Le clin d'œil Le clin d'œil de Nada Nassar-Chaoul

Down, down… Downtown

Down, down… Downtown

D.R.

C’est un dimanche ensoleillé comme l’hiver nous en offre inopinément à Beyrouth. Même la thaoura, jadis si belliqueuse, semble alanguie par tant de douceur printanière, la misère, comme chacun sait, étant « moins pénible au soleil ».

Dans le centre-ville désert, rêve démesuré d’un visionnaire aujourd’hui disparu, on ne reconnaît plus les enseignes puisqu’elles ne renseignent plus. C’est à peine si on arrive à déceler, derrière leurs barricades et leurs vitrines emmurées, l’hôtel préféré des jeunes touristes et leur restaurant favori situé juste en face ainsi que la façade jadis orgueilleuse d’un grand journal, aujourd’hui ornée des photos des martyrs de la profession, d’autant plus poignantes qu’ils y apparaissent souriants et confiants.

Dans le petit jardin de Samir Kassir, l’eau du bassin s’est tarie tout comme son bel esprit ce funeste 2 juin, et dans la statue qui le représente dans une posture de penseur désinvolte, il semble plus perplexe et plus dubitatif que jamais…

Les magasins de luxe offrant les dernières tendances de l’horlogerie et de la bijouterie ont été remplacés par des kiosques de manakiches pour troufions désœuvrés et même le gigantesque et multicolore I love Beirut qui orne l’entrée des Souks de Beyrouth sonne comme une ode ultime à une ville morte.

Le pire reste cependant à venir. La rue Al-Moutrane toujours décorée pour Noël avec sapins, guirlandes, poinsettias et banderoles, osant même – avec un optimisme dont seul un commerçant phénicien est capable – souhaiter un Merry Christmas à de virtuels touristes, dans un pays qui n’est plus Merry depuis longtemps.

Dans ce désert, seul un petit village résiste, comme la Gaule d’Astérix. C’est le Saifi Village où l’on amenait jadis les « voyageurs » comme on les appelle ici, admirer ses petites places pittoresques, ses boutiques d’artisanat et ses ilots de verdure.

Sur les trottoirs vides et les ruelles ombragées, les grands jacarandas mauves jettent leur éclat poudré.

C’est le printemps. Malgré tout.

C’est un dimanche ensoleillé comme l’hiver nous en offre inopinément à Beyrouth. Même la thaoura, jadis si belliqueuse, semble alanguie par tant de douceur printanière, la misère, comme chacun sait, étant « moins pénible au soleil ».Dans le centre-ville désert, rêve démesuré d’un visionnaire aujourd’hui disparu, on ne reconnaît plus les enseignes puisqu’elles ne...

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