Nous irons tous au paradis...

C’est le scoop du jour ! Nous irons tous au paradis, avec les saints, les assassins, les femmes du monde… et les autres aussi.

Ah ! Corona quand tu nous tiens ! Que de choses intolérables nous réalisons ! Il nous en a fallu du temps et pourtant nous y sommes arrivés ! Bravo ! Alléluia !

Et pourtant…

Il y en a qui croient encore que c’est un coup de marketing de la part de la Chine, des laboratoires pharmaceutiques (qui, bien évidemment, avaient déjà le vaccin… et qui attendaient d’être présentés comme sauveurs du monde), des grandes puissances, du Grand Capital et qui s’apprêtent à mettre en place un nouveau forum de Davos contre la mondialisation diabolique d’un virus qui a eu beaucoup plus de succès que la grippe (tant qu’à faire, autant défendre les autres virus qui se trouvent relégués au second plan alors que leurs performances ne sont pas négligeables).

Il y en a qui continuent à croire qu’il n’existe tout simplement pas. Ce n’est qu’une grippe trois étoiles, un peu comme le guide Michelin (qui vient de sortir, si ça peut intéresser quelqu’un). Il ne vaut certes pas la grippe espagnole d’il y a un siècle. Mais il fait de bons résultats malgré tout. Allez ! Soyons cléments, il a la moyenne… enfin s’il existe. Mais vu qu’il n’existe pas, il n’aura rien du tout. Et toc !

Il y en a qui se disent que les masques ne servent à rien. Restons dans la même logique que les deux premiers points. D’abord, il faut signaler que nos amis et nos proches et même nos lointains d’ailleurs (avec les confinements successifs, même les proches sont devenus lointains) n’ont rien attrapé et ne risquent pas d’attraper quoi que ce soit. De nos jours, il y a une catégorie de la population invulnérable, les hérauts de la négligence et les porteurs d’inepties. Et puis bon, comme il ne s’agit « que » d’une simple grippe toute bête et insignifiante, pourquoi se protéger ?

C’était quoi déjà le slogan hippie des années 60 ? Faites l’amour pas la guerre. Évidemment, quand on voit les ravages que ça a fait avec une maladie qui n’a toujours pas de vaccin 50 ans plus tard même avec les préservatifs, on se demande où va le monde ? Mais bon, nos Mike Tyson du coronavirus, nos catcheurs d’une maladie mortelle, eux, se permettent de ne pas porter de masque. D’abord, écologiquement, c’est plus sain vu que certaines personnes ont oublié qu’il existe des poubelles (ils marquent un point sur ce coup). Deuxièmement, on étouffe dedans surtout quand on porte des lunettes (deuxième point important). Troisièmement, ce n’est pas pratique ni pour conduire ni pour faire du sport. Ça fait déjà pas mal ! Et puis, tant que nous n’avons rien attrapé, c’est-à-dire qu’on ne l’attrapera probablement pas. N’oublions pas que nous sommes des Mike Tyson en herbe. J’ai même un ami qui a passé un savon à un gendarme car il avait osé (quelle honte !) lui faire remarquer qu’il ne le portait pas dans la rue. Oh la la ! Décidément, même quand les policiers font leur boulot, nous trouvons à redire. Les Libanais ne sont jamais satisfaits.

Il y a ceux qui se complaisent dans le confinement. Ils sont contents. Non qu’ils veulent se protéger (même si c’est leur credo), mais ils se disent que, finalement, mieux vaut un bon café turc à la maison que ce truc infect qu’on nous sert dans des mugs. Et puis avec le café turc, on sauve la planète, le marc étant un excellent engrais. Et puis, avec le confinement, on profite des joies d’être en famille (quand il n’y a pas de télétravail), les enfants qui crient, la cuisine à faire (ou à apprendre pour les plus jeunes), faire le ménage (pour ceux qui n’ont pas de domestiques)… Bref tous ces petits bonheurs dont on ne peut pas profiter quand nous sommes au bureau avec nos dossiers et un chef-sauveur du monde.

Je peux continuer comme ça à l’infini sur les croyances des gens. On peut les diviser en sectes, les antimasques, les anticorona, les antigel, les antimédicaments… Rien que des incompris de la société que les autres (l’enfer comme dirait Sartre) briment par leurs critiques acerbes et injustes.

Par contre, ce que les gens oublient, car le virus prend toute la place, c’est qu’il y a encore des gens qui décèdent simplement de vieillesse. Pas plus tard que ce matin, dans la rubrique nécrologique, une honnête vieille femme de 94 ans faisait la une. Bon, ne connaissant pas exactement les circonstances du décès, je me suis dit qu’à ce noble âge, il serait fort probable que, pour une fois, le virus soit innocent. Rendons à César ce qui lui appartient ! Soyons juste !

Et puis, il y a toutes les autres maladies que nous semblons oublier et qui sont tout aussi mortelles. Certes, la grande majorité des personnes qui entrent aux urgences sont atteintes de corona. Mais d’autres qu’on occulte souffrent d’autres maux et peuvent être aussi sous oxygène ou avec une défaillance musculaire ou en phase terminale de « l’autre maladie » (comme certains continuent à l’appeler très diplomatiquement).

Et puis, il y a tous ceux qui ont eu le malheur d’avoir été victimes d’accidents de la route. Actuellement, ils ne sont plus recensés. Mais il doit sûrement y en avoir. Les gens continuent à sortir, violant parfois les règles du confinement. Il y a moins de voitures sur la route et peut-être la conduite est plus prudente à cause des barrages. Mais il existe encore des fous du volant, même si ces trois dernières semaines n’ont rien démontré de grave. Une fois de plus, le corona a pris le dessus. Un plus grand marketing comme diraient certains…

Il y a ceux qui meurent par manque de soins, peu importe de quoi. Ils existent malheureusement. Le manque de moyens (ou la négligence ?), parfois, poussent certaines familles à croire que leurs proches pourraient éventuellement guérir sans aller à l’hôpital, avec de simples prières.

Il y a ceux… Il y a ceux… Il y en a tant et tant que l’on se perd, que l’on oublie et qu’on s’oublie.

Au final, nous irons tous au paradis, qu’on ait les moyens ou pas, qu’on soit beaux ou moches, qu’on soit saints ou assassins.

Laissez un peu de vague à votre âme et continuez à rêver d’un monde meilleur.

Nous irons tous au paradis ! Un point, c’est tout !

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