Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

La Fête de l’enseignant, « F »... comme fatalité !

Je ne veux pas de cette fête. N’en déplaise aux optimistes.

Enseignante depuis 31 ans, alors que ma profession me procurait une fierté infinie, aujourd’hui je suis sombre.

Je ne veux pas de cette fête, pour des raisons de tout ordre. Elles tiennent de l’affectif, du psychologique, de l’économique, du relationnel, de l’estime, de tout ce qui peut ajouter ou retrancher à une carrière.

Je ne veux pas de cette fête, tant que des programmes vétustes nous collent toujours à la peau et banalisent les cerveaux, tant que les gouvernements ignorent le besoin de modernisation des contenus, par manque de budget, alors que des dépenses inutiles sont permises dans d’autres secteurs.

Je ne veux pas de cette fête, tant que nos syndicats ne sont pas transformés en « ordres », pour ouvrir la voie à la solidité et à la liberté du métier et tant que des décideurs dressent encore des obstacles devant ces tentatives.

Je ne veux pas de cette fête, tant que des droits légitimes sont encore en suspens... par la raison du plus fort et que des lois promulguées par le Parlement restent inappliquées avec un sans-gêne écœurant.

Je ne veux pas de cette fête tant que les enseignants retraités sont les victimes de la bureaucratie insolente des caisses d’indemnité dont les membres se déchirent le pouvoir aux dépens des enseignants, qui attendent des mois pour bénéficier de leurs indemnités de fin de service ou de leurs salaires de retraite.

Je ne veux pas de cette fête, tant que dans mon pays, l’éducation est laissée pour compte, étant le dernier des derniers soucis des gouvernements, et par transitivité l’éducateur l’est devenu. Tant que mon pays permet l’impunité des licenciements abusifs, se désintéresse de l’abstinence des paiements de contribution à la caisse d’indemnité durant des décennies et laisse passer inaperçue toute autre forme d’injustice touchant le secteur de l’éducation.

Je ne veux pas de cette fête, tant que certaines institutions n’ont pas reconnu la valeur humaine, inégalable, de leur personnel enseignant, et ceci non pas en le fêtant un 9 mars par des cadeaux et des fleurs éphémères, mais en lui restituant la valeur d’antan qui empêchait qu’on lui dise : « Personne n’est irremplaçable ! »

Je ne veux pas de cette fête, bien que nos élèves nous apprécient pour deux, de cette affection inconditionnelle qui bâtit des ponts éternels entre nous, et que leur reconnaissance nous laisse aimer davantage nos soirées, nos fins de semaine et nos congés remplis de travail.

Je ne veux pas de cette fête qui n’offre pas à l’enseignant, chaque jour, et non pas occasionnellement, les lauriers de la gloire pour sa contribution à la construction de l’homme.

J’attendrai uniquement, et j’entendrai avec plaisir, un remerciement sincère d’un élève pour lequel l’histoire personnelle de chaque enseignant fut une leçon de vie…


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Je ne veux pas de cette fête. N’en déplaise aux optimistes.Enseignante depuis 31 ans, alors que ma profession me procurait une fierté infinie, aujourd’hui je suis sombre.Je ne veux pas de cette fête, pour des raisons de tout ordre. Elles tiennent de l’affectif, du psychologique, de l’économique, du relationnel, de l’estime, de tout ce qui peut ajouter ou retrancher à une...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut