La municipalité de Beyrouth est accusée de « dilapidation » par un groupe d’avocats proches du mouvement de contestation, qui a demandé au parquet général financier d’ouvrir une information judiciaire au sujet d’un projet inabouti de construction d’un parking sous le jardin public Hassan Khaled, à Tallet el-Khayat. Le collectif accuse la municipalité d’avoir « dilapidé des fonds publics » dans le cadre du projet suspendu. Dans sa demande, le collectif, qui compte Wassef Haraké, de l’Observatoire pour la lutte contre la corruption, parmi ses membres, critique la destruction du « patrimoine » de Beyrouth et de « ce qu’il reste d’espace vert » dans la capitale, et l’engagement de « millions de dollars » dans le cadre de ce projet dont seul le volet déboisement a été exécuté.
Les travaux de destruction du jardin public Hassan Khaled avaient débuté en août 2019, avec l’arrachage d’arbres, afin d’y creuser un parking souterrain. « Les arbres arrachés (avec leurs racines) seront replantés à Horch Beyrouth (Bois des pins de Beyrouth), en attendant que le jardin soit réhabilité. Nous n’allons couper aucun arbre », avait promis Gaby Ferneini, président du comité des espaces verts au conseil municipal de Beyrouth (L’OLJ du 17 août 2019).
Interrogé hier, Ziad Chbib, ancien mohafez de Beyrouth sous le mandat duquel le projet avait été engagé, a affirmé que c’est le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) qui a été chargé de l’exécution du projet, et que c’est à lui donc de rendre compte de ce qu’il est devenu. M. Chbib a estimé probable, en substance, que c’est pour des raisons économiques que le projet a été abandonné, le mouvement de contestation d’octobre 2019 ayant immédiatement suivi le début des travaux et l’inflation ayant fait le reste. « Les fonds engagés pour ce projet ne valent plus aujourd’hui que 10 % de leur valeur », a fait remarquer M. Chbib, par rapport au montant initial qui était approximativement d’une dizaine de milliards de livres.