Plus de 300 manifestants se sont rassemblés mercredi matin devant le siège du tribunal militaire de Beyrouth pour réclamer, pour la deuxième fois en l'espace de 48h, la libération de protestataires du Liban-Nord et de la Békaa récemment arrêtés. Plusieurs altercations ont émaillé cette manifestation.
Selon notre journaliste sur place, Mohammad Yassine, les forces de l'ordre, présentes en grand nombre, ont bloqué plusieurs routes menant au tribunal, empêchant ainsi plusieurs protestataires de rejoindre leurs camarades. En début d'après-midi, plusieurs d'entre eux originaires de Tripoli sont venus renforcer les rangs des manifestants sur place, selon notre photographe João Sousa. Quelques bennes à ordures ont été incendiées sur place, et des altercations ont été signalées, notamment entre des manifestants de différents groupes, mais sans faire de blessés.
"Il y a 24 manifestants détenus, et nous ne pensons pas qu'ils seront relâchés aujourd'hui", affirme l'un des avocats des protestataires à notre photographe sur place.
"Nous sommes là pour défendre notre dignité, nous ne laisserons personne l'exploiter", affirme Rabih el-Zein, l'une des figures de la contestation populaire déclenchée le 17 octobre 2019, à notre journaliste sur place. "A chaque fois qu'il y aura un manifestant détenu, nous protesterons dans la rue", a-t-il promis. Plusieurs avocats ont également participé au rassemblement. "Nous voulons changer tout le système en place, mais jusqu'à ce jour, nous n'avons toujours pas atteint ce but", reconnaît un autre manifestant, Chadi Hamzé, qui a dénoncé au passage le trafic de biens subventionnés vers l'étranger, alors que l'économie du Liban est en crise depuis plus d'un an.
Lundi, plusieurs personnes avaient été blessées, dont au moins trois femmes, lors d'échauffourées qui avaient opposé les forces anti-émeute à des militants rassemblés devant le siège du tribunal à cette même fin. Les heurts avaient commencé quand quelques manifestants avaient jeté des bouteilles sur les forces de sécurité, qui ont répliqué en tentant de disperser le rassemblement, notamment à coups de bâton, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Depuis le début du mois, trois manifestations devant le tribunal militaire ont ainsi été recensés jusque-là.
Tripoli avait été secouée fin janvier par des manifestations contre la situation socio-économique, aggravée par le confinement total, qui avaient dégénéré en affrontements entre contestataires et forces de l'ordre, faisant un mort, un jeune homme nommé Omar Tayba, et plusieurs centaines de blessés.
Par la suite, les autorités ont procédé à une série d’arrestations parmi les militants qui ont pris part à ces manifestations. Selon certains activistes, au moins une trentaine de personnes, en majeure partie originaires de Tripoli et de la Békaa, ont été entendues par les services de sécurité dans ce cadre. Certains auraient été arrêtés de façon musclée par les services de renseignement, tandis que d’autres ont disparu des radars pendant plusieurs jours. La plupart des militants convoqués par les autorités n’étaient pas accompagnés d’un avocat, contrairement aux dispositions de l’article 47 du code de procédure pénale.
commentaires (1)
On ne peut pas évoquer un code de procédure pénale face à un état voyou
Lecteur excédé par la censure
08 h 54, le 11 février 2021