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Lifestyle - Patrimoine

Pyramide, dolmen... Une nouvelle découverte dans le Akkar

Découverte d’une structure dans les environs du village de Akroum dans le Akkar, au Liban-Nord.

Pyramide, dolmen... Une nouvelle découverte dans le Akkar

Le prototype d’un dolmen au Levant. Photo DR

C’est lors d’une randonnée pédestre dans les hauteurs du village de Akroum, dans le Akkar, que Abdel Aziz el-Zein, un guide de montagne rattaché au Conseil de l’environnement, repère une structure « en forme de pyramide et très bien conservée ». Selon lui, la structure a près de 4 000 ans. De trois mètres de haut, elle est construite en calcaire blanc, alors que la plupart des monuments funéraires recensés dans la région sont en basalte noir. Une découverte qui a fait dire à l’historien Imad Younis que « les pharaons d’Égypte ayant visité la région s’étaient probablement inspirés des sépultures de Akroum pour construire leurs pyramides », selon une déclaration faite auprès de l’Agence nationale d’information (ANI). Très vite, la nouvelle de cette découverte réalisée non loin de la frontière syrienne est mentionnée par des médias de par le monde, notamment dans The Times ou Ancient Origins, spécialisé dans l’archéologie. Contacté par L’Orient-Le jour, Sarkis Khoury, directeur général des antiquités (DGA), signale qu’en raison du confinement, aucun spécialiste n’a pu se rendre sur les lieux jusqu’à présent, et par conséquent, aucune étude scientifique n’a été menée pour accréditer l’hypothèse de M. Younis ainsi que la datation. Selon lui, « l’interprétation de cette découverte appelle à la circonspection ». « Il s’agit peut-être d’un genre de dolmen, comme ceux qu’on trouve sur le site de Menjez qui abrite la plus grande nécropole mégalithique du Liban », suppose-t-il. « Je peux vous garantir que ce n’est pas une pyramide », soutient de son côté l’archéologue Samar Karam, responsable du Liban-Nord à la DGA, ajoutant que « s’il s’agissait d’une structure funéraire, elle pourrait être une variante d’une tombe mégalithique ». « On ne peut pas toutefois juger à partir d’un cliché ; il faut au préalable observer scientifiquement l’objet pour l’interpréter. Mieux vaut donc attendre de se trouver sur place », souligne cette spécialiste. Les deux experts tentent de trouver la relation entre cette découverte et les centaines de monuments mégalithiques trouvés dans les années 1940 par les pères jésuites dans plusieurs villages du Akkar, y compris à Menjez, où le sol recelait une centaine de dolmens en bon état de conservation.

La « pyramide » découverte sur les hauteurs du village de Akroum, au Akkar. Photo ANI

Une gigantesque table de basalte

Le site de Menjez a été restauré et mis en valeur en 2018 et 2019 par l’archéologue suisse chargée d’enseignement à l’Université de Genève, Tara Steimer-Herbet, en collaboration avec le musée de la Préhistoire de l’Université Saint-Joseph et la Direction générale des antiquités. Lors d’une conférence donnée à cette époque au musée de la Préhistoire à Beyrouth, elle avait indiqué que les tombes mégalithiques – dolmens, tombes-tours, tumuli – datant des IVe et IIIe millénaires avant l’ère chrétienne, sont implantées par milliers en Turquie, en Syrie, au Liban, en Jordanie, en Palestine, dans le Sinaï en Égypte et dans toute l’Arabie.

Pour mémoire

Au Levant, nous avons aussi des dolmens !

