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Politique - Gouvernement

Raï s’oppose une nouvelle fois à la stratégie de Aoun

La France pourrait soulever la question du Liban lors de la réunion des ministres européens des Affaires étrangères, aujourd’hui à Bruxelles.

Raï s’oppose une nouvelle fois à la stratégie de Aoun

Mgr Raï prononçant son homélie dominicale, hier, à Bkerké. Photo ANI

Entre le patriarche maronite, Béchara Raï, et le président de la République, Michel Aoun, ce n’est plus une simple question de points de vue différents. Il s’agit désormais d’une opposition frontale, quoique encore tacite. Alors que le chef de l’État semble chercher à contourner le processus de formation du gouvernement en mettant l’accent sur les audits de la Banque du Liban et du reste des institutions de l’État, le chef de l’Église maronite n’en démord pas : l’heure est à la formation du gouvernement, avant toute autre chose.

C’est la seconde fois en une semaine que Mgr Raï insiste sur l’urgence de mettre sur pied une nouvelle équipe ministérielle, avant de penser à quoi que ce soit, même si le but est de lancer le chantier de réformes exigé par les pays donateurs, comme veut le montrer le camp présidentiel.

Dans son homélie dominicale hier, le patriarche n’a pas mâché ses mots : « Si un gouvernement de technocrates non partisans, sur lequel aucun groupe n’exerce une hégémonie, n’est pas formé, toutes les déclarations concernant » le sauvetage du pays, les réformes, la lutte contre la corruption, l’audit juricomptable, la stratégie de défense et la réconciliation nationale seront vaines. « Ne détournez pas l’attention des citoyens avec d’autres sujets », a-t-il lancé, manifestement à l’adresse de Baabda.

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Le prélat a, en outre, rappelé que la Constitution stipule que le Liban est un État civil. « L’accord (conclu entre les chefs de file politiques lors de leur réunion avec le président français, Emmanuel Macron, à Beyrouth, le 1er septembre 2020) portait sur un gouvernement de spécialistes. Aujourd’hui, il est question de ministres “confessionnels et sectaires” nommés par les politiques », a déploré Béchara Raï, pointant ainsi les arguments du chef du CPL, Gebran Bassil, qui dit agir pour préserver ce qu’il estime être « les droits des chrétiens ».

Quoi qu’il en soit, le blocage reste total, sur le plan interne, les protagonistes étant accrochés à leurs positions respectives. Alors que le Premier ministre désigné, Saad Hariri, s’apprête à se rendre au Vatican, jeudi, après une visite en Russie, le bureau politique du CPL a, une fois de plus, fait assumer au leader du Futur la responsabilité de l’impasse actuelle. Dans un communiqué publié samedi, il a réaffirmé la détermination du parti à ne pas participer au gouvernement. Mais une situation où le CPL basculerait dans l’opposition n’est pas sans susciter des interrogations, dans la mesure où le président Aoun, fondateur de cette formation et soutien ferme de sa politique, est partie prenante aux tractations gouvernementales et se trouve être un des deux pôles de l’exécutif.

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La France et l’UE

De son côté, la communauté internationale ne lâche pas prise. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian pourrait évoquer la question libanaise lors de la réunion que tiendront les chefs de la diplomatie de l’UE par visioconférence aujourd’hui à Bruxelles. Un geste qui intervient près de deux semaines après des propos que M. Le Drian avait tenus au Sénat français, le 7 avril. Il avait implicitement menacé de sanctions ceux qui, aux yeux de la France, empêchent la naissance du gouvernement libanais. Contactée par L’Orient-Le Jour, une source diplomatique européenne souligne toutefois qu’il ne faut pas s’attendre à grand-chose de la réunion de Bruxelles. Jean-Yves Le Drian pourrait soulever la question libanaise en dehors de l’ordre du jour de la réunion. Il est donc fort probable que le chef de la diplomatie française se contente d’exhorter ses homologues européens à se joindre aux efforts de la France pour pousser les dirigeants libanais à s’acquitter de leurs responsabilités. « M. Le Drian avait demandé la préparation d’une sorte de feuille de route pour aider le Liban à sortir de l’impasse actuelle. Sa déclaration demain (aujourd’hui) pourrait bien aller dans le sens d’une accélération de cette démarche. La réunion ne se soldera donc pas sur une liste de dirigeants politiques libanais qui seront visés par des sanctions européennes prochainement », souligne la source diplomatique. Cependant, la feuille de route demandée par M. Le Drian pourrait être finalisée prochainement. Son examen sera donc probablement possible lors de la prochaine réunion des ministres européens des Affaires étrangères, d’ici à quatre semaines, confie ce diplomate, précisant que les sanctions constituent « un bon outil » pour faire progresser le processus politique au Liban.

