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Acharnement sélectif

Ce serait sans doute une lapalissade que d’affirmer que la justice est l’un des principaux piliers, avec l’armée et les forces de l’ordre, d’un État de droit. Des piliers qui doivent avoir pour fondements, tant au niveau de la pratique que de la gestion, la rigueur, le professionnalisme et, surtout, la discipline dans la mission accomplie. Autant d’évidences que certains « responsables »– qui ont une notion très nébuleuse de la responsabilité– s’évertuent à ignorer et à balayer du revers de la main.

Toute personne censée et dotée d’un minimum d’esprit cartésien ne saurait nier que le « spectacle » façon Rambo– dans toute l’acception du terme– auquel les Libanais ont assisté en direct le week-end dernier à Awkar n’est digne ni d’un magistrat ni d’une justice un tantinet crédible. Sa finalité, voulue ou non, télécommandée ou pas, est le discrédit et la destruction du pouvoir judiciaire. Les faits à cet égard sont simples et sans appel : le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, est le supérieur hiérarchique des procureurs des régions, dont la procureure du Mont-Liban, Ghada Aoun ; à la demande unanime du Conseil supérieur de la magistrature, il a adopté une mesure à l’encontre de Mme Aoun. Qu’il ait tort ou qu’il ait raison, que sa décision soit justifiée ou pas, cela ne change rien ni à la loi ni à l’obligation qu’a la procureure du Mont-Liban d’appliquer cette loi et de se soumettre. Et sans entourloupes…

Dans cette affaire, nul ne peut renvoyer dos à dos le procureur général de la République Oueidate et Mme Aoun, et donner l’impression qu’il s’agit là d’une simple petite dispute et que l’enjeu ne se situe nullement au niveau de l’autorité du procureur général. D’aucuns critiquent les pouvoirs excessifs accordés à ce dernier. Peut-être ont-ils raison, peut-être pas… C’est au Conseil des ministres (lorsque le pays sera doté d’un gouvernement) et au Parlement de trancher le débat sur ce plan. Mais dans l’attente d’un hypothétique amendement de la législation en la matière, nul ne devrait tolérer, à commencer par les responsables officiels, que la loi actuellement en vigueur soit délibérément bafouée, surtout par un magistrat. Sauf si l’objectif recherché est précisément de saper et de discréditer le pouvoir judiciaire pour servir un agenda politique bien particulier…

Cette situation n’aurait sans doute pas atteint un tel stade de déliquescence si les dernières nominations et permutations judiciaires effectuées il y a quelques mois par le Conseil supérieur de la magistrature avaient été mises en place. Ces nominations ont été décidées à l’unanimité des membres du CSM, sous la présidence d’un magistrat, Souheil Abboud, dont la compétence, la probité et l’intégrité sont reconnues par la quasi-totalité des parties concernées. La démarche du CSM avait représenté la première manifestation de l’indépendance de la magistrature vis-à-vis du pouvoir politique, réclamée à cor et à cri depuis des lustres. Elle a toutefois été bloquée chez le président de la République qui refuse de signer ces permutations, sans qu’aucune explication officielle ne soit donnée à une telle obstruction.

Il reste que bien au-delà du cas spécifique de la procureure du Mont-Liban, c’est la nature et l’impact du comportement un peu trop « musclé » auquel s’est livrée la magistrate à Awkar qui portent atteinte à l’un des fondements du système libanais. D’abord parce qu’un tel dérapage a sérieusement terni l’image prestigieuse de la magistrature dont le Liban avait réussi à se doter, plus particulièrement avant la guerre. Ensuite, parce que ce coup de boutoir assené au pouvoir judiciaire survient – un simple hasard ? – dans le prolongement d’une longue série d’opérations de sape qui ont visé avec acharnement ces derniers mois la Banque du Liban et le secteur bancaire, ainsi que l’enseignement privé, l’infrastructure hospitalière, le tourisme et l’ensemble des secteurs économiques, sous l’effet de l’effondrement de la monnaie nationale. Un effondrement qui a été provoqué par les blocages politiques successifs, un climat guerrier permanent, le lourd déficit d’EDL, la pléthore de fonctionnaires improductifs, la contrebande intensive vers la Syrie de produits subventionnés au Liban, un vaste détournement de fonds publics et de recettes douanières, un pompage de devises sur le marché libanais pour renflouer les caisses du régime syrien, sans compter – et c’est le plus important – le sabotage des relations traditionnelles du Liban avec les pays arabes et occidentaux, avec comme principales conséquences l’arrêt des investissements étrangers, le tarissement des transferts effectués par les Libanais de la diaspora et la suspension du mouvement de touristes, notamment en provenance des pays du Golfe, qui assurait des rentrées substantielles en devises.

Pendant ce temps, le Hezbollah continuait de prendre le pays en otage et mettait en place patiemment dans « ses » régions ses propres infrastructures parallèles, concurrentes de celles de l’État, ainsi que ses circuits financiers et « bancaires » totalement illégaux, sans que les héros de l’acharnement sélectif n’aient l’audace de jeter un quelconque regard dans cette autre direction divine.

