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Politique - Focus

Quand Berry reprend du poil de la bête

Appuyé par Bkerké et le Hezbollah, le chef du Parlement tente de jouer à nouveau les médiateurs dans la crise gouvernementale.

Quand Berry reprend du poil de la bête

Nabih Berry au Parlement le 25 mai 2021. Photo Nabil Ismaïl

Le président du Parlement, Nabih Berry, s’apprête à lancer une nouvelle initiative pour sortir du blocage gouvernemental. Rien de véritablement nouveau en apparence. Mais les conditions semblent, pour la première fois depuis des semaines, plus propices à une réelle avancée.

Le chef d’Amal prépare le terrain depuis le début du mois de mai. Il avait insisté auprès du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, lors de la visite de ce dernier à Beyrouth, sur la nécessité de réunir ensemble Michel Aoun et Saad Hariri et de les pousser à s’entendre sur une formule de 24 ministres dans laquelle aucune partie ne bénéficierait du tiers de blocage. Le chef de la diplomatie française avait rétorqué qu’il n’avait pas à entrer dans ce genre de détails et que c’était à M. Berry lui-même de s’en charger. « Berry a répondu que toute initiative qu’il prendrait serait d’emblée rejetée par le président de la République », confie un proche du chef du Parlement.

Sauf qu’entre-temps, il a reçu deux soutiens de poids. Le chef du Parlement prépare son initiative en coordination avec le patriarche maronite Béchara Raï et dispose de l’appui du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Ce dernier a en effet insisté mardi soir dans son discours pour que le déblocage du gouvernement passe par la médiation de Nabih Berry. « Le camp aouniste insistait pour que Nasrallah prenne son parti contre Berry. Mais le Hezbollah préfère se placer comme l’arbitre du duel Aoun-Hariri tout en appuyant son allié chiite », décrypte un proche du Hezbollah.

Réprimander Bassil « à l’abri des regards »
Le leader d’Amal a repris du poil de la bête depuis que Michel Aoun et Gebran Bassil ont échoué à se débarrasser de Saad Hariri via le Parlement. C’est dans son arène que Nabih Berry a retrouvé des couleurs et du pouvoir. La Chambre des députés a symboliquement renouvelé samedi le mandat qu’elle avait accordé au Premier ministre désigné. L’Assemblée s’est réunie en réponse à une lettre envoyée par le président de la République dans laquelle il estimait que « M. Hariri était incapable de former le gouvernement », appelant à prendre les mesures adéquates. Des sources proches de Baabda démentent que le but de la lettre présidentielle était de pousser Hariri vers la sortie, mais plutôt de le pousser à former un cabinet. Ce que Gebran Bassil a pris soin de souligner dans son intervention lors de la séance parlementaire. « Berry avait conseillé à Aoun de ne pas envoyer la lettre de peur que cela complique encore davantage les choses. Mais Aoun n’en a fait qu’à sa tête », dit le proche du chef du Parlement. Ce dernier a laissé à Saad Hariri le soin de conclure la séance. Le leader sunnite en a profité pour tenir un discours très véhément à l’encontre du président de la République, alors même que Nabih Berry avait auparavant demandé à Gebran Bassil de ne pas s’emporter. « Berry s’est moqué de nous. Il a tout fait pour donner l’impression d’une victoire de Hariri », critique un responsable au sein du Courant patriotique libre (CPL). Le gendre du président s’est exprimé depuis son siège, tandis que Saad Hariri a été invité à prendre la parole à partir de la chaire parlementaire. Pour Nabih Berry, l’objectif était de démontrer à Michel Aoun qu’il lui était impossible d’écarter Saad Hariri, plébiscité par le tandem chiite.

En marge de la session, une réunion a eu lieu entre Nabih Berry et Gebran Bassil, accompagné de plusieurs députés de son bloc. « Berry a dit à Bassil qu’il était responsable à 80 % du blocage gouvernemental et qu’il devait changer de comportement. Quand il a vu que le chef du Parlement se lançait dans cette discussion avec lui, Bassil a alors demandé aux députés de son bloc de s’éloigner, afin que Berry puisse le réprimander à l’abri des regards », affirme le proche du chef du Parlement. Ce dernier aurait ensuite expliqué à Gebran Bassil qu’il n’y avait pas d’alternative à Saad Hariri, et que Walid Joumblatt et le Hezbollah étaient du même avis.

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Mais le chef d’Amal a aussi profité de la session pour tancer son partenaire sunnite, lui reprochant d’être responsable à 20 % du blocage. Il lui a demandé de préparer une nouvelle mouture gouvernementale composée de 24 ministres et de la remettre au président. « Berry a dit à Hariri: “Si Aoun approuve la mouture, le gouvernement sera formé, sinon c’est lui qui endossera la responsabilité de l’échec jusqu’à la conclusion d’un accord. Hariri semblait convaincu” », poursuit le proche du chef d’Amal. Saad Hariri a accepté la proposition et a promis qu’il reviendrait dans les prochains jours à Baabda avec une mouture gouvernementale.

