Décidément, même dans un pays raté comme celui-ci, on ne saurait bouder son plaisir à regarder s’écharper l’Orangina, premier du nom, et le Ramollo du Futur. L’un bien agrippé à son fauteuil, l’autre lorgnant sur un autre fauteuil qu’il avait pourtant largué. Dommage seulement que ce soit un échange par médias interposés, dans lequel même les accusations les plus violentes sont implicites et emberlificotées dans un sabir partisan. Vivement la bonne vieille bagarre de déménageurs de piano à coups de visseuses-perceuses, voire de marteaux-piqueurs dans les gencives. Ces gladiateurs des temps modernes ressusciteraient au moins les cirques romains et leurs spectacles d’une rare qualité. Tiens, on pourrait même les rendre payants pour colmater un tant soit peu le trou abyssal du Trésor public.
Faut faire vite cependant, parce que déjà Maître Iranien sur son Parti barbu perché a sorti de son bec un projet de solution. Aussitôt après sa logorrhée, les larbins des deux irascibles se sont arrêtés de respirer, ce qui pour sûr a fait pendant quelques secondes des économies d’oxygène à la planète. Non mais, de quoi il se mêle celui-là à vouloir fourrer son turban juste au moment où la castagne devenait intéressante ! On a deux icônes communautaires dévaluées qui s’envoient tous les jours des casseroles en pleine figure, pour la plus grande joie des Libanais affamés, et voilà que « l’Œil de Téhéran » veut raccrocher les wagons de ces deux individus qui n’ont jamais pu se blairer… Manquerait plus qu’il vienne les rabibocher et nous priver d’un spectacle arrivé pile poil pour égayer un quotidien morose. Rabat-joie, va !
C’est fou ce qu’une bête relation entre responsables politiques peut prendre chez les dirigeants arabes des proportions dantesques. À croire que ces gens-là ne peuvent tout simplement pas avoir entre eux des rapports normaux ou des contentieux ordinaires. Quand ils sont en phase, c’est automatiquement « historique » avec des destins scotchés à la limite du roulement de pelle ; et quand ils ne sont pas d’accord, ça se termine dans les injures et le pugilat.
Si la combine perse devait marcher, faudra se retaper la pose avec bécotage-pelotage devant les caméras et revenir dare-dare à la moulinette des vieilles pratiques : le Mollasson bleu amenant sa liste de cobayes ministrables, Mongénéral orange lui demandant de se la carrer là où il pense…
Donc, croisons les doigts pour que perdure le numéro de représentation guerrière des deux animateurs… Jusqu’au jour où les derniers tarés cesseront d’applaudir leurs prouesses et de chanter leurs louanges. Qui sait, peut-être après une nouvelle mutation du coronavirus…
gabynasr@lorientlejour.com
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LE CHAMEAU NE SE MOQUE PAS DES BOSSES DES AUTRES
aliosha
12 h 14, le 20 février 2021