Les rumeurs vont bon train depuis hier quant à une prochaine rencontre en France entre le Premier ministre désigné Saad Hariri et le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, qui serait orchestrée par Paris. Une réunion dont l’objectif serait de débloquer la formation du gouvernement qui bute particulièrement sur la mésentente et les divergences entre les deux hommes.
Cette information, qui a largement circulé dans les médias, n’a cependant été confirmée ni par les membres du courant du Futur et du CPL ni par les milieux diplomatiques français. Citant des sources diplomatiques, l’agence al-Markaziya a indiqué que le chef du CPL, dont la visite à Paris « est attendue incessamment », rencontrera des responsables politiques, mais ne sera pas reçu à l’Élysée dont les portes resteront fermées à tout responsable politique libanais tant que le gouvernement n’a pas été formé et les réformes mises en chantier.
Un responsable politique informé confie toutefois à L’OLJ que le scénario d’une rencontre à Paris entre les protagonistes libanais est effectivement envisagé. La réunion pourrait ne pas se résumer à MM. Bassil et Hariri, mais englober plusieurs chefs de file politiques. Une sorte de Doha-bis organisé cette fois-ci à Paris pour tenter de sortir le Liban de l’impasse. La rencontre de Doha s’était déroulée entre le 16 et le 21 mai 2008 au Qatar sous l’égide de la Ligue arabe, avec la participation des dirigeants politiques libanais et arabes, pour mettre fin à une crise politico-sécuritaire de 18 mois dans la foulée des incidents du 7 mai 2008.
« M. Bassil sera convoqué » à Paris et non pas « invité », commente la source politique précitée. Un mot fort pour signifier le ras-le-bol français, l’Élysée et le Quai d’Orsay ayant épuisé toutes leurs ressources à ce jour pour faire bouger les choses, en vain. La France a menacé récemment de recourir aux sanctions contre les dirigeants libanais. Dans le même temps, Paris semble persister à maintenir son initiative qui n’a pourtant accouché d’aucun résultat concret depuis septembre 2020, ce qui lui vaut de plus en plus de critiques de la part de la société civile libanaise, qui l’accuse de faire le jeu de la classe politique.
De sources proches du CPL, on indique toutefois qu’il n’y a encore aucune confirmation au sujet d’une éventuelle visite de M. Bassil à Paris, qui, si elle devait avoir lieu, surviendrait après une invitation officielle envoyée par la France.
Ces deux derniers jours, la France a accentué les pressions sur le chef du CPL à qui elle a transmis, par l’intermédiaire de l’émissaire français Patrick Durel, des messages réitérant l’importance de la formation rapide du nouveau cabinet. Paris, qui tient tous les dirigeants pour responsables de la crise, a envoyé plusieurs messages récemment pour signifier son agacement, en particulier à l’encontre de M. Bassil, lui faisant assumer indirectement une grande part de responsabilité dans l’obstruction. « Ne l’oublions pas, Gebran Bassil n’a aucun titre officiel aujourd’hui. Paris aura du mal à justifier un entretien de ce dernier avec le président Macron », commente un analyste proche des milieux du 8 Mars.
Selon des informations rapportées hier par notre correspondant politique Mounir Rabih, le chef du CPL pourrait accepter de lâcher du lest sur le tiers de blocage, à condition que le ministère de l’Intérieur, chargé de l’organisation des législatives de 2022, relève de la quote-part du président (et donc de son camp). Une information confirmée par une source proche du Hezbollah, qui note toutefois que Saad Hariri devra quand même approuver le candidat en amont.
C’est donc vers la solution d’un cabinet élargi à 24 ministres – souhaité par le camp aouniste et par le Hezbollah – que l’on se dirigerait, selon des informations concordantes. Même dans les milieux haririens, on commence à envisager cette issue comme acceptable, ce qui n’était pas du tout le cas il y a quelques mois. Cette formule de 24 ministres, théoriquement dépourvue du tiers de blocage qui constituait le nœud central du processus, a été proposée par le chef du PSP Walid Joumblatt et son allié Nabih Berry, le chef du Parlement.
Sauf qu’en faisant un simple décompte des voix – 8 ministres pour chacun des trois camps politiques –, on constate que le tiers de blocage ne sera plus du seul apanage du camp aouniste représenté par le chef de l’État, mais de l’ensemble des trois camps politiques représentés au sein de l’exécutif, comme le relève notre correspondante à Baabda, Hoda Chédid. Le problème pourrait se compliquer encore plus dans le cas de figure où les ministres relevant du camp présidentiel décideraient de s’allier, lors d’un vote sur un dossier donné, avec le tandem chiite. « Ils détiendraient ainsi non seulement le tiers de blocage, mais aussi la moitié plus un », observe une source haririenne. « Mais comment faire autrement ? Il faut bien que ce cabinet puisse voir le jour d’une manière ou d’une autre », lance cette même source.
Les obstacles seraient donc en train d’être levés progressivement, ce qui augurerait, selon certains, d’une percée prochaine. C’est en tout cas ce que laisse entendre le député du Hezbollah Ibrahim Moussaoui qui a exprimé hier son optimisme concernant la mise sur pied du cabinet Hariri, « après l’aplanissement des obstacles relatifs au nombre de ministres et au tiers de blocage ».
En attendant que ces tractations se concrétisent, une médiation arabe s’active en parallèle par le biais de l’Égypte. C’est dans ce cadre qu’est prévue, dans les 48 heures, une visite du ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, à Beyrouth. Selon des informations de presse, M. Choukri pourrait se rendre d’abord à Paris, avant de venir dans la capitale libanaise. L’Égypte, qui avait mené de précédentes discussions avec les protagonistes, notamment avec Saad Hariri qui avait été reçu au Caire début février, soutenait la mise sur pied d’une équipe de 18 ministres souhaitée par le Premier ministre désigné. Elle doit désormais adapter sa position à la formation d’un gouvernement de 24 membres.
Quant à l’Arabie saoudite, elle a vertement critiqué dimanche l’inaction de la classe politique libanaise, laissant toutefois entendre qu’elle serait disposée à soutenir tout programme de « réelles réformes » au Liban quelle que soit la personnalité politique chargée de le mettre en application. Dans un entretien accordé à la chaîne CNN, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane, a ainsi indiqué que Riyad « ne soutient pas d’individus spécifiques » – une allusion à peine voilée à Saad Hariri qui n’est toujours pas revenu dans les bonnes grâces du royaume.
Hier j'ai vu le film " not without my daughter" sur Netflix et j'ai pensé au Liban une fois que le Hezbollah prendra le pouvoir c'est la fin du beau pays , faites une révolution , faites n'importe quoi mais ne laissez pas le pays aux mains des ayatollahs ???
17 h 04, le 06 avril 2021