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Nos Lecteurs ont la Parole

La langue française : à l’adresse des ambassades francophones

Il y a trois ans, nous évoquions dans ces mêmes colonnes « les multiples possibilités de la langue française » (L’Orient-Le Jour du 17 mars 2018). Si l’adoption de plusieurs langues est dictée par l’évolution du monde, l’usage du français, dans les sociétés francophones, requiert une attention et des mesures qu’on aurait tort de négliger. Le bon français et le beau Français obéissent à des exigences différentes. Par-delà la fidélité aux règles de la morphologie et de la syntaxe, le francophone doit ressentir et communiquer le flux qui irrigue la langue, depuis les fabliaux jusqu’aux grands auteurs. Or il n’est pas rare de trouver, sur le marché, des publications, fidèles aux règles de la grammaire, mais qui sonnent faux.

Dans l’espoir d’une reprise dans les établissements scolaires après la crise actuelle, il convient de s’y préparer, sans tarder. Une exigence particulière s’impose quant au choix des professeurs de français. Même exigence pour leur imposer une formation continue et éviter ainsi les enseignements figés, qui se répètent d’année en année. La qualité de l’enseignant est la condition sans laquelle le « parler français » sacrifierait le beau langage. Les directeurs des établissements d’enseignement ne devraient pas se soustraire à cette exigence ; à eux l’obligation de juger, par eux-mêmes, par leur présence de temps en temps dans les salles de classe, et non par ouï-dire, quel français est enseigné dans leurs établissements.

Une mauvaise expérience vécue par le signataire de ces lignes pourrait illustrer ce qu’elles impliquent. Au cours d’une interrogation orale portant sur une matière inscrite au programme comme devant être enseignée en français, un étudiant a voulu se prévaloir de son attachement à la langue nationale pour échapper à l’examen. À la question de savoir quelle profession il exerçait, il répondit qu’il était professeur de français. Et de préciser : c’est évidemment « j’ai, tu as, il a que j’enseigne, c’est tout ce que je sais… ».

La stricte exigence de qualité devrait être, pour les écoles, une condition pour l’obtention de l’appui des pays et des agences francophones. Pourquoi ne pas préparer dès à présent un plan s’étendant sur deux ou trois ans et qui organiserait la préparation d’enseignants capables d’apprendre, à leurs élèves, un français fidèle à la culture et aux belles-lettres qui étoffent cette langue ?

Conclusion :

Écrasé par les mauvais jours vécus par chacun, on pourrait se demander si ces propositions ne jurent pas avec les soucis qui pèsent sur les Libanais. Parler de l’enseignement d’une langue est-il, en outre, approprié lorsque les frais de scolarité et les salaires sont impayés ? La réponse est simple : les difficultés présentes n’annihilent ni l’espérance ni la détermination du Libanais. C’est, en effet, la formation assurée par les collèges et les lycées, avec leur rigueur et l’exigence de qualité, qui a planté, profondément en chacun, le pouvoir de se relever après les crises. Négliger cette exigence mènerait les générations de demain vers la dilution de l’esprit de résilience et le culte de la médiocrité, ce qui condamnerait la renaissance du pays. C’est pourquoi aider le peuple libanais, c’est également empêcher cette déliquescence.

Hassãn-Tabet RIFAAT

Président de l’IDEF-Liban (Institut

international de droit d’expression et

d’inspiration françaises)

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Il y a trois ans, nous évoquions dans ces mêmes colonnes « les multiples possibilités de la langue française » (L’Orient-Le Jour du 17 mars 2018). Si l’adoption de plusieurs langues est dictée par l’évolution du monde, l’usage du français, dans les sociétés francophones, requiert une attention et des mesures qu’on aurait tort de négliger. Le bon français et le...

commentaires (1)

L'appel de Monsieur Hassãn-Tabet Rifaat, véritable concentré d'un cours magistral, devrait nous faire prendre conscience de la nécessité urgente de mettre en oeuvre ce "plan s’étendant sur deux ou trois ans et qui organiserait la préparation d’enseignants capables d’apprendre, à leurs élèves, un français fidèle à la culture et aux belles-lettres qui étoffent cette langue." Monsieur Hassan-Tabet Rifaat est Docteur en droit. Avocat et Professeur à la Faculté de droit de l'Université Saint-Joseph

Paul-René Safa

09 h 02, le 27 mars 2021

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Commentaires (1)

  • L'appel de Monsieur Hassãn-Tabet Rifaat, véritable concentré d'un cours magistral, devrait nous faire prendre conscience de la nécessité urgente de mettre en oeuvre ce "plan s’étendant sur deux ou trois ans et qui organiserait la préparation d’enseignants capables d’apprendre, à leurs élèves, un français fidèle à la culture et aux belles-lettres qui étoffent cette langue." Monsieur Hassan-Tabet Rifaat est Docteur en droit. Avocat et Professeur à la Faculté de droit de l'Université Saint-Joseph

    Paul-René Safa

    09 h 02, le 27 mars 2021

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