Le ministre sortant de l'Agriculture, Abbas Mortada, a estimé vendredi que la situation dans la Békaa, où de très larges essaims de criquets ont été repérés, était "très critique", soulignant que ces insectes menacent "la sécurité alimentaire", dans un pays déjà en proie à une grave crise économique et financière.
Face à cette menace, l'armée a pulvérisé des insecticides dans la journée, à partir d'hélicoptères. "Pour venir à bout d'essaims de criquets et limiter leur propagation puis les éliminer, des hélicoptères de l'armée libanaise, en coordination avec le ministère de l'Agriculture, ont pulvérisé des insecticides au-dessus des régions de Baalbeck et Ras-Baalbeck", a annoncé la troupe sur Twitter.
في اطار اجراءات مكافحة اسراب الجراد والحدّ من انتشارها والقضاء عليها باشرت طوافات #الجيش_اللبناني وبالتنسيق مع وزاره الزراعة رشّ مبيدات حشرية في مناطق بعلبك ورأس بعلبك.#LebaneseArmy pic.twitter.com/vEX1oFFp9n
— الجيش اللبناني (@LebarmyOfficial) April 23, 2021
La troupe a également publié une vidéo qui montre ses hélicoptères en train de pulvériser les insecticides dans la Békaa.
طوافات #الجيش_اللبناني وبالتنسيق مع وزارة الزراعة تقوم برشّ مبيدات حشرية في مناطق بعلبك ورأس بعلبك في اطار اجراءات مكافحة اسراب الجراد.#LebaneseArmy pic.twitter.com/URrrE65X6n
— الجيش اللبناني (@LebarmyOfficial) April 23, 2021
Situation "très critique"
Lors d'une visite dans les régions de Ersal et Ras Baalbeck, où d'importants essaims ont été repérés, le ministre sortant de l'Agriculture, Abbas Mortada, a affirmé que la situation était "très critique", évoquant "des millions de criquets de couleur jaune, ce qui signifie qu'ils ont atteint leur maturité sexuelle et peuvent pondre une quantité abondante d'œufs". "Le ministère de l'Agriculture est en état d'alerte permanente contre les risques que posent ces insectes pour la sécurité alimentaire", a-t-il ajouté. Il a indiqué avoir évoqué la situation lors d'un appel avec le Premier ministre sortant, Hassane Diab, et a dit œuvrer à ce que les insecticides soient disponibles en quantité suffisante.
Plus tôt dans la journée, le ministre Mortada avait pourtant voulu se montrer rassurant et avait estimé que le nombre de criquets recensés en territoire libanais jusque-là restait "acceptable". Il avait appelé les citoyens, notamment ceux qui résident dans des régions proches des frontières libano-syriennes et qui voient ce phénomène, à notifier le ministère en appelant le 81-964621. Dans un communiqué, le ministère de l'Agriculture a également appelé les apiculteurs du jurd de Ersal à protéger leurs ruches d'abeilles lors des campagnes de pulvérisation de pesticides.
Depuis le début du printemps, des vagues de criquets ont été observées dans plusieurs endroits au Liban. Interrogé par L'Orient-Le Jour, Nabil Nemer, écologiste, avait estimé jeudi que les insectes observés actuellement étaient des individus isolés.
Les criquets pèlerins, les plus dangereux des espèces de criquets ravageurs, sont redoutés depuis des siècles pour leur voracité : ils sont capables d’anéantir des récoltes, et même d’attaquer les arbres dont ils se nourrissent des branches s’ils ont très faim. Mondialement, la dernière infestation d’envergure a eu lieu en 2004-2005, provoquant des pertes significatives de la production agricole en Afrique de l’Ouest, avec un impact sur la sécurité alimentaire dans cette région. Au Liban, la mémoire collective retient un épisode tragique du début du siècle dernier, lorsqu'une invasion particulièrement terrible de criquets a contribué à la grande famine pendant la Première Guerre mondiale. Mais il n’y a plus eu d’épisodes aussi dévastateurs depuis, bien que la crainte se renouvelle pratiquement tous les ans.
commentaires (5)
Troubles never come alone.???
Eleni Caridopoulou
20 h 43, le 25 avril 2021