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Au cœur du débat

Deux ouvrages fondamentaux, de réels ouvrages de référence, résument à eux seuls l’essence des deux courants de pensée perceptibles aujourd’hui sur la scène chiite, non seulement au Liban, mais surtout dans la région : celui du secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem ; et le legs politique de l’ancien chef spirituel de la communauté chiite libanaise, feu Mohammad Mehdi Chamseddine.

Dans son ouvrage – ayant pour titre Le Hezbollah –, cheikh Kassem expose de manière claire et didactique la doctrine du parti chiite, sa conception de la vie et du jihad, l’obligation de mener le jihad en cas de confrontation avec « l’ennemi », le culte (sacré) du martyre… Il explique plus particulièrement le rôle et la place du « wali el-faqih » (le guide suprême de la révolution iranienne) en soulignant que la doctrine du Hezbollah stipule que toutes les grandes décisions stratégiques, notamment la décision de guerre et de paix, sont prises par le « wali el-faqih », dont les décisions sont sans recours car le guide bénéficie d’une légitimité « divine » – qui ne saurait être débattue – et non pas populaire (qui pourrait être contestée). Michel Aoun avait lui-même mis en garde dans un discours public, bien avant son accession à la présidence, contre ce qu’il avait qualifié de « danger perse » (« les Perses attaquent », avait-il lancé), dénonçant ouvertement la notion du wilayat el-faqih.

C’est précisément au sujet de ce dernier point qu’apparaît l’importance de l’ouvrage de l’imam Mohammad Mehdi Chamseddine ayant pour titre Testaments (al-Wasaya). L’ancien chef spirituel de la communauté exhorte notamment dans son livre ses coreligionnaires dans toute la région à « ne pas avoir un projet chiite propre à eux » et à lutter, plutôt, séparément au sein de leur propre pays pour défendre leurs droits et améliorer leurs conditions de vie. En clair, il leur demande de ne pas s’engager dans un projet chiite régional, transnational (celui du wilayat el-faqih), et de limiter leur action au seul cadre national.

Cette position est celle que défend aussi, dans son essence, le chef spirituel de la communauté chiite irakienne, l’ayatollah Sistani, qui refuse toute inféodation des chiites irakiens au pouvoir des mollahs iraniens. Tout le débat porte précisément sur la confrontation entre ces deux projets et courants de pensée : d’une part, celui de l’exportation de la révolution islamique iranienne par le biais de la soumission de forces locales au wali el-faqih ; et, d’autre part, le courant que l’on pourrait qualifier de « souverainiste » prôné par l’ayatollah Sistani et l’imam Chamseddine (orientation souverainiste qui était d’ailleurs celle de l’imam Moussa Sadr également).C’est dans un tel contexte qu’il convient de placer la critique qui est faite au Hezbollah – et à ceux qui font preuve de complaisance ou d’indulgence à son égard – par le courant 14 marsiste (soit dit en passant sur ce plan, le 14 Mars n’est nullement une simple coalition de forces politiques, mais l’expression intemporelle d’une certaine vision souverainiste du Liban). Ce n’est pas l’existence du Hezbollah en tant que formation politique qui est contestée, mais son adhésion à la doctrine du wilayat el-faqih, son positionnement en tant qu’instrument privilégié de l’expansionnisme iranien dans la région, son implication directe dans les affaires intérieures de certains pays arabes, et l’utilisation de son arsenal militaire comme moyen de menace et d’intimidation sur le plan interne.

Ce qui est demandé au Hezbollah, c’est une déconnexion vis-à-vis des conflits régionaux, non pas pour affaiblir l’Iran ou son projet régional mais pour une toute autre raison purement locale : les Libanais endurent depuis un peu plus d’un demi-siècle des affres des guerres régionales qui s’avèrent sans horizons et sans perspective ; ils ont été depuis 50 ans les otages des stratégies de conquête et des luttes d’influence tantôt des Palestiniens, tantôt des Syriens, et maintenant des Iraniens, qui à tour de rôle n’ont épargné aucun effort pour empêcher toute stabilisation au Liban, pour faire obstruction à l’émergence d’un État digne de ce nom.

