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Économie - Réformes

Audit de la BDL : où en est la relance d’Alvarez & Marsal par l’exécutif

Selon une source au ministère des Finances, le Liban n’a pas encore payé les 151 000 dollars dus dans le cas où le cabinet arrêterait sa mission avant même de l’avoir commencée.

Audit de la BDL : où en est la relance d’Alvarez & Marsal par l’exécutif

Le siège de la Banque du Liban, à Beyrouth. Photo d'archives AFP/Patrick BAZ

Réforme prioritaire exigée par les partenaires du Liban comme préalable à tout déblocage d’une assistance financière conséquente qui permettrait de financer le redressement économique et financier du pays, l’audit juricomptable – aussi appelé audit pénal – de la Banque du Liban (BDL) est aujourd’hui suspendu à la décision d’Alvarez & Marsal, le cabinet initialement chargé de ce volet. La société, engagée en septembre dernier en même temps que KPMG et Oliver Wyman – le premier pour le volet purement comptable, le second pour les particularités relatives aux banques centrales –, doit en effet décider si elle revient sur sa décision prise en novembre dernier de jeter l’éponge. Un forfait déclaré en réaction au refus, par deux fois, de la Banque centrale de lui communiquer une partie des informations nécessaires pour démarrer sa mission, qui consiste à détecter d’éventuelles opérations suspectes et à les documenter de manière à pouvoir poursuivre leurs bénéficiaires en justice, en cas d’infraction avérée.

Serveur dédié
L’opération est on ne peut plus sensible, dans une économie ruinée, rongée par trente ans d’instabilité politico-sécuritaire locale et régionale, de corruption et de clientélisme, et seul le Courant patriotique libre du président Michel Aoun a jusqu’ici ouvertement affiché sa volonté de la voir menée à terme. La BDL avait, elle, justifié son refus de répondre à l’ensemble des demandes d’Alvarez & Marsal en invoquant la confidentialité de certaines données protégées par la loi libanaise de 1956 sur le secret bancaire. Cet argument a été cependant battu en brèche notamment par la ministre sortante de la Justice, Marie-Claude Najm, qui l’a jugé infondé compte tenu du fait que les comptes en question étaient publics. L’examen d’un document fuité par le magazine américain Forbes en octobre avait également laissé transparaître certains éléments permettant de douter de la bonne foi de la Banque centrale, qui n’avait répondu positivement qu’à seulement 54 demandes sur les 129 adressées, refusant de manière assez étrange certaines d’entre elles concernant par exemple les horaires d’ouverture de l’institution – alors notées comme « non disponibles ».

L’exécutif et les parlementaires ont, depuis, tenté de convaincre le cabinet de revenir sur sa décision, des tractations assimilées par une source proche du dossier à une « tentative de noyer le poisson en jouant sur des questions de forme ». Le ministre sortant des Finances, Ghazi Wazni, a ainsi maintenu le contact avec Alvarez & Marsal dont le forfait n’a pas encore été formellement acté. Selon une source au ministère des Finances, le Liban n’a par exemple pas encore payé les 151 000 dollars dus dans le cas où le cabinet arrêterait sa mission avant même de l’avoir commencée.

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Le Parlement a, lui, voté fin décembre une loi levant de manière temporaire et ciblée le secret bancaire pour faciliter l’audit de la BDL et a demandé que l’opération s’étende désormais aux comptes des institutions publiques. Le texte comprend néanmoins un défaut majeur, celui de ne pas avoir expressément inclus les comptes tiers qui pourraient être liés à ceux de la BDL et des institutions publiques, ce qui limite la possibilité pour les auditeurs de remonter aux véritables bénéficiaires des transactions frauduleuses qu’ils pourraient détecter. Dernier développement en date : la BDL a transmis à Alvarez & Marsal, via le ministère des Finances, une lettre dans laquelle elle assure ne pas avoir d’objection à transmettre les informations réclamées par le cabinet, et que ces dernières seront mises à sa disposition sur un serveur informatique dédié auquel il aura accès. La source au ministère des Finances a, elle, indiqué ne pas pouvoir prédire si un nouveau contrat sera rédigé ou si l’ancien sera amendé, dans le cas où Alvarez & Marsal déciderait de rempiler, cette formalité devant être discutée avec le cabinet.

