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Société - Narcotrafic et sanctions saoudiennes

Riyad intraitable, les organismes économiques s’affolent de la lenteur d’action de l’État

« Depuis le début de 2020 et jusqu’au mois d’avril 2021, 57 184 900 comprimés d’amphétamine provenant du Liban ont été saisis au port de Djeddah », révèle Walid Boukhari.

Riyad intraitable, les organismes économiques s’affolent de la lenteur d’action de l’État

Des sacs de haschisch qui vont servir à confectionner de la drogue. Photo João Sousa

L’Arabie saoudite reste intraitable sur l’interdiction des fruits et des légumes libanais décidée dimanche, alors que Beyrouth s’évertue à trouver une solution à cette nouvelle crise avec Riyad mais à un rythme et suivant un schéma qui affolent les organismes économiques. Ces derniers préconisent, tout comme la commission parlementaire de l’Économie, un train de mesures qui peuvent être appliquées sans tarder pour barrer la voie au trafic de stupéfiants, dont notamment la fermeture des voies de contrebande entre le Liban et la Syrie.

Pour l’heure, l’action libanaise se limite à poursuivre les investigations dans l’affaire de la cargaison de grenades truffées de captagon, à l’origine de la décision saoudienne, et à perquisitionner les lieux de fabrication de cette drogue dans plusieurs points du pays.

Les autorités ont beau assurer aux dirigeants saoudiens qu’ils sont soucieux de ne pas mettre en danger la sécurité du royaume, invoquée par Riyad pour justifier sa décision, l’interdiction restera en vigueur jusqu’à ce que le Liban mette en place un système de contrôle efficace des marchandises destinées à l’exportation. Tel est l’essence du message que les responsables saoudiens continuent de faire parvenir aux personnalités libanaises qui les sollicitent à ce sujet.

L'éditorial de Issa Goraïeb

Dans les vapes !

Le ministre sortant de l’Intérieur, Mohammad Fahmi, a pris contact hier avec le ministre saoudien des Affaires étrangères, l’émir Fayçal ben Farhan, pour lui faire part des mesures que le Liban a commencé à mettre en place pour surveiller ses exportations, avant de dénoncer le trafic de captagon en direction du royaume wahhabite, ainsi que « toute action pouvant porter atteinte à sa sécurité et sa stabilité ».

M. Fahmi a communiqué au président Michel Aoun la teneur de sa conversation avec l’émir Fayçal, ainsi que les données rassemblées jusque-là par les services de sécurité au sujet du trafic de stupéfiants et les mesures qui ont commencé à être mises en place, dans le sillage de la réunion extraordinaire de Baabda lundi.

Pendant ce temps, l’ambassadeur d’Arabie saoudite Walid Boukhari réaffirmait sur son compte Twitter que « la sécurité du royaume reste une ligne rouge à laquelle il n’est pas permis de toucher », avant d’afficher les quantités de drogue provenant du Liban et saisies au cours des derniers mois par les services de sécurité saoudiens. « Depuis le début de 2020 et jusqu’au mois d’avril 2021, 57 184 900 comprimés d’amphétamine ont été saisis », a-t-il écrit en associant son tweet du Hashtag #la guerre_contre_la drogue.

M. Boukhari a ensuite publié un tableau montrant le nombre de comprimés découverts par les autorités du port de Djeddah dans des cargaisons de raisins, de pommes de terre, de grenades et de pommes, provenant toutes du Liban. 5 383 400 et 2 466 563 dans deux chargements de grenades, trois cargaisons de raisins contenant respectivement 20 190 500, 5 580 000 et 15 216 000 comprimés d’amphétamine, une cargaison de pommes bourrées de 4 335 000 comprimés contre 6 480 000 comprimés dans un chargement de pommes de terre.

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Ce procédé auquel les narcotrafiquants ont recours a été stigmatisé par les organismes économiques qui ont préconisé tout un train de mesures concrètes que les autorités peuvent, selon eux, mettre en place rapidement pour barrer la voie à l’exportation de « fruits piégés » vers les pays arabes, dont celles de charger l’armée de « frapper d’une main de fer pour mettre fin à la contrebande entre le Liban et la Syrie » à travers les voies de passage illégales. Ils ont aussi appelé l’État à « confier à des compagnies internationales de contrôle la mission de surveiller au niveau des ports les marchandises destinées à l’exportation », à avoir recours à « des chiens renifleurs » et à mettre en place « une équipe de travail des chambres libanaises de commerce, d’industrie et d’agriculture, qui se chargera d’établir une liste d’or des importateurs fiables ».

