Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, ne lâche pas prise. Mais s’il continue de vouloir s’affirmer comme fer de lance de l’opposition au mandat de Michel Aoun, l’heure n’est pas encore au passage à l’acte. Dernièrement, le leader maronite multiplie les appels à une démission des députés au sein du bloc parlementaire affilié à sa formation. Le feu vert à une telle mesure n’est toutefois pas encore donné.
Il y a plusieurs mois, le leader des FL a clairement défini les objectifs de la bataille de son parti dans la prochaine phase : en finir avec le pouvoir en place et unifier les opposants au mandat de Michel Aoun dans le cadre d’un front élargi. C’est dans ce contexte que s’inscrivent ses propos tenus hier lors d’une interview accordée à la Radio Liban libre. « J’appelle le reste des députés (c’est-à-dire ceux qui ne gravitent pas dans l’orbite du tandem chiite et du Courant patriotique libre) à démissionner du Parlement et à ce que nous allions vers des législatives anticipées. Avec ces élections, la majorité parlementaire changera, et nous irons vers l’élection d’un nouveau président et la formation d’un nouveau gouvernement », a estimé le chef des FL. Tant que la majorité parlementaire et le président de la République ne démissionnent pas, « la seule solution est la démission du plus grand nombre de députés, qui nous mettra sur la voie d’un scrutin anticipé », a-t-il ajouté. La prochaine consultation populaire est prévue pour mai 2022, et nombreux sont ceux qui s’attendent à ce que se tiennent des législatives partielles pour pourvoir aux dix sièges vacants au sein de la Chambre issue du scrutin du 6 mai 2018. « Pour le moment, nous estimons que les législatives anticipées sont le seul moyen de sortir le pays de la crise », commente pour L’Orient-Le Jour un responsable FL. Il en veut pour preuve l’incapacité de Saad Hariri à mettre sur pied un gouvernement de mission formé de spécialistes indépendants des partis politiques.
Il reste que Samir Geagea est conscient qu’une démission unilatérale de la part des parlementaires affiliés à son parti n’est pas à même de mener à des législatives anticipées. « La seule démission des FL ne constituerait pas une percée », déclare le responsable FL, avant de poursuivre : « Les appels de Samir Geagea à la démission des députés devraient paver la voie au sauvetage du pays. Ses propos visent donc à exhorter les parlementaires, notamment ceux qui sont ouvertement hostiles au pouvoir, à rendre leur tablier. »
Il va sans dire que ce message de la part du leader de Meerab est adressé d’abord au courant du Futur et au Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, grand allié du président de la Chambre, Nabih Berry. « Par le passé, nous avions mené des contacts avec Moukhtara et la Maison du Centre pour une démission collective. Mais les deux parties concernées n’ont pas voulu claquer la porte de la Chambre », confie le responsable FL, précisant que Samir Geagea s’adressait à tous les protagonistes sans exception. À une question portant sur la prochaine étape, au vu de l’insistance du Futur et du PSP à conserver leurs sièges, le proche de Samir Geagea répond : « Si nous n’arrivons pas à dissoudre la Chambre par les démissions collectives, nous n’avons d’autre choix que de poursuivre notre forcing politique. Parce qu’un éventuel recours à la rue pourrait menacer la sécurité du pays, ce qui, pour nous, est une ligne rouge à ne pas franchir. »
Chez Audi et Shea
En attendant de nouvelles réactions de la part de leurs alliés d’hier, les FL poursuivent leur tournée auprès des autorités religieuses du pays. Une délégation du parti s’est donc entretenue hier avec le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Élias Audi. À l’issue de la réunion, Imad Wakim, député de Beyrouth, a indiqué que la discussion a porté sur les derniers développements sur la scène locale. Et de souligner que les participants ont insisté sur l’importance de préserver la neutralité du Liban par rapport aux conflits régionaux, par le biais d’une conférence internationale sous les auspices de l’ONU. Des revendications maintes fois formulées par le patriarche maronite, Béchara Raï. Sur un autre registre, Imad Wakim a déploré la crise économique qui secoue le pays ainsi que le retard à former le gouvernement.
Une autre délégation du parti de Samir Geagea s’est entretenue hier avec l’ambassadrice des États-Unis à Beyrouth, Dorothy Shea, à Aoukar. L’occasion de lui remettre une copie de la demande adressée par Meerab, il y a une dizaine de jours, au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, pour qu’une enquête internationale soit menée au sujet de la tragédie du 4 août. Dans le cadre de la tournée auprès des ambassadeurs des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité, une délégation FL devrait rencontrer l’ambassadeur de Russie à Beyrouth, Alexander Rodakov, demain vendredi.
commentaires (4)
Geagea accumule les erreurs, et n’a toujours pas compris que Hariri est plus proche de Berri et Joumblat que de lui...Mafia oblige.
Sam
11 h 54, le 05 mars 2021