Au stade actuel, c’est à ce niveau que doit se situer le combat, de façon claire et sans équivoque ou entourloupe. Car tout projet de réformes ou plan de redressement dans le pays se heurtera immanquablement à un mur si l’obstacle de la soumission à une force régionale n’est pas appréhendé d’une manière franche et transparente. Une fois que le Hezbollah franchira le pas de géant sur la voie de sa libanisation, une fois qu’il fera sienne les méthodes d’action démocratiques, ou tout au moins non violentes, il reviendra alors aux électeurs de décider de son sort et de sa représentativité. Cette lutte à caractère souverainiste et ce débat ne concernent nullement une seule communauté, une « classe sociale » ou une catégorie particulière de la société, comme le prétendent certains qui expriment à ce propos une vision très réductrice de ce combat mené depuis des années, voire des décennies. Et c’est aujourd’hui, avant demain, que ce problème du positionnement du Hezbollah doit être posé sans atermoiement. C’est en effet l’identité même du Liban qui est aujourd’hui véritablement en jeu, comme le souligne le patriarche maronite Béchara Raï, et dans une telle situation de crise profondément existentielle, il ne saurait y avoir de position médiane ou nuancée. Ne pas confronter le « mal » (politique) dans le contexte présent revient à en être le grand et principal complice.

Deux ouvrages fondamentaux, de réels ouvrages de référence, résument à eux seuls l’essence des deux courants de pensée perceptibles aujourd’hui sur la scène chiite, non seulement au Liban, mais surtout dans la région : celui du secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem ; et le legs politique de l’ancien chef spirituel de la communauté chiite libanaise,...

commentaires (3)

FALLAIT PAS S,ARRETER AU HEZBOLLAH ET AUX CHIITES D,OBEDIENCE PERSE MAIS ACCUSER ET NOMMER AUSSI LES TRAITRES CHRETIENS QUI LUI SERVENT DE PARAVENTS ET QUI LUI PERMETTENT DE SE PRESENTER AUJOURD,HUI COMME UN DEFENSEUR DE LA FORMATION D,UN NOUVEAU GOUVERNEMENT ET LAISSER LA CHARGE DU BLOCAGE DONC LES CATASTROPHES QUI FRAPPENT LE PAYS ET SON PEUPLE SUR LE DOS DES CHRETIENS DONT UNE PARTIE IRRESPONSABLE ET CRIMINELLE MENE TOUS LES AUTRES CHRETIENS A L,AUTO-DESTRUCTION POUR DES INTERETS PERSONNELS QUI LES LIENT OU LES RENDENT PLUTOT OTAGES DE L,IRAN. PATRIARCHE RAI, REVEILLEZ-VOUS ET NE DEFENDEZ PAS UNIQUEMENT L,INTEGRITE DE VOTRE BERGERIE QUAND TOUT LE PAYS ET TOUS SES CITOYENS SONT CONFRONTES PAR LA FAUTE DES BELIERS DE VOTRE BERGERIE A UN DANGER EXISTENTIEL. = ET JE PRIE L,OLJ DE PUBLIER.

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 32, le 08 juin 2021

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Commentaires (3)

  • FALLAIT PAS S,ARRETER AU HEZBOLLAH ET AUX CHIITES D,OBEDIENCE PERSE MAIS ACCUSER ET NOMMER AUSSI LES TRAITRES CHRETIENS QUI LUI SERVENT DE PARAVENTS ET QUI LUI PERMETTENT DE SE PRESENTER AUJOURD,HUI COMME UN DEFENSEUR DE LA FORMATION D,UN NOUVEAU GOUVERNEMENT ET LAISSER LA CHARGE DU BLOCAGE DONC LES CATASTROPHES QUI FRAPPENT LE PAYS ET SON PEUPLE SUR LE DOS DES CHRETIENS DONT UNE PARTIE IRRESPONSABLE ET CRIMINELLE MENE TOUS LES AUTRES CHRETIENS A L,AUTO-DESTRUCTION POUR DES INTERETS PERSONNELS QUI LES LIENT OU LES RENDENT PLUTOT OTAGES DE L,IRAN. PATRIARCHE RAI, REVEILLEZ-VOUS ET NE DEFENDEZ PAS UNIQUEMENT L,INTEGRITE DE VOTRE BERGERIE QUAND TOUT LE PAYS ET TOUS SES CITOYENS SONT CONFRONTES PAR LA FAUTE DES BELIERS DE VOTRE BERGERIE A UN DANGER EXISTENTIEL. = ET JE PRIE L,OLJ DE PUBLIER.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 32, le 08 juin 2021

  • Bravo Mr Touma votre analyse est irreprochable et judicieuse

    Habib chaaraoui

    13 h 02, le 08 juin 2021

  • Claire , pre’cis et convaincant. Ceux qui critiquaient haut et fort et a juste raison, l’influence ne’faste et destructrice des « Perses », ont honteusement retourne’ leur veste et ont vendu leur ame, pour un siege presidentiel. Tant qu’il y aura des politiciens menteurs et ve’reux, preferant l’etranger a leur propre pays, il sera tres difficile de retrouver le vrai visage du Liban.

    Goraieb Nada

    10 h 54, le 08 juin 2021

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