Si la tombe-tour est caractéristique des premières oasis en Arabie, le dolmen domine dans les pays du Levant et au Liban. Construit à l’aide de blocs de basalte, abondants dans cette partie du Liban, il est constitué d’une grosse dalle de couverture posée sur des pierres verticales qui lui servent de pieds, évoquant une gigantesque table. Les dalles de couverture peuvent atteindre deux mètres de diamètre et peser plusieurs tonnes. Ces monuments à plan simple auxquels on accède par le toit ou qui s’ouvrent sur l’intérieur par un couloir desservant des chambres, de forme carrée, triangulaire ou rectangulaire, construites en pierre sèche, marquent le paysage de Menjez, qui en abrite des centaines, datant de 3 000 ans avant l’ère chrétienne. « Il s’agit de la plus grande nécropole mégalithique au Liban », avait déclaré Tara Steimer-Herbet. Le mobilier archéologique associé aux mégalithes de Menjez provient essentiellement des fouilles effectuées par le père Tallon dès la fin des années 1950, et ce jusqu’en 1969. L’archéologue suisse qui a étudié les céramiques exhumées explique qu’il s’agit d’« une vaisselle en terre cuite modelée, constituée de récipients culinaires de petites dimensions (coupes, bols, plats, petits vases de stockage, etc.), comme d’ordinaire en milieu funéraire ». Selon elle, « quelques tombes ont livré des parures comme des bracelets en obsidienne, mais surtout des perles de roche diverses, parfois de provenance lointaine (cornaline, jaspe rouge, cristal de roche, stéatite, etc.), des sceaux-cylindres, des cachets et du matériel lithique ». La découverte de ces céramiques témoigne que la phase de construction des dolmens aurait commencé à la fin du chalcolithique (l’âge du cuivre, 4 500-3 500 av. J.-C.) et au début du bronze ancien (3 500-3 100 av J.-C.). « Puis ce phénomène s’essouffle au bronze ancien III (2 700-2 500 av J.-C.), comme dans la plupart des nécropoles du Proche-Orient. Les tombes ont été largement réoccupées au bronze moyen et à la période romaine », précisait la spécialiste.

Les vestiges de la forteresse de Tell Arqa dans le Akkar, une région qui n’a pas fini de livrer tous ses secrets. Photo sous licence Creative Commons

Les temples de Akroum

Pour revenir à Akroum, le village est connu pour le site de la Qalaa qui le surplombe d’une centaine de mètres. Ce lieu comprend les ruines de trois temples d’époque romaine qui avaient fait l’objet d’une étude par Julien Aliquot, chercheur à l’Institut français du Proche-Orient (IFPO) et spécialiste de l’épigraphie du Proche-Orient aux périodes classiques. À proximité de ces temples, les traces de citernes, des canalisations d’eau datant de l’époque romaine, sont encore visibles. Quant à la vallée de Wadi el-Sabeh, qui s’étend du pont de Akroum jusqu’à la source de Aïn el-Sabeh, sur une distance de trois kilomètres, elle offre deux bas-reliefs néobabyloniens taillés dans le roc. Le premier illustre le combat entre un homme et un lion ; le second comporte une scène mythologique représentant des dieux et des déesses. Exposées aux intempéries et au vandalisme, les deux stèles sont en très mauvais état de conservation. Le Akkar – qui abrite d’importants sites archéologiques, dont le célèbre Tell Arqa et ses nombreuses structures allant du bronze ancien jusqu’à l’époque mamelouke, mises au jour par Jean-Paul Thalmann dès les années 1970 – n’a visiblement pas encore révélé tous ses trésors.

C’est lors d’une randonnée pédestre dans les hauteurs du village de Akroum, dans le Akkar, que Abdel Aziz el-Zein, un guide de montagne rattaché au Conseil de l’environnement, repère une structure « en forme de pyramide et très bien conservée ». Selon lui, la structure a près de 4 000 ans. De trois mètres de haut, elle est construite en calcaire blanc, alors que la...

commentaires (3)

Article interessant car je connais Menjez, mais je n'avais pas encore vu Akroum ni Tell Arqa, et c'est une bonne idee de faire la promenade de Ain el Sabeh une fois pour voir les steles neobabyloniens si on les trouve, car ce n'est pas toujours facile. Il faut parfois aussi de la chance de trouver un guide local qui veut montrer l'endroit.

Stes David

09 h 39, le 27 janvier 2021

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Commentaires (3)

  • Article interessant car je connais Menjez, mais je n'avais pas encore vu Akroum ni Tell Arqa, et c'est une bonne idee de faire la promenade de Ain el Sabeh une fois pour voir les steles neobabyloniens si on les trouve, car ce n'est pas toujours facile. Il faut parfois aussi de la chance de trouver un guide local qui veut montrer l'endroit.

    Stes David

    09 h 39, le 27 janvier 2021

  • Comme toujours le LIBAN prétend être le NOMBRIL de toutes les civilisations du MONDE à travers les millénaire et il continu à le prouver au XXI siècle ap. JC ….

    aliosha

    10 h 28, le 26 janvier 2021

  • LA PYRAMIDE, SI ON PEUT QUALIFIER CE ROC DE TEL. 3ALA 3AYNE. QUAND A L,INSPIRATION DES PHARAONS DE CE ROC POUR BATER LEURS GIGANTESQUES PYRAMIDES... DU PIPEAU A LA SAUCE LIBANAISE ET UN PEU TROP IDIOT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 13, le 26 janvier 2021

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