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Société - Initiative citoyenne

Quand une vidéo sur la menstruation féminine fait le buzz sur Instagram

Née dans la foulée de l’explosion du 4 août, l’initiative Basecamp, forte de 2 000 bénévoles, se mobilise pour des questions sociétales.

Quand une vidéo sur la menstruation féminine fait le buzz sur Instagram

Capture d’écran du lancement de la campagne de Basecamp sur le développement des capacités des femmes à travers une meilleure connaissance des menstruations.

À quel âge avez-vous eu vos premières règles ? Comment avez-vous réagi ? Étiez-vous surprise ? Les questions pourraient choquer. Mais elles montrent combien la menstruation féminine est taboue. Et combien est urgente la nécessité de bâtir une communication sur la question. Pour sensibiliser les femmes, les filles et même les hommes qui n’ont pas accès à l’information. C’est l’objectif d’une vidéo de cinq minutes publiée il y a quelques jours sur Instagram par l’initiative citoyenne libanaise Basecamp, née lors de l’explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth. Une vidéo baptisée #letstalkperiod (parlons des règles) dans le cadre de la campagne « Basecamp goes pink » (Basecamp devient rose) et qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux avec plus de 10 000 vues sur Instagram en l’espace de 24 heures.

Huit influenceuses sans tabou

À partir de leur vécu personnel et de leur expérience professionnelle, huit influenceuses libanaises s’expriment donc sur la question et brisent le tabou des premières règles. Sans détour ni honte. Car les menstruations féminines sont une réalité biologique naturelle. Sans elles, point de maternité possible. Et plus les filles sont informées, mieux elles s’adaptent aux désagréments qui en découlent, et mieux elles sont à même, à long terme, de gérer leur santé, leur sexualité, leur maternité.

Pour mémoire

« Subventionnez les serviettes périodiques ! »


Avec des mots simples, parfois teintés d’humour, les huit jeunes femmes relatent ce choc qu’elles ont ressenti lorsqu’elles n’avaient pas été informées, ou au contraire, leur vécu sans grande surprise, facilité par le dialogue parental. « C’était très choquant », avoue Dana Sarhan, psychothérapeute relationnelle et sexuelle. « J’avais constamment l’impression que toute l’école voyait ma serviette hygiénique sous mon pantalon », confie de son côté Médéa Azouri, journaliste et podcasteuse. « Je ne soupçonnais pas l’existence de sous-vêtements adaptés aux menstruations ou de serviettes biodégradables respectueuses de l’environnement », renchérit Zeinab Abi Haidar, étudiante. Et puis cette adaptation qui s’est mise en place, tant bien que mal, malgré l’inconfort, la fatigue, la douleur parfois. « Les fortes douleurs en période de règles ne sont pas normales. C’est la raison pour laquelle il ne faut pas hésiter à consulter, le cas échéant », conseille la Dr Sandrine Atallah, consultante en médecine sexuelle. Sans parler des « fuites indésirables qui s’invitent inévitablement lors d’un examen scolaire, sur la banquette d’un taxi ou ailleurs », révèle Shaden Esperanza, humoriste. Car parler des menstruations implique forcément de dépasser le politiquement correct.

Au-delà de l’appel adressé aux jeunes femmes à parler sans crainte de leurs menstruations et à poser les questions qui les tracassent, Basecamp se penche aussi à travers cette vidéo sur la précarité menstruelle. C’est-à-dire sur le manque d’accès des classes défavorisées aux protections hygiéniques, alors que les prix de ces produits non subventionnés ont explosé dans un Liban plombé par une crise sans précédent. « Certaines femmes utilisent des mouchoirs en papier ou même des chaussettes en guise de protections », s’inquiète la Dr Gael Abou Ghannam, obstétricienne et gynécologue. Autre constat, les menstruations ne sont pas qu’une affaire de femmes. « Pourquoi ne pas sensibiliser les hommes à la question ? » demande Lara Kays, responsable d’événements au sein du groupe d’artistes Factory People. « Il faudrait que l’éducation sexuelle soit enseignée à l’école aux filles comme aux garçons », insiste Hiba Dandachli, consultante en communication.

Projet phare : faire revivre le quartier de Jeïtaoui

La campagne « Basecamp goes pink », initiée à l’occasion du mois de la femme en mars dernier, entre dans le cadre des engagements ponctuels. Avec pour objectif, à long terme, le développement des capacités des femmes, elle s’accompagne de distributions de serviettes périodiques dans des quartiers défavorisés. « Depuis le mois d’août, nous avons distribué plus de 12 000 serviettes périodiques avec le concours de nos partenaires. Et nous ne nous arrêterons pas là », promet Camille Madi, spécialiste en marketing avec pour domaine de prédilection la protection de l’environnement et le développement durable au sein de Basecamp, qui rassemble aujourd’hui quelque 2 000 bénévoles. L’occasion de prendre conscience de la grande vulnérabilité de certains groupes de populations au Liban… et de se préparer pour la prochaine campagne.

Pour mémoire

« Nous sommes en train de sauver Beyrouth car personne ne le fait à part nous »

L’initiative Basecamp est née de « sous les décombres »… les décombres du 4 août 2020. Au lendemain de la tragique explosion qui a endeuillé les quartiers beyrouthins en périphérie du port, un groupe de jeunes professionnels de divers horizons se mobilise dans un parking du quartier dévasté de Mar Mikhaël. Son objectif ? S’engager au service de la société en facilitant la synchronisation entre nombre d’associations humanitaires. Et ce pour une meilleure efficacité en matière d’assistance aux habitants, de reconstruction, de distribution de vivres, de kits d’hygiène, de médicaments… Une fois l’urgence passée, « Basecamp s’investit dans des questions sociétales, toujours en collaboration avec des ONG », explique Camille Madi. À travers ses deux projets phares, l’initiative assure une « aide mensuelle, sous forme de paquets de vivres, de kits d’hygiène et de médicaments, à une centaine de familles nécessiteuses », et œuvre à « faire revivre durablement le quartier de Jeïtaoui ». Mais il y a tant à faire. « Chaque mois, l’initiative ajuste sa campagne en fonction des besoins et des donations, précise Djeylane Nemlich, professionnelle dans le secteur de l’événementiel et membre de Basecamp. À titre d’exemple, nous avons distribué des tablettes électroniques à des élèves défavorisés, en guise d’assistance à l’apprentissage à distance. En plus de cela, nous préparons activement un projet de reboisement. »

Pour visionner la vidéo sur Instagram : https://www.instagram.com/tv/CNpp2UzFt2Q/ ? igshid=5quyi3nisov3

À quel âge avez-vous eu vos premières règles ? Comment avez-vous réagi ? Étiez-vous surprise ? Les questions pourraient choquer. Mais elles montrent combien la menstruation féminine est taboue. Et combien est urgente la nécessité de bâtir une communication sur la question. Pour sensibiliser les femmes, les filles et même les hommes qui n’ont pas accès à l’information. C’est...

commentaires (1)

Excellente initiative!

CW

18 h 22, le 12 mai 2021

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Commentaires (1)

  • Excellente initiative!

    CW

    18 h 22, le 12 mai 2021

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