A l'occasion de la fête du Travail, le 1er mai, le président de la République, Michel Aoun, a affirmé samedi qu'il continuerait à faire le maximum pour mettre en place des réformes et rendre aux travailleurs leurs droits, tandis que le pays du Cèdre est en proie à une crise économique et sociale profonde, marquée par une paupérisation de la population, une fuite des cerveaux et un délitement du tissu d'emplois. Plusieurs autres responsables et formations politiques ont également adressé des messages à l'occasion de cette fête.
"Mes salutations aux travailleurs libanais pour leur fête. Vous êtes la pierre angulaire du redressement promis. Vos sacrifices porteront inévitablement leurs fruits et permettront de sortir de la détresse étouffante éprouvée par notre peuple", a écrit M. Aoun sur son compte Twitter personnel. "Ma priorité est d'être à vos côtés et de continuer à déployer tous les efforts possibles pour mettre en place des réformes et pour réclamer des comptes à ceux qui ont corrompu les finances de l'Etat, pour que vous puissiez retrouver vos droits et votre vie digne", a-t-il affirmé.
Depuis le déclenchement de la révolte populaire du 17 octobre 2019, le président Aoun ainsi que la classe politique de tous bords sont largement conspués par la rue qui les accuse de corruption et d'incompétence.
Quant au président du Parlement, Nabih Berry, il s'est contenté de saluer "les travailleurs du Liban qui bâtissent l'espoir de la nation". "En ces temps, nous avons plus que jamais besoin de la volonté et des efforts des travailleurs. Grâce à vous, nous gardons l'espoir et nous persévérons. Bonne fête à vous", a écrit de son côté le Premier ministre sortant, Hassane Diab
Système d'assurance-chômage
La ministre sortante du Travail, Lamia Yammine, a, elle, salué samedi "le travailleur libanais qui lutte aujourd'hui pour une vie décente dans une période très difficile, avec une crise économique et financière, un faible filet de sécurité sociale, une baisse effrayante du pouvoir d'achat et une hausse sans précédent du chômage". Lors d'un entretien avec Radio Liban, elle s'est dite en faveur d'une modernisation de la législation sur le travail qui soit "plus conforme aux conventions internationales et arabes et en harmonie avec les changements économiques et sociaux auxquels le monde est actuellement confronté, comme le travail à distance, l'abolition de la discrimination entre les femmes et les hommes et l'allongement du congé de maternité.
La ministre a fait part du lancement il y a une semaine d'une initiative, un "système d'assurance-chômage", sur lequel elle travaille depuis plus d'un an. "Cette initiative consiste en un salaire mensuel pour une durée de trois à six mois que perçoit le travailleur, entre le début de sa période de chômage et sa reprise de travail, et ce sous la supervision de l'Organisation internationale du Travail". Une première réunion consultative s'est tenue la semaine dernière, a-t-elle indiqué sans plus de précisions. Pour la mise en place d'un programme de réformes qui œuvre a restaurer la confiance et la stabilité, elle a estimé qu'il fallait "former un gouvernement le plus tôt possible", à l'heure où le pays est sans cabinet depuis bientôt neuf mois, en raison de rivalités politiques entre le président Aoun, et le Premier ministre désigné, Saad Hariri
"Réalité amère et cruelle"
Pour sa part, le mufti jaafarite, le cheikh Ahmad Kabalan, a vertement dénoncé les difficultés quotidiennes des travailleurs libanais. "À l'occasion de la fête des travailleurs opprimés, nous ne pouvons qu'exprimer à leur égard une forte solidarité au milieu d'une crise financière et politique historique", a-t-il estimé dans un communiqué. "Le travailleur libanais a été négligé dans un pays frappé par un effondrement total", a-t-il dénoncé. Le cheikh a énuméré les maux auxquels font face les travailleurs libanais : la faim, le chômage, la chute de la valeur de la livre, une économie agonisante, une inflation sans précédent. "Aujourd'hui, le travailleur libanais est sans travail et pour celui qui a (encore) du travail, il perd ses droits et son salaire est exposé à l'injustice politique, à la corruption", a affirmé le mufti Kabalan, réputé proche du Hezbollah. "La scène (nationale) est marquée par une lutte contre le pouvoir et contre le pays. Il faut un gouvernement maintenant ou un soulèvement national, loin des nids à serpents internationaux", a-t-il plaidé.
Face à la "réalité amère et cruelle" que connaissent les travailleurs du pays, le Parti socialiste progressiste (PSP) de Walid Joumblatt a prôné pour sa part une rationalisation des subventions, pour laquelle il a présenté un plan il y a plusieurs mois, au lieu "de poursuivre une politique en faveur de la contrebande et des monopoles".
La Banque du Liban subventionne avec ses réserves en devises le blé, le carburant et les médicaments au taux de 1.507 livres libanaises pour un dollar, alors que le taux du marché parallèle flotte au-dessus de 12.000 L.L. pour un billet vert. Face à l'épuisement des réserves en devises de la Banque centrale, les subventions ne pourront se poursuivre qu'en piochant dans les dépôts des citoyens. En outre, de nombreuses marchandises subventionnées partent en contrebande en Syrie voisine sous sanctions internationales. De nombreuses voix réclament depuis des mois une rationalisation des subventions mais rien n'a été fait pour l'instant.
Le PSP a également estimé que la nécessité de la formation d'un gouvernement était "une évidence" pour permettre un redressement de la situation.
Sur le terrain, le collectif issu du soulèvement populaire du 17 octobre 2019 Daleel Thawra a annoncé samedi sur son compte Instagram qu'en signe de protestation contre le laxisme de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL), accusée d'être "loin des préoccupation des travailleurs qui meurent de faim chaque jour", une banderole avait été accrochée dans la nuit de vendredi à samedi devant le siège de la Confédération et des tracts distribués pour demander que "la CGTL soit recyclée à la source". Au Liban, les dirigeants syndicalistes sont souvent accusés d'être proches de la classe au pouvoir.
Un sit-in a également eu lieu à Baalbeck, sur la place Mountran. L'avocat et militant anti-pouvoir Wassef Haraké, était présent parmi le petit groupe de contestataires qui étaient munis de drapeaux libanais.
commentaires (16)
Bla bla bla, comme d'hab.
DJACK
13 h 51, le 02 mai 2021