
L’ambassadeur Kindl reçu par le président Aoun à Baabda, hier. Photo Dalati et Nohra
L’affaire des matières dangereuses stockées dans des conditions déplorables au port de Beyrouth est plus ou moins arrivée à son épilogue. L’ambassadeur d’Allemagne, Andreas Kindl, a informé hier le chef de l’État, Michel Aoun, que le processus de traitement des conteneurs de matières dangereuses au port de Beyrouth était terminé et que ceux-ci étaient prêts à être expédiés en Allemagne. Le diplomate a cependant demandé « l’intervention du président de la République pour transférer les sommes dues à l’entreprise allemande » qui a effectué l’opération.
L’entreprise Combi Lift, spécialisée dans le transport de charges lourdes et sensibles, « a traité 52 conteneurs de matières chimiques dangereuses qui s’étaient accumulées (au port) pendant des décennies et constituaient une menace pour les habitants de Beyrouth », avait écrit samedi sur Twitter l’ambassadeur.
C’est au lendemain de la double explosion meurtrière au port de Beyrouth le 4 août 2020, provoquée par l’entreposage sans mesures de sécurité appropriées de centaines de tonnes de nitrate d’ammonium, que l’autorité portuaire a soulevé la nécessité de traiter d’autres matières dangereuses stockées depuis des années sur le site, dans des conditions tout aussi insalubres. C’est ainsi que le Liban avait signé, le 11 novembre dernier, un contrat avec l’entreprise allemande, qui travaillait déjà dans le port au retrait de la carcasse d’un navire détruit par l’explosion. Via ce nouveau contrat, Combi Lift se voyait attribuer le retrait des conteneurs renfermant des matières dangereuses.
D’abord estimés à 49 dans un premier recensement de l’armée, ce sont finalement 52 conteneurs dangereux qui ont été dénombrés par la compagnie et l’autorité portuaire. Des conteneurs entreposés dans une zone à ciel ouvert pendant plus d’une décennie, sous la supervision de l’autorité des douanes. Ces conteneurs représentaient un danger considérable, puisque contenant un véritable cocktail de substances corrosives, explosives, toxiques, inflammables, etc., notamment du bromure de méthyl, un désinfectant agricole puissant et interdit dans nombre de pays, plusieurs types d’acides corrosifs et très puissants, du méthanol, de l’hydroxyde de sodium... Les experts allemands, ainsi que leurs partenaires libanais, ont travaillé dans des conditions très délicates en vue de transférer ces matières hautement toxiques vers des conteneurs plus adaptés pour leur transport outre-mer, en vue d’un traitement adéquat.
Il reste des matières dangereuses au port
Le contrat de Combi Lift avec l’État libanais est de 3,6 millions de dollars, dont 2 millions de dollars doivent être payés par les autorités libanaises. Toutefois, il n’y a toujours pas eu d’ouverture de crédits de la part des autorités libanaises compétentes, comme le suggèrent les propos de l’ambassadeur et comme l’a assuré à L’OLJ une source proche du dossier.
Celle-ci ajoute que si les 52 conteneurs ont été traités, d’autres conteneurs comportant des matières dangereuses sont toujours stockés au port. Les autorités libanaises auraient demandé à la compagnie allemande de s’en occuper dans le cadre de son activité, mais celle-ci, ayant déjà déboursé une somme conséquente sans que la facture due par l’État n’ait été réglée, ne serait pas disposée à fournir des efforts supplémentaires...
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Alors l’Allemagne se transforme en éboueur pour le compte de l’état libanais... après tout il n’y a pas de sots métiers. On s’attendait à ce que derrière ce travail de nettoyage il y ait un rapport pour demander des comptes aux dirigeants libanais pour connaître la source et le but du stockage de ces matières dangereuses. Que nenni. A la place on reçoit une facture libellée au nom de l’état poulailler pour régler la facture. C’est tout? Rien de plus pour connaître les propriétaires qui eux ont acheté ces produits avec l’argent pillé et que pour le nettoyer le peuple libanais doit encore mettre la main à la poche pour s’en débarrasser à gros frais? Mais comment fonctionne le monde? Où est la justice internationale qui le régît? A t-elle au moins un jour existé ou c’est pour noircir des pages et prétendre à une civilisation empruntée qui n’est qu’un camouflage pour masquer le but final qui est toujours mercantile pour dépouiller les plus pauvres afin de gonfler leurs économies? On se croit au XVII eme siècle.
Sissi zayyat
14 h 07, le 10 février 2021