Pour les organismes économiques, les mesures annoncées dans le communiqué de Baabda ne correspondent pas à la gravité de la situation. « Les communiqués et les positions tonitruants n’ont plus aucune valeur aux plans local et international », ont-ils martelé dans un communiqué, affirmant qu’après la réunion de lundi, ils s’attendaient à « une série de mesures pratiques appliquées rapidement, qu’il s’agisse de la lutte contre la drogue, du contrôle des frontières ou, surtout, de la fermeture des voies de passage illégales » entre le Liban et la Syrie. « C’est de la sorte seulement que l’État peut assumer ses responsabilités afin de préserver sa réputation, sa dignité, les intérêts de son peuple et de son économie, ainsi que ses relations avec les pays amis », souligne le communiqué, qui affirme redouter un laisser-aller officiel « lequel aura des conséquences encore plus graves sur le Liban ».

La commission parlementaire de l’Économie, qui s’est réunie en présence des ministres sortants de l’Intérieur, de l’Agriculture et de l’Économie, ainsi que des représentants des douanes et du bureau de lutte antidrogue, a également préconisé un contrôle strict des frontières terrestres et maritimes en relevant que si l’anarchie va continuer à prévaloir à ce niveau, « la réputation du Liban en sera grandement affectée et les exportations vers les différents pays arabes seront paralysées ».

L’Arabie saoudite reste intraitable sur l’interdiction des fruits et des légumes libanais décidée dimanche, alors que Beyrouth s’évertue à trouver une solution à cette nouvelle crise avec Riyad mais à un rythme et suivant un schéma qui affolent les organismes économiques. Ces derniers préconisent, tout comme la commission parlementaire de l’Économie, un train de mesures qui...

commentaires (4)

Il y a quelques jours, un responsable du Hezbollah ne disait-il pas que la "contrebande fait partie de l’action et des devoirs de la résistance"? Voila, vous avez la réponse à vos questions. Le Liban n’acceptera jamais de mettre en place des mesure allant à l’encontre du "devoir de résistance". Circulez, il n’y a rien à voir! Bel rouh, bel damm, etc.

Gros Gnon

09 h 30, le 28 avril 2021

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Commentaires (4)

  • Il y a quelques jours, un responsable du Hezbollah ne disait-il pas que la "contrebande fait partie de l’action et des devoirs de la résistance"? Voila, vous avez la réponse à vos questions. Le Liban n’acceptera jamais de mettre en place des mesure allant à l’encontre du "devoir de résistance". Circulez, il n’y a rien à voir! Bel rouh, bel damm, etc.

    Gros Gnon

    09 h 30, le 28 avril 2021

  • Le spécialiste de la circulation alternée a beau gesticuler pour essayer de montrer qu’il est le ministre du dedans et donc imposer le prestige de l’Etat sur les institutions (lol), plus personne n’est dupe. Le destruction systématique du Liban continue et les responsables sont bien ceux qui détiennent les armes illégales et qui fabriquent le captagon

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 06, le 28 avril 2021

  • La solution est évidente: empêcher la contrebande. Malheureusement, nos dirigeants préfèrent voir le pays s'effondter économiquement plutôt que d'affronter le Hezbollah.

    Yves Prevost

    07 h 13, le 28 avril 2021

  • La seule entité officielle qui contrôle les décisions politiques au pays est constituée du président et de son gendre. Cette entité officielle est le paravent de la seule force qui gère le pays d'une poigne de fer, soit le Hezb. Ce dernier ne permettra jamais le contrôle des frontières avec la Syrie ni celui des ports. Toutes ses activités militaires en Syrie dépendent de frontières-passoires et toutes ses activités "économiques" de contrebande requièrent elles aussi des frontières-passoires. Rien ne sera fait. En revanche, les paravents susmentionnés devraient être tenus responsables au même titre que le plénipotentiaire iranien qui nous gouverne.

    Michael

    06 h 43, le 28 avril 2021

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