
Le patriarche maronite Béchara Raï. Photo d'archives AFP
Le patriarche maronite Béchara Raï a appelé dimanche le Premier ministre désigné Saad Hariri à présenter au chef de l'État Michel Aoun, une version "actualisée" du gouvernement, alors que le processus est bloqué depuis des mois en raison d'un profond conflit politique entre les deux responsables. Le chef de l'Église maronite semble avoir adressé ses critiques cette fois-ci davantage au Premier ministre désigné qu'au chef de l'État, au lendemain d'une séance parlementaire durant laquelle les députés, en réponse à une lettre du président Aoun, ont confirmé la "nécessité" que M. Hariri forme "rapidement" son gouvernement "en accord" avec le chef de l'État.
Compétition autour du blocage
"Nous ne nous attendions pas à une prise de position différente du Parlement hier au sujet de la lettre du président de la République. Cette position consiste à inciter à la formation d'un gouvernement le plus vite possible, car la situation dangereuse au Liban ne supporte pas de retard. Il faut éviter tout propos qui heurte la confiance, bloque le processus et porte atteinte à l'intérêt national", a estimé le chef de l'Église maronite dans son homélie à l'occasion de la Pentecôte. "Les excuses ne servent plus à rien et ne convainquent plus personne. Les prétextes justifiant le blocage gouvernemental ne tiennent plus la route. Ce surplace est mortel pour l'État et les citoyens et doit cesser. Les responsables ont exploité la Constitution en détournant son contenu de son esprit initial. Quelle Constitution autorise un tel blocage dans la mise en place d'un gouvernement ? Et quelles prérogatives permettent-elles de suspendre le fonctionnement des institutions publiques ? Quelle référence juridique ou constitutionnelle permet une telle compétition autour du blocage ?", s'est interrogé Mgr Raï.
Le Parlement libanais, qui s'est réuni samedi pour débattre du contenu d'une lettre envoyée par le président de la République concernant l'"incapacité" du Premier ministre désigné à former un nouveau gouvernement, s'est contenté de formuler une prise de position sur cette question en confirmant la "nécessité" pour M. Hariri de former "rapidement" son gouvernement "en accord avec le président Aoun".
Le cabinet de Hassane Diab avait démissionné dans la foulée des explosions meurtrières du 4 août 2020 au port de Beyrouth. Michel Aoun et Saad Hariri s'accusent mutuellement de blocage du processus gouvernemental. Les deux camps se disputent sur la notion de tiers de blocage, quand une minorité ministérielle se sert de cet artifice pour entraver l'action du cabinet, et sur la nomination des ministres chrétiens (...). Les rapports entre M. Hariri et le camp présidentiel sont complètement rompus depuis le 22 mars dernier, date du tout dernier entretien orageux entre le chef de l'État et le Premier ministre désigné. Entre-temps, le Liban poursuit sa descente aux enfers, avec une crise socio-économique et financière qui ne cesse de s'aggraver depuis l'été 2019, alors que plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.
"Nous appelons directement le Premier ministre désigné à prendre l'initiative, oui prendre l'initiative, à présenter une mouture actualisée au président de la République le plus vite possible, et à se mettre d'accord avec lui sur la structure, les portefeuilles et les noms, sur la base d'un gouvernement d'experts non partisans qui ne soient dominés par aucun parti", a plaidé le prélat maronite. "S'ils n'arrivent pas à se mettre d'accord, qu'ils en tirent les conséquences et adoptent une position courageuse qui permettrait un nouveau processus de formation", a ajouté Mgr Raï, dans une allusion claire à un retrait de Saad Hariri du processus en faveur d'un autre Premier ministre désigné.
Les incidents de Nahr el-Kalb
Sur un autre plan, le patriarche maronite a commenté les agressions commises jeudi par des partisans des Forces libanaises contre des réfugiés syriens pro-Assad, qui se rendaient à leur ambassade à Yarzé pour voter à la présidentielle syrienne du 26 mai.
"Nous sommes désolés pour les heurts qui ont eu lieu sur l'autoroute de Nahr el-Kalb (Kesrouan) entre certains Libanais et des réfugiés syriens qui se rendaient aux urnes. Cela a été causé par des provocations à l'encontre des sentiments des Libanais dans une région qui a connu de nombreux martyrs lors de combats contre l'armée syrienne (durant la guerre de 1975-1990, NDLR) (...)", a affirmé le patriarche.
Soulignant que le peuple syrien "a été accueilli au Liban avec générosité, le chef de l'Église maronite a estimé que le retour chez eux des plus d'un million et demi de réfugiés syriens "ne peut pas attendre une solution politique" à la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011. Se défendant contre "tout esprit hostile", le prélat maronite a justifié cet appel par "le sens de responsabilité à l'égard du Liban". Il a dans ce contexte appelé l'État à "prendre les mesures opérationnelles pour assurer un retour "sécurisé et rapide" des réfugiés syriens.
La question de ce retour divise la classe politique et la population au Liban. Certains estiment que les conditions du retour sont désormais assurées, alors que d'autres, tout comme les ONG de défense des droits de l'homme, mettent en garde contre les risques humanitaires et sécuritaires d'un tel retour, surtout pour les réfugiés opposés au régime.
Le patriarche maronite Béchara Raï a appelé dimanche le Premier ministre désigné Saad Hariri à présenter au chef de l'État Michel Aoun, une version "actualisée" du gouvernement, alors que le processus est bloqué depuis des mois en raison d'un profond conflit politique entre les deux responsables. Le chef de l'Église maronite semble avoir adressé ses critiques cette fois-ci davantage...
commentaires (12)
SUITE… Vous me direz et les réfugiés dans tout ça ? facile comme question, si les réfugiés risqueront la vie en cas de retour au pays, ce titre leur est accordé provisoirement. Sinon ils devront repartir chez eux avec toute leur smala. Logique puisqu’ils ont voté en masse pour le régime en place, donc le problème de leur retour en Syrie ne se pose plus. Et le Liban pays d’accueil se débarrassera des parasites qui viennent perturber le système social Libanais. Certains argumentent que ces pauvres gens sans ressources et ne sont pas armés, donc peuvent rester sans ambages, occultant par ce fait, la problématique de leur survie dans un pays déjà en difficulté qui arrive même plus à satisfaire ses nationaux en produit de première nécessité. Charité bien ordonnée commence par soi-même dit le proverbe. On a l’impression que les ONG passent leurs vacances dans des pays du tiers monde ou le soleil brille de mille feux, ils se valoriser en s’autodéclarant défenseurs des droits de l’homme. Mais restent stoïques devant la maltraitance, la torture, et la privation de liberté dans des endroits ou des dictateurs sévissent sans mollir. On les retrouve partout et nulle part, c’est à se demander tout ce bruit pour quoi faire ? Combien de vies ont-ils sauvés ? Il serait peut-être judicieux qu’ils annoncent les biens faits de leurs actions partout, pour nous sensibiliser à les aider si besoin est. Bref tout ça est d’un méli-mélo à en perdre son latin.
Le Point du Jour.
00 h 29, le 24 mai 2021