Un an seulement nous sépare des prochaines élections législatives et municipales, prévues en mai 2022. Et pour avoir toutes les chances d’écarter, au moins en partie, la caste au pouvoir responsable de la faillite de l’État, de l’effondrement du niveau de vie de la population, de l’explosion du 4 août dernier… quoi de mieux que de bâtir un front d’opposition uni et solide? Un front qui se retrouverait sur un certain nombre de constantes, en dépit des différences. C’est dans ce sens que seize regroupements issus de la contestation populaire du 17 octobre 2019 et de l’opposition politique ont lancé hier un appel à l’ensemble des parties et des mouvements aspirant au changement, dans une invitation à les rejoindre pour mener ensemble le combat contre la classe au pouvoir, à un an des échéances électorales.
L’événement a pris la forme d’une conférence de presse, diffusée depuis le siège du parti politique du Bloc national (BN) à Beyrouth, conjointement avec des groupes comme Beirut Madinati, Tahalof Watani, Minteshreen, ou al-Marsad el-Chaabi Limouharabit el-Fasad fondé par l’activiste Wassef Haraké, de même que divers regroupements des régions. Une conférence au cours de laquelle se sont succédé à la tribune Pierre Issa (secrétaire général du BN), l’ancienne députée Paula Yacoubian (indépendante) et Nada Sehnaoui (Beirut Madinati), pour détailler l’initiative de sauvetage du pays envisagée par la coalition et démontrer l’incurie de la caste au pouvoir. Pour rappeler surtout que cette même classe politique responsable de la guerre civile qui a fait 150 000 morts, des milliers de blessés et de disparus est aujourd’hui responsable de la crise qui paralyse le pays. Et qu’en dépit de cela, elle s’accroche aux rênes du pouvoir. « Sans un front solide capable de remporter les élections, nul doute que cette même caste reviendra au pouvoir », ont-ils affirmé dans une mise en garde aux électeurs. « Nous appelons la résistance populaire et le public des partis à la faire échouer », ont-ils ajouté.
Comment faire front commun malgré les différences ?
Sauf qu’un défi de taille se pose aux groupes issus de la contestation populaire. Sauront-ils s’unir et faire front commun tout en préservant leurs différences, sachant qu’entre eux, des divergences notables ont éclaté sur les dossiers politiques ? « Cet appel lancé aujourd’hui (hier) est une preuve de la capacité de mouvements nés de la révolution du 17 octobre, avec une coloration politique et des structures différentes, à prendre la décision de faire front commun dans le seul but de faire chuter cette classe politique », explique à L’Orient-Le Jour Naji Abou Khalil, membre du comité exécutif du BN. Leur revendication principale étant la formation d’un gouvernement de sauvetage indépendant, capable et désireux de mettre en place les réformes, doté de pouvoirs exceptionnels pour préparer le scrutin. Car, explique le responsable, « le problème de la classe politique actuelle, c’est son manque de volonté de mettre en place des réformes qui remettraient en question leur règne qui dure depuis la guerre civile en 1975 ». D’où le choix de la date symbolique du 13 avril (premier jour de la guerre civile libanaise) pour lancer un appel à tous les partis et mouvements qui aspirent à un changement au Liban. « Nous voulons que cette date soit le début d’une lutte politique pour faire tomber la classe au pouvoir », souligne M. Abou Khalil.
Certes, les différents mouvements ne sont pas d’accord sur tous les sujets. « Tel n’est pas le but. La diversité est une richesse », commente Naji Abou Khalil. Mais l’appel lancé part du diagnostic que « le combat actuel est existentiel » et que « la survie même du Liban est conditionnée par la capacité de l’opposition à faire tomber cette classe politique ».
Tous unis contre le « club des six »
Deux conditions importantes restent toutefois à remplir de la part de tout mouvement souhaitant rejoindre ce front antipouvoir. « Adopter une coloration nationale et non sectaire, afin de s’adresser à l’ensemble des Libanais dans l’objectif de modifier le rapport de forces en notre faveur, souligne l’activiste. Et faire preuve d’une décision irrévocable de faire front sans exception contre l’ensemble des leaders politiques traditionnels libanais, baptisé aujourd’hui club des six. » (Par club des six, on entend les six grands partis au pouvoir, le Hezbollah de Hassan Nasrallah, le mouvement Amal de Nabih Berry, le courant du Futur de Saad Hariri, le Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, les Forces libanaises de Samir Geagea et le Courant patriotique libre de Michel Aoun et de son gendre, Gebran Bassil, NDLR). « On ne peut prétendre vouloir changer la classe politique au pouvoir en adoptant une position ambiguë envers une des forces politiques au pouvoir », précise Naji Abou Khalil, dans une allusion claire à la position du regroupement vis-à-vis du Hezbollah et de son armement.
Maintenant que l’appel est lancé, la coalition élargit ses contacts pour rallier à sa cause davantage de forces de la contestation populaire. Les craintes sont toutefois fortes d’une annulation ou d’un report des législatives. « Nous craignons fort que les élections ne sautent, souligne Paula Yacoubian. Même notre démocratie est en danger, car le Liban devient une dictature. »
commentaires (17)
Je vous souhaite bonne réussite et bonne courage. Je vous soutiens à fond car on en a marre de cette classe politique qui nous a réduit à néant et détruit ce Liban qui était le pays le plus beau et plus moderne du moyen Orient et qui est devenu grâces à tous ces imbéciles voleurs et assassins qui nous gouvernent le plus le plus sale et le plus pourri du monde entier
Assoun F
14 h 59, le 16 avril 2021