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Nos Lecteurs ont la Parole

Notre huit mars deux mille vingt et un

Bientôt le 8 mars, ce jour où le monde entier célèbre la femme. Je n’ai jamais vraiment cherché à comprendre cette journée. Cette année, nous avons été témoins d’un sexisme spectaculaire à plusieurs reprises en un temps record : « Que les femmes cuisinent un peu », « Une femme ne peut pas être Premier ministre car la femme est par nature douce et timide », « Moi, je peux m’abaisser à un niveau très bas, alors qu’une femme ne peut pas le faire »… ces expressions, nous ne les oublions pas. Entre fou rire, indignation et réflexion, nos réactions varient. Indifférence aussi pour certains, peut-être. Dans tous les cas, parallèlement à l’attention particulière accordée cette année à toutes les initiatives de diversité et d’inclusion à travers le monde à la suite de la saga George Floyd, la journée du 8 mars 2021 aura sans doute un goût particulier pour nous aussi.

Ces expressions que nous dénonçons collectivement ne reflètent-elles pourtant pas une mentalité bien présente au sein de notre société ? Les exemples sont nombreux, mais si je ne veux en citer qu’un, il s’agirait d’un incident qui m’avait marqué lors d’un vol à bord de la Middle East Airlines quand un des passagers, réagissant aux fortes turbulences, s’exclamait : « Une conduite de femmes ! » et un autre passager lui répondit : « Mais sérieusement, tu peux imaginer une femme en train de conduire un avion? »… Passagères et passagers rigolaient tous à fond. Mon voisin de rang était convaincu que c’est parce que je ne comprends pas l’arabe que je ne réagissais pas. Quand il a appris que j’avais tout compris mais que je n’avais pas rigolé car cela ne m’avait pas semblé drôle, il a cherché à me convaincre qu’il fallait avoir un peu d’humour dans la vie et apprécier les blagues, dont celle-ci…

Comme quoi, quelque part et quoi qu’on dise, notre pouvoir reflète notre société sur certains aspects. Car oui, notre société est patriarcale. Car oui, les femmes sont souvent infantilisées par les hommes.

Mahmoud Darwiche, faisant référence au genre des mots en langue arabe, disait : « Si la civilisation est féminine, et la culture féminine, et la langue féminine, et le poème féminin, et l’arbre féminin, et la révolution féminine, pourquoi les hommes détiendraient-ils l’exclusivité du pouvoir ? » Visiblement, les grands esprits orientaux ont compris la femme il y a bien longtemps. Au Moyen-Orient, les hommes au pouvoir ne les représentaient pas. Quant aux prédilections d’une langue, de l’usage et de la réappropriation des mots, moi je veux y croire. Si « lutte » est un mot masculin en arabe, ce sont aujourd’hui les femmes également qui portent le prénom « Nidâl » qui autrefois était uniquement masculin. Lutter pour une noble cause, y compris leur propre cause pour leur propre reconnaissance, est aujourd’hui du ressort des femmes…

Mes chers concitoyens, priorisons nos luttes. Avant de revendiquer une société et un pouvoir absolument laïcs, soit le droit d’accès de tous au pouvoir suprême, commençons par le bas et exigeons nos droits humains les plus fondamentaux. L’égalité des genres dans les sociétés est une évidence de nos jours. Ailleurs, le sexisme est un délit et les propos sexistes sont punis par la loi. Le Liban, le pays du Moyen-Orient avec le taux de population féminine active et instruite le plus élevé, a encore beaucoup à accomplir. Prenons part tous, femmes et hommes, à cet immense mais merveilleux chantier, car l’avenir de notre pays en dépend. Droits et évolution des mentalités vont de pair.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Bientôt le 8 mars, ce jour où le monde entier célèbre la femme. Je n’ai jamais vraiment cherché à comprendre cette journée. Cette année, nous avons été témoins d’un sexisme spectaculaire à plusieurs reprises en un temps record : « Que les femmes cuisinent un peu », « Une femme ne peut pas être Premier ministre car la femme est par nature douce et...

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