KPMG et Oliver Wyman ont pour leur part bien entamé leurs missions prescrites, d’après la même source au ministère, mais rien ne permet pour l’instant d’affirmer qu’ils pourront livrer un examen sans réserves sans Alvarez & Marsal ou tout autre cabinet spécialisé dans les audits juricomptables qui pourrait lui succéder – à l’image du spécialiste Kroll, qui avait été le premier nom évoqué par l’exécutif. Un rapport d’audit des comptes de la BDL pour l’exercice 2018 et qui avait fuité dans la presse en juillet dernier, avait par exemple permis de constater que la BDL n’avait pas donné les moyens aux auditeurs qu’elle avait pourtant recrutés – Ernst & Young et Deloitte – de vérifier l’ensemble de ses comptes et opérations. L’inventaire physique des réserves d’or ou encore une opération inédite de seigneuriage sur la stabilité financière effectuée et chiffrée à plusieurs milliards de dollars par l’institution entrent dans la catégorie des éléments que les auditeurs n’avaient alors pas pu formellement auditer.

Réforme prioritaire exigée par les partenaires du Liban comme préalable à tout déblocage d’une assistance financière conséquente qui permettrait de financer le redressement économique et financier du pays, l’audit juricomptable – aussi appelé audit pénal – de la Banque du Liban (BDL) est aujourd’hui suspendu à la décision d’Alvarez & Marsal, le cabinet initialement...

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En repose au titre, la relance a rejoint le plan de redressement du pays, l’enquête sur l’explosion du port, les enquêtes sur les meurtres commis depuis des décennies à ce jour. Ce gouvernement démissionnaire s’acharne à enterrer toute trace ou preuve des crimes des vendus en suivant méticuleusement leurs ordres en minimisant leurs implications dans l’étouffement des scandales d’ailleurs un passage dans cet article décrit bien mes dires « Le texte comprend néanmoins un défaut majeur, celui de ne pas avoir expressément inclus les comptes tiers qui pourraient être liés à ceux de la BDL et des institutions publiques, ce qui limite la possibilité pour les auditeurs de remonter aux véritables bénéficiaires des transactions frauduleuses qu’ils pourraient détecter. » un DEFAUT MAJEUR dit on et non pas une volonté vorace d’empêcher quiconque de les montrer du doigt sous peine d’être évincé ou pire tué pour que seul eux restent en place avec leur pions pour saccager, menacer et tuer. Et on les laisse faire.

Sissi zayyat

14 h 13, le 20 février 2021

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Commentaires (1)

  • En repose au titre, la relance a rejoint le plan de redressement du pays, l’enquête sur l’explosion du port, les enquêtes sur les meurtres commis depuis des décennies à ce jour. Ce gouvernement démissionnaire s’acharne à enterrer toute trace ou preuve des crimes des vendus en suivant méticuleusement leurs ordres en minimisant leurs implications dans l’étouffement des scandales d’ailleurs un passage dans cet article décrit bien mes dires « Le texte comprend néanmoins un défaut majeur, celui de ne pas avoir expressément inclus les comptes tiers qui pourraient être liés à ceux de la BDL et des institutions publiques, ce qui limite la possibilité pour les auditeurs de remonter aux véritables bénéficiaires des transactions frauduleuses qu’ils pourraient détecter. » un DEFAUT MAJEUR dit on et non pas une volonté vorace d’empêcher quiconque de les montrer du doigt sous peine d’être évincé ou pire tué pour que seul eux restent en place avec leur pions pour saccager, menacer et tuer. Et on les laisse faire.

    Sissi zayyat

    14 h 13, le 20 février 2021

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