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Économie - Crise

Réserves de la BDL : que reste-t-il pour les subventions ?

Un calcul rapide permet de constater que le montant de ces réserves obligatoires, déterminé à partir du total des dépôts pris en compte, devrait atteindre 17,3 milliards, un montant nettement plus élevé que celui des devises fortes que la BDL détient encore, selon les chiffres communiqués par deux membres de l’exécutif.

Réserves de la BDL : que reste-t-il pour les subventions ?

Mardi, Ghazi Wazni avait assuré à Bloomberg que les réserves totales de la BDL n’atteignaient que 16 milliards de dollars, estimant entre 1 et 1,5 milliard de dollars l’enveloppe pouvant être utilisée pour les subventions. Photo João Sousa

Deux hauts responsables du gouvernement, le Premier ministre sortant Hassane Diab et le ministre des Finances Ghazi Wazni, ont déclaré dans la presse cette semaine que les mécanismes de subvention d’achat de dollars devant financer certaines importations seraient supprimés au cours des prochains mois, en invoquant comme motif la baisse des réserves en dollars encore détenues par la Banque du Liban (BDL).

Si cela fait plusieurs mois que le gouvernement prépare ce chantier, c’est en revanche une des rares fois que ses membres évoquent publiquement le montant des réserves de la BDL, y compris la portion utilisable, à savoir ce qui lui reste après déduction des réserves obligatoires déposées par les banques et déterminées en fonction des dépôts en devises de leurs clients.

Ainsi, après avoir déclaré mardi à l’agence Reuters que les mécanismes bénéficiant aux importations de certains biens essentiels de consommation ne pourraient pas se poursuivre au-delà de juin, le Premier ministre sortant a indiqué le jour suivant au média égyptien Sabah el-Kheir que le montant des réserves obligatoires recalculé, en tenant compte de la baisse des dépôts depuis le début de la crise, s’élevait désormais à 15 milliards de dollars. Un ajustement permettant donc au Liban de consacrer moins que 1,5 milliard de dollars au financement des mécanismes de subventions. Mardi, Ghazi Wazni avait, lui, assuré à Bloomberg que les réserves totales de la BDL n’atteignaient que 16 milliards de dollars, estimant entre 1 et 1,5 milliard de dollars l’enveloppe pouvant être utilisée pour les subventions.

Ne pas piocher

Selon les commentaires de Hassane Diab partagés avec L’Orient Today, la BDL détient 16,7 milliards de dollars de réserves de change, mais ce chiffre comprend les eurobonds – dette libellée en dollars émises par le ministère des Finances – d’une valeur d’environ 700 millions à 1 milliard de dollars. Il s’agit ici de la valeur dépréciée sur le marché des titres totalisant une valeur comptable de 5,03 milliards.

Mi-février, le gouverneur de la BDL Riad Salamé a déclaré à L’Orient Today que la banque centrale détenait 17,214 milliards de dollars de réserves en devises. Un montant qui correspond donc à ceux évoqués par les deux hauts responsables si les euro-obligations sont inclues. Les subventions drainent environ 540 millions de dollars par mois, selon le ministère de l’Économie et du Commerce.

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Cependant, le fait que la BDL ne détient plus que 16,7 milliards de dollars de devises signifie qu’elle s’est résolue à franchir une ligne rouge tracée par son propre gouverneur lorsqu’il a promis de ne pas piocher dans les réserves obligatoires. En vertu de la règlementation actuelle, les banques doivent déposer un minimum de 15 % de leurs engagements totaux en devises à la BDL, principalement des dépôts clients.

À la fin du mois de décembre, les banques du pays détenaient environ 118,4 milliards de dollars d’avoirs clients en devises, selon les statistiques de la BDL. Sur ce total, 1 milliard de dollars constitueraient des dépôts « frais » – les fonds en devises qui échappent aux restrictions bancaires – un montant qui n’est pas couvert par les réserves obligatoires, a expliqué un banquier à L’Orient Today sous couvert d’anonymat. Sur la base des tendances actuelles, les 117,4 milliards de dollars de passifs en devises restants auraient dû diminuer d’environ 800 millions de dollars par mois, soit environ 2 milliards de dollars entre janvier 2021 jusqu’à mi-mars, laissant 115,4 milliards de dollars de passifs en devises au bilan des banques, pouvant alors servir de base à la détermination du montant des réserves obligatoires.

Il reste qu’un calcul rapide permet de constater que le montant de ces réserves obligatoires, déterminé à partir du total des dépôts pris en compte, devrait donc atteindre 17,3 milliards, un montant nettement plus élevé que celui des devises fortes que la BDL détient encore, selon les chiffres communiqués par les deux membres de l’exécutif. Une différence d’autant plus difficile à expliquer dans la mesure où les statistiques de la BDL ne trahissent pas de forte hausse du rythme des retraits effectués par les déposants dans les banques libanaises et que le ratio utilisé pour calculer les réserves obligatoires est toujours de 15 %.