Ce serait sans doute une lapalissade que d’affirmer que la justice est l’un des principaux piliers, avec l’armée et les forces de l’ordre, d’un État de droit. Des piliers qui doivent avoir pour fondements, tant au niveau de la pratique que de la gestion, la rigueur, le professionnalisme et, surtout, la discipline dans la mission accomplie. Autant d’évidences que certains...
commentaires (7)

Le Libanais a bien le droit maintenant 'opérer une véritable RÉVOLUTION maintenant pour démolir tous ces murs de règlements , de lois et de mesures ABSURDES qui empêchent le citoyen , et depuis longtemps déjà , de connaître la liste des ces ignobles larrons qui ont fait fuir tout l'argent des petits déposants vers l'extérieur , et avec la complicité des services américains ! VIVE LA RÉVOLUTION , LA VÉRITABLE RÉVOLUTION QUI COMMENCE DÉJÀ

Chucri Abboud

16 h 46, le 20 avril 2021

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Commentaires (7)

  • Le Libanais a bien le droit maintenant 'opérer une véritable RÉVOLUTION maintenant pour démolir tous ces murs de règlements , de lois et de mesures ABSURDES qui empêchent le citoyen , et depuis longtemps déjà , de connaître la liste des ces ignobles larrons qui ont fait fuir tout l'argent des petits déposants vers l'extérieur , et avec la complicité des services américains ! VIVE LA RÉVOLUTION , LA VÉRITABLE RÉVOLUTION QUI COMMENCE DÉJÀ

    Chucri Abboud

    16 h 46, le 20 avril 2021

  • Je préfère l'acharnement de la juge et sa descente dans les bureaux de mkattaf que de souffrir du silence de la justice injuste . La dame aux tifs en broussailles lutte ,dossiers en main, contre ceux qui ont pillé le pays. Ceux qui jouent les choqués devant la façon dont Ghada Aoun est intervenue sont les plus nantis que la crise économique et financière laisse indifférents.

    Hitti arlette

    13 h 57, le 20 avril 2021

  • Je préfère les personnes sensées

    Hitti arlette

    13 h 44, le 20 avril 2021

  • Lorsqu’on veut jouer à Robin de bois on commence par mettre son nez et enfoncer les portes des saccageurs du pays qui continuent leurs trafics avec la Syrie en utilisant 60% des denrées subventionnées par les contribuables pour renflouer les caisses d’un autre pays parce que ce dernier leur a prêté main forte à un moment où leurs revenues se trouvaient amoindries. Ils se montrent courtois avec beaucoup de gratitude les uns envers les autres sur le dos du pays et de ses citoyens et le pouvoir trouve ça normal et va enfoncer d’autres portes pour noyer le poisson. Le camps Aouniste prétend la vertu et joue aux justiciers tour à tour avec des discours fallacieux et des méthodes discutables alors qu’à chaque fois que la justice essaie de renforcer ses rangs et de se munir des lois pour éradiquer les exactions flagrantes Aoun refuse de signer et fait une déclaration juste après son blocage pour réclamer une justice et la poursuite des corrompus alors que les dossiers sont dans ses tiroirs sous clef et qu’il refuse qu’ils soient évoqués et encore moins jugés. SUFFIT CETTE MASCARADE.

    Sissi zayyat

    10 h 42, le 20 avril 2021

  • Deux constats: D’abord il n’y a aucun Libanais normal qui ne veuille pas sanctionner ceux qui ont pille’ honteusement depuis des decennies les Libanais. Pour cela, les poursuites judiciaires doivent imperativement etre effectuees par des juges credibles et impartiaux, n’ayant pas de liens avec les politiciens . Malheureusement ce n’est pas le cas. La juge dont il s’agit, qui devait etre deplacee selon les dernieres nominations judiciaires du CSM, est toujours la, car son protecteur garde toujours la liste dans ses tiroirs et refuse de la signer. Le probleme est que lorsque l’on critique un comportement quelconque on est immediatement taxe’ d’appartenir a un camp politique contre un autre ! Comment dans ce cas esperer un jour retrouver une vie normale, loin de l’influence criminelle de nos politiciens vereux.

    Goraieb Nada

    09 h 33, le 20 avril 2021

  • Ce que vous dîtes est vrai. Mais comment se fait-il que le Procureur général et le Procureur financier n'ont, depuis plus de 18 mois que le pillage du système bancaire est avéré, que le système financier s'est effondré, ni l'un ni l'autre, eu le courage ou la volonté de poursuivre une seule des personnalités importantes responsables de l'effondrement financier du pays et de la corruption à grande échelle qui y règne depuis des décennies? Pourquoi tous ces crimes qui en d'autres lieux auraient exposé leurs auteurs aux peines les plus sévères, restent impunis au Liban. Ne jetons donc pas la pierre à une magistrate qui a eu le courage de secouer, même maladroitement, les colonnes de cette forteresse imprenable, cette forteresse dans laquelle s'est retranchée toute la mafia qui a mené le Liban à la ruine. Il faut impérativement que de grosses têtes tombent, que le règne de l'impunité cesse, à défaut de quoi on pourra mettre une croix sur ce pauvre pays.

    Georges Airut

    02 h 35, le 20 avril 2021

  • Justice institution prestigieuse ? Pourquoi se cacher derrière son doigt ? Pourquoi aucun juge ne parvient à un résultat ? Quid du port et de la protection des déposants ? Mieux vaut constater l’échec pour mieux reconstruire.

    Sam

    01 h 12, le 20 avril 2021

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