
Le patriarche Raï recevant le chef de l’État, Michel Aoun, samedi. Photo ANI
Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, est revenu durant le week-end sur le blocage gouvernemental, réaffirmant que c’est le signe qu’il existe un « plan clair visant à changer l’identité du Liban ». Reprenant à son compte l’accent des Psaumes de l’exil dans lequel le peuple de l’Ancien Testament se demandait « comment chanter des chants de joie en terre étrangère », le patriarche s’est interrogé, dans son homélie de la fête de Pâques : « Comment peut-on se réjouir et célébrer alors que la moitié du peuple libanais a faim et vit sous le seuil de pauvreté, alors que nos jeunes diplômés, nos médecins et nos ingénieurs quittent le pays sans se retourner ? » Mais c’est surtout dans son message pascal, prononcé samedi, le jour même où il a reçu le chef de l’État Michel Aoun, venu en visite protocolaire lui adresser ses vœux, que le prélat a porté les charges les plus graves contre l’establishment politique.
Changer l’identité du Liban
S’attardant sur l’impasse politique qui se traduit par l’absence d’un nouveau gouvernement depuis près de huit mois, le chef de l’Église maronite s’est indigné : « Que peut-on dire de ceux qui bloquent intentionnellement la formation du gouvernement et paralysent l’État pour faire croire au peuple que le problème est dans la Constitution, alors que la Constitution est la solution ? » a-t-il lancé. Les acteurs de la scène libanaise se livrent en effet une bataille rangée autour des prérogatives dévolues respectivement au chef de l’État et au Premier ministre désigné dans la formation du cabinet.
Si le patriarche ne nomme pas les responsables politiques qu’il critique, ses propos au sujet de l’interprétation de la Constitution sonnent comme une charge claire contre Michel Aoun et son camp. Le président de la République avait dernièrement affirmé dans un entretien au quotidien al-Joumhouria que le Premier ministre désigné n’avait pas le droit de nommer les ministres chrétiens et que cette tâche revenait au chef de l’État.
« Comme il nous est douloureux de voir la classe au pouvoir et ceux qui l’entourent manipuler le sort de la patrie (...) Il est encore plus douloureux de voir que certains d’entre eux s’attachent à une loyauté envers un autre pays que le Liban, aux dépens de la nation et des Libanais ! » a par ailleurs regretté le patriarche, dans une allusion à peine voilée au Hezbollah, proche allié de l’Iran.
C’est dans ce double contexte que le patriarche Béchara Raï a jugé qu’il est « désormais clair que nous sommes face à un plan qui vise à changer le Liban, son système, son identité, sa formule et ses traditions ». « Il y a des parties qui cherchent, méthodiquement, à détruire les institutions constitutionnelles, financières, l’armée et la justice.
Il y a des parties qui choisissent de créer des problèmes et d’empêcher les solutions », a lancé le dignitaire religieux. « La vie de la nation n’est pas celle des quotas.
C’est l’intégration de valeurs, la rencontre de volontés et un profit commun », a-t-il encore estimé, demandant que « les droits des confessions et leurs quotas s’évanouissent devant les droits des citoyens à la sécurité, à la nourriture, à l’éducation, à la santé, au travail, à la prospérité et à la paix ».
Neutralité et conférence internationale
« Je dis à tous ceux qui sont à l’origine de l’échec de la formation du gouvernement et de ses conséquences financières, économiques, monétaires et sociales : arrêtez les abus ! Arrêtez les comportements égoïstes et autoritaires ! Arrêtez de sacrifier le Liban et les Libanais pour le bien d’autres peuples, d’autres causes et d’autres pays ! Arrêtez les interprétations personnelles de la Constitution et les hérésies dans l’interprétation du pacte national (1943). Libérez la prise de décision et le peuple libanais ! » a exhorté le patriarche dans son message.
Le chef de l’Église maronite a conclu son homélie en revenant, en quelques mots, sur ses deux principaux chevaux de bataille : la neutralité du Liban et la tenue d’une conférence internationale pour sauver le pays. « Un Liban neutre est un Liban de stabilité et de paix. Quant au Liban partial, c’est le Liban de la tourmente et de la guerre. Nous voulons la paix, pas la guerre. La neutralité est dans l’intérêt de tous et peut sauver tout le monde », a-t-il affirmé, sachant que cette proposition ne fait pas l’unanimité, notamment auprès du Hezbollah, encore armé et engagé notamment en Syrie aux côtés du régime du président Bachar el-Assad.
« Quant à la conférence internationale, elle donnera au Liban une nouvelle vie en stabilisant son entité, ses frontières internationales, en renouvelant le partenariat national, en renforçant sa souveraineté, son indépendance et son armée », a jugé Mgr Raï, ajoutant que « les Nations unies et nos amis arabes et internationaux sont prêts à discuter de cette proposition car ils souhaitent aider le Liban à rester un pays libre et privilégié dans cet Orient ».
Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, est revenu durant le week-end sur le blocage gouvernemental, réaffirmant que c’est le signe qu’il existe un « plan clair visant à changer l’identité du Liban ». Reprenant à son compte l’accent des Psaumes de l’exil dans lequel le peuple de l’Ancien Testament se demandait « comment chanter des chants de joie en...
commentaires (7)
CONSEILLEZ-LUI, S,IL EST CHRETIEN PRATIQUANT, D,ABDIQUER. ASSEZ DE MAL ET DE MALHEUR, EN PLUS DE L,EMIGRATION MASSIVE, IL A DESCENDU SUR LA TETE DES CHRETIENS. ASSEZ !
LA LIBRE EXPRESSION
21 h 32, le 06 avril 2021