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Moyen-Orient - Éclairage

Le conflit israélo-palestinien s’étend à la Cisjordanie

Alors que les tensions vont croissant depuis une semaine dans ce territoire palestinien, le Fateh au pouvoir a appelé à la grève générale afin de regagner en légitimité face au Hamas dans la bande de Gaza.

Le conflit israélo-palestinien s’étend à la Cisjordanie

Un Palestinien prenant part à une manifestation près de Naplouse en Cisjordanie, le 18 mai 2021. Raneen Sawafta/Reuters

Hier, nombreux sont les commerces et les écoles de plusieurs villes de Cisjordanie, à l’instar de Ramallah située à 15 kilomètres au nord de Jérusalem, à avoir fermé leurs portes. Plus tôt, un appel à la grève générale avait été lancé par des activistes palestiniens afin de protester contre la campagne de frappes aériennes menée par Israël sur la bande de Gaza et les violences commises par l’État hébreu à Jérusalem-Est. Une initiative soutenue par le Fateh, qui exerce un contrôle limité dans certaines parties de la Cisjordanie occupée par Israël depuis 1967, ainsi que par le Hamas, mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza. L’appel à la grève a été largement relayé dans les villes arabes israéliennes et dans les villes mixtes de l’État hébreu, marquées par des affrontements intercommunautaires au cours des derniers jours.

Signe du caractère inédit de ces manifestations, la grève générale a été organisée dans l’ensemble de la Palestine historique pour la première fois depuis des décennies. À Jérusalem-Est, l’armée israélienne a lancé des grenades assourdissantes sur les manifestants pacifiques. Selon le dernier bilan communiqué mardi en début de soirée par l’armée israélienne, deux Palestiniens ont été tués dans ces manifestations « de colère » organisées hier en Cisjordanie. Elles ont également fait près de 70 blessés palestiniens. Côté israélien, deux soldats ont été blessés.

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Alors que le Fateh était jusqu’à présent resté en marge des événements, ce parti laïc dirigé par Mahmoud Abbas semble avoir officiellement rejoint la partie le 14 mai. Plusieurs manifestations auxquelles ont participé ses partisans ont éclaté à travers plus d’une dizaine de villes palestiniennes vendredi puis samedi, jour de commémoration de la « Nakba » (catastrophe), qui renvoie à l’exode forcé de près de 700 000 Arabes de leur terre lors de la création de l’État d’Israël en 1948. Alors que l’armée israélienne a sévèrement réprimé ces rassemblements en tirant notamment à balles réelles contre plusieurs Palestiniens à Ramallah, Naplouse ou encore Hébron, vingt d’entre eux sont morts selon les services de santé, depuis début mai. Un bilan jamais observé depuis 2002 en Cisjordanie, selon l’ONG israélienne B’Tselem.

« La mobilisation du Fateh est une réponse à la décision prise par Mahmoud Abbas d’annuler les élections législatives pour son propre intérêt. Une fois qu’il a blâmé Israël pour cela, le message suivant était : nous devons nous mobiliser pour nos droits à Jérusalem et dénoncer les violences israéliennes à Gaza », commente Hugh Lovatt, analyste au centre de réflexion European Council on Foreign Relations (ECFR). Les élections législatives palestiniennes de mai, les premières en 15 ans, ont été reportées à une date non précisée par le président de l’Autorité palestinienne, de peur de perdre le scrutin. Si le Fateh agite la carte de la résistance palestinienne, cette posture a pour objectif de détourner l’attention de son manque de légitimité. Le parti espère également concurrencer son rival au pouvoir à Gaza, qui a cherché à se positionner comme le principal mouvement de résistance à Israël depuis les récents affrontements entre Israéliens et Palestiniens à Jérusalem. « La conséquence de l’annulation des élections est que Abbas s’est davantage affaibli et a également affaibli l’Autorité palestinienne en termes de légitimité populaire. En parallèle, le Hamas a largement mobilisé et joué la carte du nationalisme palestinien. Ainsi, le Fateh prend aujourd’hui plus de place pour revendiquer la direction de l’initiative populaire », poursuit le chercheur.

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Le Hamas a, quant à lui, largement appelé les Palestiniens de Cisjordanie à l’action. « Le mouvement islamiste essaye de réduire l’escalade autour de Gaza (en souhaitant parvenir à un cessez-le-feu) et tente peut-être maintenant d’augmenter les tensions en Cisjordanie. Il y a un objectif sectaire derrière : affaiblir et saper davantage l’Autorité palestinienne et Mahmoud Abbas », explique Hugh Lovatt.

Khairallah, Palestinien de 22 ans originaire du nord de Haïfa et vivant à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, estime qu’il « vaux mieux pour le Fateh arriver en retard que ne pas arriver du tout ». Même si, tient-il à rappeler, les manifestations ont été appelées par des Palestiniens, tous partis et toutes classes confondus. Ce jeune homme, qui ne souhaite pas indiquer s’il a participé à la grève ou compte se joindre aux manifestations en cours « de peur que ces informations soient utilisées » contre lui, constate l’intensification de l’engagement de la jeunesse de Cisjordanie pour les Palestiniens de Gaza. « Même si nous avons toujours connu l’occupation israélienne, il y a ces derniers jours une violence sans précédent des forces israéliennes sur les Palestiniens à Gaza et à Jérusalem, face auxquelles nous ne pouvons rester indifférents », explique-t-il. Alors qu’il habite à deux pas du camp de réfugiés de la ville, Khairallah raconte que « pas un jour ne passe sans que j’entende des tirs de balles à proximité ». Vendredi matin, un Palestinien avait été tué par l’armée israélienne à Jénine.

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Si les Palestiniens de Cisjordanie témoignent leur solidarité avec ceux de Gaza et de Jérusalem-Est, tous partagent une même réalité, rappelle Khairallah. « Nous menons un seul et même combat. À Gaza, Jérusalem et dans les autres villes de Cisjordanie – même si la situation est légèrement meilleure –, notre rêve est simplement d’acquérir nos droits. »

Hier, nombreux sont les commerces et les écoles de plusieurs villes de Cisjordanie, à l’instar de Ramallah située à 15 kilomètres au nord de Jérusalem, à avoir fermé leurs portes. Plus tôt, un appel à la grève générale avait été lancé par des activistes palestiniens afin de protester contre la campagne de frappes aériennes menée par Israël sur la bande de Gaza et les...

commentaires (3)

Les perdants malheureusement, sont les palestiniens .???

Eleni Caridopoulou

20 h 31, le 19 mai 2021

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Commentaires (3)

  • Les perdants malheureusement, sont les palestiniens .???

    Eleni Caridopoulou

    20 h 31, le 19 mai 2021

  • Tout est dit ! En tombant dans le piège médiatique des islamistes, certains médias ont encouragé, inconsciemment ou consciencement, la généralisation du conflit à la Cisjordanie. Petite remarque :mieux vaut être musulman en Terre chrétienne ou en Israël que le contraire.

    Nicolas ZAHAR

    11 h 21, le 19 mai 2021

  • Les Israéliens se préparant à des manœuvres simulant plusieurs attaques simultanées doivent être aux anges avec des opérations simili-réelles ...

    Wlek Sanferlou

    05 h 35, le 19 mai 2021

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