
La stèle vandalisée à Nahr el-Kalb, dans une photo partagée par le Mouvement écologique libanais.
Sept mois après un acte de vandalisme, la stèle de Ramsès II à Nahr el-Kalb reste défigurée par une ombre grise tenace. Le résultat d’un acte de vandalisme à la peinture noire, perpétré en juillet dernier. « La pierre poreuse a absorbé la peinture en profondeur. Je ne pouvais pas forcer, parce qu’il fallait avant tout éviter les cassures, fissures ou éclatements de la pierre. J’ai fait le maximum, avec les moyens du bord, en diminuant l’intensité de la peinture autant que possible », explique Isabelle Doumit Skaï, à qui la Direction générale des antiquités (DGA) a fait appel après avoir constaté les dégâts. La spécialiste ajoute que les rochers environnants ont subi le même sort. Mais pour ceux-là, qui n’avaient pas de valeur archéologique, il a été possible de frotter vigoureusement et d’avoir recours à des solvants plus forts.
La stèle n° 14, ou stèle de Ramsès II, est l’une des plus anciennes stèles des 22 reliefs et inscriptions commémoratifs de Nahr el-Kalb, qui datent du IIe millénaire avant J-C jusqu’au IIe millénaire de notre ère (XXe siècle), et constituent des témoignages épigraphiques et iconographiques de première importance pour l’histoire et la mémoire du Liban. Elle est d’ailleurs inscrite sur la liste indicative de l’Unesco.En dépit de tous les efforts déployés pour la nettoyer, la stèle, qui date de 1713 avant J-C, reste tachée. « Les dégâts restent en effet visibles. La DGA a sollicité l’aide des experts français de l’Institut national du patrimoine pour la sauver. On attend la fin du confinement au Liban et en France pour procéder à l’opération », signale l’archéologue Tania Zaven.
Celle-ci souligne d’ailleurs que cet acte de vandalisme n’est malheureusement pas le premier. « C’est la énième fois que la porte menant au site historique de Nahr el-Kalb est défoncée après le départ du gardien, le soir », déplore-t-elle. C’est d’ailleurs ce qui s’est produit en juillet 2020, quand des voyous ont défoncé la porte du site historique de Nahr el-Kalb et aspergé la stèle n° 14 de Ramsès II avec des bombes aérosols de peinture noire. Nahr el-Kalb n’est pas le seul lieu à subir des actes malveillants. Faqra en a aussi fait les frais, puisque des rochers ont été aspergé de peintures en aérosols, les colorant de toutes les teintes, quand ils ne portent pas des initiales incongrues, selon les explications de Mme Zaven. « Ce n’est pas uniquement de l’inconscience, c’est un véritable sacrilège historique et environnemental », regrette l’archéologue.
En réaction, la DGA a présenté deux lettres de protestation, auprès du ministère de l’Intérieur et du mohafez du Mont-Liban, le site de Nahr el-Kalb faisant partie de la municipalité de Dbayé. Dans ces courriers, l’institution a dénoncé les multiples violations qui ont lieu sur ce promontoire stratégique séparant le Metn du Kesrouan, creusé par le fleuve Nahr el-Kalb (fleuve du Chien) qui prend sa source dans les grottes de Jeïta.
Ce massif rocheux, situé à 15 kilomètres au nord de Beyrouth, témoigne des événements marquants de la région depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Tous les conquérants y ont laissé les marques de leur passage. On y trouve notamment des inscriptions égyptiennes de l’époque pharaonique, assyriennes, babyloniennes, hittites, grecques, romaines, arabes, françaises et britanniques, et même libanaises, depuis l’année 2000 et le retrait de l’armée israélienne.
La valeur historique de ce site est inestimable, bien que certaines des stèles, usées par les intempéries, soient devenues illisibles. Trois reliefs égyptiens du XIIIe siècle avant J-C, dont celui du pharaon Ramsès II, y donnent une définition du contexte géopolitique du Levant au IIe millénaire avant J-C. Cinq reliefs assyriens y exposent la politique expansionniste des rois assyriens sur les rives de la Méditerranée, dont celle du souverain assyrien Assarhaddon, et de Nabuchodonosor II (néobabylonienne). On y trouve aussi une inscription de l’empereur Caracalla (211-217 après J-C), une autre de l’époque mamelouke attribuée au sultan Barqûq (1382-1399). Des inscriptions célébrant des événements intervenus entre 1860 et 2000, comme celle au nom du général Henri Gouraud (25 juillet 1920), s’y sont ajoutées à côté.
En plus des divers stèles et inscriptions, d’autres vestiges historiques et archéologiques font partie de cet environnement historique de premier ordre qu’est la vallée de Nahr el-Kalb. Pour exemple, le pont arabe construit par le sultan mamelouk Saïf el-Din Barqûq. Sa dernière restauration daterait de l’époque de l’émir Chéhab II (1809). Il est malheureusement aujourd’hui privatisé et sert d’entrée à un restaurant !
Il y a quelques mois, une polémique avait également éclaté quand le Courant patriotique libre avait lancé des travaux sur le rocher pour y construire son quartier général, un projet aujourd’hui suspendu, mais le site reste défiguré. L’ensemble de bâtiments qui devait y être construit se situe tout près du parcours historique. Le CPL avait loué le site aux waqfs maronites et obtenu une autorisation de construction de l’ancien ministre de la Culture Ghattas Khoury.
Triste de voir des commentaires sur un « ennemi » qui veut effacer le Liban de la mappemonde, le sous-entendu bien clair, sans reconnaissance du manque de civisme chez nous, et sans reproches au régime actuel, ou le vrai ennemi qui se veut être vassal à la république islamique d’Iran. Après, on se demande comment on est arrivé la.
09 h 55, le 19 février 2021