Entre le patriarche maronite, Béchara Raï, et le président de la République, Michel Aoun, ce n’est plus une simple question de points de vue différents. Il s’agit désormais d’une opposition frontale, quoique encore tacite. Alors que le chef de l’État semble chercher à contourner le processus de formation du gouvernement en mettant l’accent sur les audits de la Banque du Liban et...

commentaires (6)

Il faut de toute urgence arrêter ces agissements suicidaires... sinon le Liban sera perdu à jamais.

SADEK Rosette

12 h 07, le 19 avril 2021

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Commentaires (6)

  • Il faut de toute urgence arrêter ces agissements suicidaires... sinon le Liban sera perdu à jamais.

    SADEK Rosette

    12 h 07, le 19 avril 2021

  • Allez y les européens, dénoncez tous les mafieux même si les sanctions, qu’on espère sévères, seront prononcées un mois après au moins les libanais sauront que quelqu’un est sensible à leurs souffrances et les mafieux ne mèneront plus large. Ils jouent leur dernière cartouche en essayant de faire peur à ceux qui veulent les sanctionner en menaçant de devenir plus nuisibles, mais paroles de Libanais on ne les laissera pas moufter une fois que leurs noms seront mentionnés sur la liste des pilleurs vendus. Ils ne le savent que trop d’où leurs fanfaronnades de celui qui est condamné à mort et qui devant la guillotine réclame un fruit hors saison comme dernière volonté.

    Sissi zayyat

    11 h 50, le 19 avril 2021

  • le plus le pres.aoun est suppose etre "isole", le plus dangereux seront ses reactions.

    Gaby SIOUFI

    09 h 55, le 19 avril 2021

  • CET AVEUGLEMENT DE VOULOIR VOIR ACHEVES LES CONTROLES JURICOMPTABLES, DE LA BDL ET DE TOUTES LES INSTITUTIONS ETATIQUES ET L,EDL ET LES BARGES TURQUES EN TETE, ET QUI PRENDRAIENT DES ANNEES, AVANT DE FORMER UN GOUVERNEMENT DE MISSION QU,EN PEUT-ON L,APPELER SINON UN BLOCAGE POUR LE COMPTE DE CEUX AVEC QUI ON A DES INTERETS PERSONNELS QUI NOUS TIENNENT LEUR OTAGE. ON DETRUIT LE PAYS, ON LUI PORTE PLUTOT LE COUP DE GRACE POUR NOS INTERETS PERSONNELS. DE TELS TYPES DOIVENT ETRE DEGAGES D,URGENCE . LIBANAIS, PRENEZ VOTRE EXISTENCE ET VOTRE AVENIR ET CEUX DE VOS FAMILLES EN MAIN. DEGAGEZ-LES DE MALGRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 12, le 19 avril 2021

  • 4 semaines d’attente pour examiner de possibles mesures de sanctions européennes... Demandez une réunion d’urgence des ministres de AE cher Monsieur Le Drian...! N’attendez pas plus longtemps , car le Liban lui ne peut pas attendre !

    LeRougeEtLeNoir

    08 h 14, le 19 avril 2021

  • Mgr. Raï a mille fois raison, mais qui l'écoute? On se fiche éperdument de savoir si tel ou tel ministre est maronite, orthodoxe, sunnite, chiite ou druse. Tout ce que l'on veut, c'est qu'il soit compétent, honnête et indépendant. Cela doit tout de même pouvoir se trouver, non?

    Yves Prevost

    07 h 35, le 19 avril 2021

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