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Culture - Entretien

Rawi, un dessin animé 100 % libanais pour les enfants

Produire une série de dessins animés pour enfants, en arabe libanais et dans une esthétique libanaise, voilà le défi que veut relever Nancy Naous en collaboration avec Lara Abou Saifan.

Rawi, un dessin animé 100 % libanais pour les enfants

Après avoir touché aux arts de la scène et au cinéma, Nancy Naous s’attaque aux dessins animés pour enfants. Photo DR

Vous avez lancé une campagne de levée de fonds sur Facebook afin de pouvoir produire une série de dessins animés sur internet, intitulée « Rawi ». De quoi s’agit-il exactement ?

Rawi est une série d’animation pour les enfants âgés de 4 ans et plus. L’épisode qui dure 4min30 sera en dialecte libanais et dans un cadre libanais. Elle mettra en lumière toute la culture libanaise. Je suis installée depuis quelques années à Paris, où j’ai accouché de mon premier enfant, Rawi. J’avais une telle angoisse que mon fils ne parle pas l’arabe libanais et ne communique pas avec ses grands-parents au Liban. J’ai eu cette idée donc il y a huit ans, convaincue que l’écran serait un outil profitable puisque j’ai remarqué combien mon fils apprenait des mots quand il regardait des films en espagnol (son père étant argentin). J’ai essayé de trouver des dessins animés en libanais, il n’y en avait que parlant l’arabe classique littéraire ou les dialectes syrien et égyptien.

Diplômée de l’Institut des beaux-arts de Beyrouth, vous avez poursuivi des études supérieures à la Sorbonne et monté par la suite votre compagnie de danse. Comment avez-vous décidé de travailler sur une série avec Lara Abou Saifan ?

J’ai une compagnie de danse contemporaine qui produit des spectacles. Parallèlement au théâtre et à la danse, j’ai écrit et réalisé des courts métrages, des reportages et des chroniques culturelles pour la télévision. Cette série Rawi est dans la même lignée que mon travail, d’abord parce que j’aime beaucoup ma langue maternelle et que j’enseigne la danse et le théâtre en arabe. Comme je ne pouvais me lancer toute seule dans ce projet, j’ai contacté une amie, Lara Abou Saifan, qui est installée à Beyrouth et a sa propre boîte de production. En 2018 nous avons réalisé une sorte de « teaser » pour aider à la promotion. Et comme chacune a son boulot, le projet a pris un peu plus de temps à prendre forme. Nous avons fait nos preuves en matière de travail et de production de contenu pour enfants. Lara est productrice, productrice déléguée et directrice de production à Beyrouth. Elle a travaillé pour de grands réseaux régionaux et internationaux, comme al-Jazeera Network, MBC, Arte, BBC et Sundance Channel. En tant que productrice indépendante, elle a produit plusieurs longs métrages documentaires et courts métrages narratifs.

La série « Rawi » comprend toute une galerie de personnages bien libanais. DR

Que raconte « Rawi » ? Et dans quel contexte ?

Dans ce dessin animé, vous trouverez une société libanaise complète et des quartiers avec des personnages colorés et diversifiés comme le dekkanji (épicier), les marchands de rue, les voisins âgés, Teta w Jeddo, Aamto, Khalo, etc. et bien évidemment tous les lieux et les décors comme la corniche qui longe la mer, la plage, la boulangerie libanaise typique, les cèdres, les vieilles maisons libanaises, les quartiers et les habitudes traditionnelles libanaises. Rawi est un petit garçon vivant dans cette société à Beyrouth. Il a un quotidien plein d’aventures. Avec sa meilleure amie Dounia, ils explorent le monde qui les entoure, apprenant et faisant des découvertes chaque jour.

Pour mémoire

Marie Badine, pionnière du dessin animé en langue arabe


À quelle étape vous situez-vous dans votre projet et pourquoi avoir fait appel au public pour vous aider ?

Nous avons lancé maintenant cette campagne de levée de fonds car nous recherchons une aide participative du public. Nous serons ainsi libres dans notre marge de manœuvre. Nous n’avons pas envie d’avoir une censure sur le fond ou la forme. À ce stade, nous essayons de retravailler les personnages principaux et nous n’avons pas encore abordé l’animation.

Si l’argent récolté peut déjà produire une première saison de six épisodes, ce serait excellent. Si nous n’arrivons pas à avoir l’argent nécessaire, alors nous nous suffirons d’un épisode pilote afin de chercher d’autres gros investisseurs. En attendant, nous espérons que cette campagne réussira afin d’avoir les coudées franches.

Vous parlez de censure et de liberté d’écriture ? De quelle censure s’agit-il ?

D’abord, il faut préciser que cette série est du pur divertissement. Il n’y a pas de morale ou de message à donner à travers les épisodes. Mais nous avons envie de pouvoir traiter de thèmes qui concernent les enfants car nous sommes persuadées que les enfants apprennent mieux en se divertissant. Les sujets concerneraient par exemple les travailleuses étrangères, la couleur ou le racisme de tous genres. D’autres seront liés à l’environnement comme le recyclage ou encore au corps, aux relations amoureuses dans toutes leurs formes. Ce sont des questions que me posent mes enfants (j’en ai deux aujourd’hui). Parfois, ils me demandent ce que signifie être homosexuel. Il faudrait en discuter et aborder ces questions d’une façon facile, simple, sympa et intelligente.

Comment contribuer à la production de la première étape du projet de dessin animé « Rawi » ?

Il faudrait pour cela suivre les nouvelles de Rawi sur Facebook (https://www.facebook.com/Rawicartoon) ou Instagram (Rawi.Cartoon)... La minisérie sera gratuitement sur la chaîne de YouTube de Rawi. Entre-temps, la campagne se poursuit jusqu’à la première semaine de juin.

Vous avez lancé une campagne de levée de fonds sur Facebook afin de pouvoir produire une série de dessins animés sur internet, intitulée « Rawi ». De quoi s’agit-il exactement ?Rawi est une série d’animation pour les enfants âgés de 4 ans et plus. L’épisode qui dure 4min30 sera en dialecte libanais et dans un cadre libanais. Elle mettra en lumière toute la culture...

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