’éducation, la philanthropie et l’entrepreneuriat », dit Zahra Shojaei, ancienne conseillère du président Mohammad Khatami (1997-2005) pour les questions féminines. « Les femmes iraniennes ont prouvé qu’elles pouvaient faire tomber les barrières. Nous avons besoin de la continuité, de la stabilité et de la poursuite des efforts qui, bien sûr, sont directement liées à la situation politique du pays et au processus de démocratisation de la société », abonde Mme Koulaï.
En politique, néanmoins, la voie des femmes vers la reconnaissance est particulièrement « longue et difficile », reconnaît Mme Shojaei, présidente d’un parti féministe, l’Assemblée des femmes réformatrices.
« Plus de 40 ans après la révolution islamique, le nombre des femmes députées est de 17 seulement aujourd’hui (dans une Assemblée comptant 290 sièges), contre quatre » dans le Parlement élu en 1980, l’année ayant suivi le renversement de la monarchie, déplore cette universitaire.
Et cette année encore, aucune femme n’a été autorisée à se présenter à la présidentielle : le 18 juin, Iraniennes et Iraniens choisiront le prochain chef du gouvernement parmi sept hommes.
Ahmad PARHIZI et Marc JOURDIER
Ha ha ha depuis que Saint Khomeini est venu au pouvoir la femme n'existe pas. Je suis allée à Teheran en 1965 c'était formidable j'ai visité un peu l'Iran un beau pays , il y avait une fois ......
20 h 28, le 10 juin 2021