Le mécontentement de Raï
Le patriarche maronite, également en première ligne dans cette affaire, est pour sa part profondément agacé par le Premier ministre désigné qu’il a rencontré en catimini avant les fêtes du Fitr et avec lequel il avait convenu de la nécessité de préparer une mouture gouvernementale et de la présenter à Baabda. « Raï avait promis à Hariri de faire par la suite pression sur Aoun », dit un proche de Bkerké. Mais le chef du courant du Futur n’a pas tenu ses engagements, ce qui a provoqué la colère du patriarche. Dans son homélie de dimanche dernier, Mgr Raï a même appelé le Premier ministre désigné à laisser la place à quelqu’un d’autre s’il n’était pas capable de former un gouvernement. Les tensions se sont toutefois apaisées après un échange entre les deux hommes, qui ont convenu de tout faire pour sortir de l’impasse.

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La balle est donc désormais dans le camp du Premier ministre désigné qui pourrait se rendre à Baabda dans les prochains jours avec une nouvelle mouture. L’ancien Premier ministre Fouad Siniora, reçu mardi soir par Nabih Berry, s’est entretenu avec Saad Hariri qui lui a confirmé son intention de se rendre prochainement au palais avec une mouture. « S’il y a un effort sérieux pour former le gouvernement, Hariri reviendra rapidement à Beyrouth, mais le problème est toujours le même, à savoir que Michel Aoun veut un gouvernement de 24 ministres, avec le tiers de blocage et le ministère de l’Intérieur. Aoun est-il prêt à plus de souplesse ? Si c’était le cas, le gouvernement serait formé en quelques heures », dit le vice-président du courant du Futur, Moustapha Allouche. L’idée de Berry repose sur la nécessité de se mettre d’accord sur les deux ministres chrétiens contestés, appelés à occuper les strapontins de l’Intérieur et de la Justice. Saad Hariri pourrait proposer au président une liste de noms parmi lesquels ce dernier pourra choisir un ministre de l’Intérieur et vice versa pour la Justice. Le président de la République semble pour sa part prêt à laisser une chance à cette nouvelle séquence. Mais ce n’est pas la première fois que tous les acteurs s’activent en coulisses pour tenter de débloquer la situation. Et pour l’instant, les espoirs ont été à chaque fois très vite déçus.

Le président du Parlement, Nabih Berry, s’apprête à lancer une nouvelle initiative pour sortir du blocage gouvernemental. Rien de véritablement nouveau en apparence. Mais les conditions semblent, pour la première fois depuis des semaines, plus propices à une réelle avancée.Le chef d’Amal prépare le terrain depuis le début du mois de mai. Il avait insisté auprès du ministre...

commentaires (9)

Comme si le nombre des ministres était le problème fondamental à la formation du gouvernement. Qu’ils soient 10, 15, 18 ou 40 tant que des pions de la part de tous ces partis qui se disent pour un gouvernement neutre n’en font pas partie on peut rêver à sa formation. Ils veulent tous garder leur pouvoir de dissimuler tous les vols et les crimes auxquels ils ont tous participé, et aucun d’eux ne veut se voir condamné et emprisonné. Ça rejoint donc ce que les vendus ont prévu depuis qu’ils leur ont ouvert les coffres forts pour se servir et se réjouissent du résultat phantasmé que les politiciens ont rendu possible. Alors trêve de disputes de boutiquiers ils n’est de l’intérêt d’aucun d’eux à ce que ce pays retrouve sa souveraineté et que le peuple puisse choisir librement ses ministres et son président d’où le blocage avec leurs quatre fers pour noyer le poisson.

Sissi zayyat

19 h 38, le 27 mai 2021

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Commentaires (9)

  • Comme si le nombre des ministres était le problème fondamental à la formation du gouvernement. Qu’ils soient 10, 15, 18 ou 40 tant que des pions de la part de tous ces partis qui se disent pour un gouvernement neutre n’en font pas partie on peut rêver à sa formation. Ils veulent tous garder leur pouvoir de dissimuler tous les vols et les crimes auxquels ils ont tous participé, et aucun d’eux ne veut se voir condamné et emprisonné. Ça rejoint donc ce que les vendus ont prévu depuis qu’ils leur ont ouvert les coffres forts pour se servir et se réjouissent du résultat phantasmé que les politiciens ont rendu possible. Alors trêve de disputes de boutiquiers ils n’est de l’intérêt d’aucun d’eux à ce que ce pays retrouve sa souveraineté et que le peuple puisse choisir librement ses ministres et son président d’où le blocage avec leurs quatre fers pour noyer le poisson.

    Sissi zayyat

    19 h 38, le 27 mai 2021

  • Pour mettre fin à ce jeu de ping-pong, Saad Hariri devrait former une liste pour un cabinet de 24 ministres sans tiers de blocage et en éliminant les causes qui pourraient provoquer un véto de la part du Chef de l'Etat.

    Un Libanais

    19 h 03, le 27 mai 2021

  • Maître du bocal depuis plus de trois décennies il fait tourner et retourner ses poissons rouges en claquant des doigts, Berry sait patienter, et surprendre son monde. A réussi son retour en partenariat avec le Hezbollah, ils ont bloqué le pays et reviennent en sifflotant, et en donneurs de leçons comme si de rien n’était. Attribuant la faute du blocage à 80% au banni du moment, l’éphémère ministre des affaires louchement étrangères, en le réprimandant sévèrement devant ses partenaires du parti, puis en mettant les points sur le i en face à face. N’a pas oublié les 20% du tort au Béni du futur. Il s’accapare les 200% du mérite en tant que le Maître des lieux. Toise le Président du Pays en lui envoyant un camouflé magistral à sa missive qui se voulait meurtrière. Obligeant Aoun au silence et à l’obéissance par la force des choses. Le nouveau Berry est arrivé !!! innocent de toutes suspicions quelconques envers le Pays et son peuple. Plus de trois décennies qu’il manipule tous les grands de ce monde, et par la force des choses les pantins Libanais, tel un marionnettiste par une pirouette il change la face des choses, en occultant le problème de fond celui du 4 Aout 2020 ! Comment pouvons-nous encore le croire ou le soutenir, avec son passé qui nous a prouvé le contraire de ce qu’il aimerait paraître. Un gouvernement dépendant de Berry et du Hezbollah sera forcément pris en otage à la moindre occasion. c'est toujours la quadrature du cercle . c'est insoluble!

    Le Point du Jour.

    16 h 27, le 27 mai 2021

  • Il est à l’origine du blocage avec le parti iranien ! Quelle grosse farce !

    Wow

    13 h 30, le 27 mai 2021

  • LES GENS SONT DEVENUS COMPLÈTEMENT SOUMIS DEVANT LA MAFIA. 80 ET 20% , EN RÉALITÉ C'EST LA FAUTE À 100% À CE PEUPLE ENDORMI QUI ATTEND MAR CHARBEL LE SAUVEUR OU RAÏ QUI DISCUTE AMICALEMENT AVEC BERRY, LE CHEF DE LA PLUS DANGEREUSE MILICE ET CE MËME BERRY QUI EXIGE LE MINISTÈRE DES FINANCES ET POUR QUEL RAISON. RAÏ A OUBLIÈ DE LUI DEMANDER POURQUOI ?. ON EN A DES GENS QUI CROIENT ENCORE QU'ON PEUT CRÉER UNE NATION QUI S'APELLE "LIBAN". SAUVE QUI PEUT.

    Gebran Eid

    13 h 12, le 27 mai 2021

  • 80 et 20% really! Et peut-on connaitre la part de responsabilité du dit "tandem chiite"?

    Christine KHALIL

    12 h 16, le 27 mai 2021

  • HARIRI, GARE ! LE JUSTE C,EST DE RESTER SUR VOTRE LIGNE. NE NEGOCIEZ PAS SUR LES PREROGATIVES QUE VOUS DONNE LA CONSTITUTION. ILS N,ONT PAS DE MOT DANS LA FORMATION DE VOTRE GOUVERNEMENT. VOUS LE FORMEZ, VOUS LE PRERSENTEZ POUR LA FORME AU CHEF DE L,ETAT ET ENTENDEZ SON AVIS ET SES CONSEILS. VOUS N,ETES PAS OBLIGE DE LES SUIVRE. S,IL NE SIGNE PAS LA MOUTURE PRESENTEE COMME TELLE SI VOUS NE VOULEZ PAS SUIVRE SON AVIS ET SES CONSEILS IL N,A QU,A DEMISSIONNER COMME LE PREVOIT LA CONSTITUTION. MAIS SI VOUS VOULEZ JETER DU LEST QUE CE SOIT UN POINT DE CHEZ VOUS POUR DEUX POINTS OU PLUS DE CHEZ EUX CAR ILS SONT DEUX ET AVEC LES CHANGEURS D,AVIS POUR DES RAISONS HONTEUSES ILS SONT QUATRE. QUE DIEU VOUS ECLAIRE ET VOUS ASSISTE. DU COURAGE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 29, le 27 mai 2021

  • Wow. Quel talent. Et quelle hypocrisie, quand on pense que c'est son insistance à obtenir le portefeuille des finances qui est à l'origine de la crise actuelle...

    Gros Gnon

    05 h 07, le 27 mai 2021

  • Fini le statut d'arbitre conciliant. Il en va de la survie des libanais qui sont dans les pires situations intenables. Manque de tout, soyons francs, les gens et les enfants ne mangent pas à leur faim, on ne trouve plus facilement ses médicaments, les pharmacies sont à court de provisions, crise continue de carburants, courant électrique en période d'agonie, les hôpitaux ferment leurs laboratoires par manque de réactifs, les services hospitaliers endurent à tous les niveaux, les produits d'anesthésie se raréfient, etc... Dans les services publics, on manque de tout, papiers, encre, crayons, etc... Le désastre en soi partout. Et, avec ça le résident à Baabda et sa compagnie, continue à sa lancée folle d'obstruction. Berri, n'est pas mieux , mais, il a encore quelques atouts pour répondre aux appels de secours des libanais, et il sait ce qu'il doit franchir pour cela. Ne plus faire l'arbitre hypocrite conciliant.

    Esber

    01 h 07, le 27 mai 2021

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