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Politique - Décryptage

Gouvernement : une légère avancée interne, mais l’obstacle externe demeure

Le paysage libanais devient chaque jour un peu plus surréaliste. Après la nuit de colère quasiment généralisée mardi, on aurait pu croire que la journée d’hier verrait des réunions extraordinaires urgentes pour tenter d’apaiser la population. Mais tout ce à quoi ont eu droit les Libanais, c’est un communiqué de la présidence de la République sur la détermination du chef de l’État à comprendre les causes de la montée vertigineuse du dollar américain par rapport à la livre et sur les questions qu’il a adressées au gouverneur de la Banque centrale à ce sujet, après l’avoir reçu au palais de Baabda. Certes, le président de la République n’a plus, depuis Taëf, les prérogatives qui lui permettraient d’agir directement et d’influer sur le cours des événements, mais les développements de la nuit de mardi auraient dû susciter une réaction plus évidente de la part de tous les responsables, notamment le gouvernement démissionnaire, le président du Conseil désigné ou même le Parlement.

Pourtant, de ces côtés-là, rien n’a été enregistré. Comme si ce qui s’est passé la veille était un détail sans importance. Faut-il en conclure que désormais, il faut s’attendre à ce que ce scénario se reproduise régulièrement, sans aucune possibilité de sortie de crise ? Cette colère populaire face à des conditions de vie de plus en plus difficiles pour la grande majorité des Libanais ne devrait-elle pas pousser les autorités à mettre sur pied, sans plus tarder, un gouvernement capable de prendre les mesures nécessaires pour redresser le pays ?

Sur ce point, les sources qui suivent le dossier de la formation du gouvernement font état d’une avancée dans les négociations, notamment dans le cadre des médiations discrètes qui ne se sont jamais totalement arrêtées. Selon ces mêmes sources, la plupart des obstacles internes qui entravent la genèse du cabinet auraient été surmontés. Les parties concernées se seraient ainsi mises d’accord sur le principe des ministres spécialisés n’ayant pas d’affiliation politique. Elles se seraient aussi entendues pour que le cabinet compte 18 membres, sans tiers de blocage pour aucune partie, selon le principe des trois « 6 ». De même, le chef de l’État et son camp devraient pouvoir choisir dans ce contexte cinq ministres chrétiens, tout en laissant le sixième au courant des Marada, mais dans le cadre d’un choix commun ou au moins avec leur accord. Même chose pour le ministre arménien qui serait choisi par le parti Tachnag avec l’accord du chef de l’État et ferait ainsi partie des cinq ministres attribués à ce dernier. Le seul problème n’ayant pas encore été réglé, selon ces mêmes sources, serait celui de la distribution des portefeuilles et en particulier le ministère de l’Intérieur.

Toujours selon les sources précitées, le président du Conseil désigné continue d’exiger le portefeuille de l’Intérieur, qui revient depuis des années à une personnalité évoluant dans la mouvance du courant du Futur, l’exception Mohammad Fahmi n’ayant pas été concluante selon lui. Après avoir lui-même proposé une rotation des portefeuilles, notamment régaliens, Saad Hariri se serait donc rétracté et exigerait de reprendre l’Intérieur, quitte à redonner les Affaires étrangères à une personnalité chrétienne. Il faut rappeler à cet égard que les portefeuilles régaliens sont au nombre de quatre (la Défense, les Affaires étrangères, l’Intérieur et les Finances), répartis entre deux personnalités musulmanes et deux personnalités chrétiennes.

Le « nœud » dit du ministère de l’Intérieur peut paraître anodin, mais il cache en réalité le problème d’une répartition équilibrée des portefeuilles, sachant que, dans la tradition libanaise, ceux-ci sont classés selon leur importance : après les portefeuilles régaliens, il y a donc le portefeuille de la Justice, puis les ministères de services et enfin les portefeuilles jugés secondaires comme ceux de la Culture et de l’Information.

Toutefois, selon les sources qui suivent le processus de formation du gouvernement, ces questions pouvaient être résolues si le contexte régional et international était différent. Pour ces mêmes sources, la véritable entrave viendrait donc de l’extérieur. Elle consisterait dans les conseils donnés au Premier ministre désigné de ne pas faire de concessions au chef de l’État et à son camp, ainsi qu’au Hezbollah, s’il veut réellement obtenir l’appui de la communauté internationale et permettre à son gouvernement d’assurer aux Libanais une sortie de crise qui devrait renforcer sa propre position à l’intérieur.

Saad Hariri (ainsi que toutes les autres parties politiques d’ailleurs) est sensible à un tel argument, sachant que les élections législatives devraient se dérouler dans 14 mois et que le choix des électeurs sera probablement tributaire du bilan financier, économique et social du gouvernement en place. Si à ce moment-là M. Hariri ne peut pas afficher de bilan positif, sa position aux élections s’annoncera difficile, surtout en l’absence d’importants moyens financiers et avec la concurrence sur la scène sunnite de plusieurs parties, dont son frère Baha’. Cela sans parler du rôle populaire grandissant des représentants de la société civile.

Pour toutes ces raisons, en dépit d’une percée effectuée par les médiations discrètes, le gouvernement n’est pas encore entré dans le sprint final avant la naissance…

Le paysage libanais devient chaque jour un peu plus surréaliste. Après la nuit de colère quasiment généralisée mardi, on aurait pu croire que la journée d’hier verrait des réunions extraordinaires urgentes pour tenter d’apaiser la population. Mais tout ce à quoi ont eu droit les Libanais, c’est un communiqué de la présidence de la République sur la détermination du chef de...

commentaires (3)

Ecrire pour ne rien dire!

IMB a SPO

17 h 05, le 04 mars 2021

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Commentaires (3)

  • Ecrire pour ne rien dire!

    IMB a SPO

    17 h 05, le 04 mars 2021

  • JE COMPRENDS QUE LES JOURNALISTES ET EDITORIALISTES DOIVENT PARFOIS FAIRE DES EFFORTS MONSTRES POUR PONDRE LEURS PAPIERS , AU RISQUE MEME DE SE REPETER, NORMAL QUOI. MAIS DISCULPER PTI GENDRE ET BO PAPA,LES DEFENDRE SANS VERGOGNE -ALORS MEME QUE L'IMMENSE MAJORITE DES CITOYENS LES VOUENT AUX GEMONIES,EN RESSASSANT LA MEME LITANIE, USER DES MEMES MOTS DE LOUANGES ENCORE ET ENCORE ? FAUT ETRE SCARLETT H POUR AVOIR CETTE PERSISTANCE DANS L'AME.

    Gaby SIOUFI

    11 h 10, le 04 mars 2021

  • Un sprint final avant la naissance...???...mais c'est très dangereux...!!! - Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 05, le 04 mars 2021

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