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Une des conclusions possibles consisterait alors à dire que la BDL n’a plus assez de devises pour couvrir cet engagement, ce qui serait en contradiction avec la politique déclarée de Riad Salamé et de la raison justifiant l’arrêt des subventions à court terme, mais permettrait de justifier la raison pour laquelle les subventions ne pourraient pas être maintenues plus longtemps. Riad Salamé a en effet averti à plusieurs reprises qu’il ne puiserait pas dans les réserves obligatoires pour financer les mécanismes de subventions en place, qui seraient arrêtés une fois les réserves disponibles épuisées. Dans une interview à al-Hadath début décembre, il avait en outre déclaré qu’il n’était déjà à l’époque plus en mesure de maintenir ces mécanismes plus de deux mois supplémentaires. Enfin, le mois dernier, la BDL a assuré ne pas avoir touché aux réserves obligatoires, sans toutefois fournir de précisions concernant les montants en dollars déposés auprès d’elles par les banques, bien que L’Orient Today ait présenté plusieurs requêtes pour obtenir ces informations au cours du mois dernier.

Autant d’éléments qui alimentent des questions légitimes. Si la BDL a déjà outrepassé les limites qu’elle s’était fixées en ponctionnant dans les réserves obligatoires, qu’est-ce qui l’empêche de le faire maintenant ? Si la baisse des réserves obligatoires suit celles des dépôts, alors l’excédent devrait être en toute logique reversé aux banques ou crédité sur leurs comptes à la BDL, que ce soit en dollars frais ou en lollars (dollars bloqués pouvant être retirés au taux de 3 900 livres). Les banques ont-elles été prévenues du projet et sont-elles consentantes ?

La BDL va-t-elle modifier, via une décision de son conseil central et une circulaire, le ratio servant à calculer le montant des réserves obligatoires ?

La Banque du Liban n’a pas pour l’instant répondu à nos sollicitations sur ce sujet, pas plus qu’elle n’a publié d’informations sur le montant des réserves disponibles restantes. Même mutisme du côté du service de presse de Ghazi Wazni qui n’a pas commenté les propos du ministre des Finances.

Deux hauts responsables du gouvernement, le Premier ministre sortant Hassane Diab et le ministre des Finances Ghazi Wazni, ont déclaré dans la presse cette semaine que les mécanismes de subvention d’achat de dollars devant financer certaines importations seraient supprimés au cours des prochains mois, en invoquant comme motif la baisse des réserves en dollars encore détenues par la Banque...

commentaires (2)

Ne comprenant rien à tout ce charabia je voudrais poser la question aux spécialistes.qu’en est il de la réserve en or? Existe elle encore? Si oui n’est elle,pas ce see service en cas de force majeure pour redresser un pays? Le monde entier s’est vu ponctionner ses réserves pour venir en aide aux citoyens ruinés par le COVID et les libanais croulent sous des tonnes de gravats et de virus de tout genre et personne ne prend la peine d’évoquer la possibilité d’utiliser ses réserves pour les secourir en utilisant tout ce qui est dans leurs coffres forts pour le sauver en attendant le dénouement de la crise mondiale. Ça c’est bien sûr si ces réserves sont toujours là parce que rien ne justifie qu’on les garde au chaud alors que le but est de les utiliser pour empêcher la faillite du pays NON. Alors pourquoi personne n’en parle?

Sissi zayyat

12 h 59, le 20 mars 2021

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Commentaires (2)

  • Ne comprenant rien à tout ce charabia je voudrais poser la question aux spécialistes.qu’en est il de la réserve en or? Existe elle encore? Si oui n’est elle,pas ce see service en cas de force majeure pour redresser un pays? Le monde entier s’est vu ponctionner ses réserves pour venir en aide aux citoyens ruinés par le COVID et les libanais croulent sous des tonnes de gravats et de virus de tout genre et personne ne prend la peine d’évoquer la possibilité d’utiliser ses réserves pour les secourir en utilisant tout ce qui est dans leurs coffres forts pour le sauver en attendant le dénouement de la crise mondiale. Ça c’est bien sûr si ces réserves sont toujours là parce que rien ne justifie qu’on les garde au chaud alors que le but est de les utiliser pour empêcher la faillite du pays NON. Alors pourquoi personne n’en parle?

    Sissi zayyat

    12 h 59, le 20 mars 2021

  • PAUVRE PEUPLE LIBANAIS. ALIBABA N,AVAIT QUE SIMSOM COMME CAVERNE. VOUS EN AVEZ DE MULTIPLES - LA CAVERNE ETOILEE PRESIDEE PAR GOUPIL. - LA CAVERNE DE L,ECHELLE DES PLUS HAUTS PRESIDE PAR LE PLUS HAUT. - LA CAVERNE DES BANQUES PRESIDEE PAR LA CENTRALE. - LA CAVERNE DES HERITIERS POLITIQUES PRESIDEE PAR SANTA APPELE AUSSI SAINT BASSIL. - ET LA GRANDE CAVERNE DES CONTREBANDIERS PRESIDEE AU NOM D,ALLAH PAR UN DIVIN. - QUE VOUS RESTE-T-IL APRES TOUS CES VOLEURS ? LA MORT DE FAIM OU DU COVID QUI EST PLUS CLEMENT. MAIS IL VOUS RESTE ENCORE ET NE L,OUBLIEZ PAS LA FORCE DU SOULEVEMENT POPULAIRE GIGANTESQUE QUI BALAIERA TOUT SUR SON PASSAGE ET OUVRIRA LA VOIE DU NOUVEAU. A VOUS DE CHOISIR.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 01, le 19 mars 2021

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