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Nos Lecteurs ont la Parole

Le Covid-19 pourrait-il transformer notre modèle existant ?

« Cette tempête passera. Mais les choix que nous faisons maintenant pourraient changer nos vies pour les années à venir », écrit Yuval Noah Harari dans le Financial Times. L’auteur du best-seller Sapiens, paru en 2014, n’a pas tort.

La pandémie pourrait être le point de bascule vers une mutation durable de nos habitudes ; dans nos relations sociales, nos comportements, notre conscience collective, notre société et ses valeurs...

À l’heure actuelle, l’humanité baigne dans une crise profonde dont la portée est universelle et qui a bouleversé nos existences. Face aux restrictions imposées, certaines habitudes ont été instaurées et d’autres éjectées : porter un masque pour sortir, l’utilisation de solutions et gels hydroalcooliques, l’achat d’armes à feu, les courses en ligne, le télétravail et les visioconférences. Ce recul du contact physique a incité l’équipement de signature dématérialisée et sécurisée.

De manière générale, toute crise expose ou fait ressortir au grand jour les limites d’un modèle. Nous sommes face à une remise en question de nous-mêmes. Il y a une mise à nu de notre société. Pendant très longtemps, l’idée était que les choses ne pouvaient pas changer, qu’aucune solution n’était possible pour changer le monde, mais en quelques jours les idées ont foisonné : nos modes de comportement, d’échange et de communication ont profondément changé, mais les habitudes humaines ne se dissipent jamais, puisque le schéma neuronal lié au comportement initial ne disparaît pas. Pour que cette crise adopte à grande échelle des comportements plus responsables, tous les acteurs ont un rôle à jouer, surtout les dirigeants politiques.

Le télétravail deviendra-t-il la norme après le Covid-19 ?

Le confinement entraîné par le Covid-19 est devenu synonyme de télétravail pour de nombreuses personnes. Le télétravail est devenu une réalité concrète avec des avantages et des inconvénients. Pour certaines entreprises, faire travailler les employés à domicile aidera à réduire les coûts de location et d’entretien des installations immobilières. Selon Global Workplace, toute entreprise de 50 employés qui opte pour le télétravail intégral pourrait connaître des gains financiers de plus de 900 000 dollars par an, alors que les employés économiseraient 5 354 dollars et 23 jours de temps de déplacement par an.

La productivité a été abondamment étudiée : le Harvard Business Review a constaté que l’Office américain des brevets et des marques a enregistré une augmentation de 4,4 % de la productivité des employés qui ont tiré profit des avantages du télétravail, alors qu’une étude comparable de Stanford a révélé une augmentation de 13 % de la productivité. Ces changements de stratégie impacteront fortement les dépenses et les choix des entreprises en matière d’équipements IT.

Résultat : le travail à distance est là pour de bon et il aura probablement un impact durable sur la façon dont les gens travaillent.

Quid de l’éducation en temps

de Covid-19 ?

La pandémie a bouleversé la vie de près de 1,6 milliard d’élèves et d’étudiants dans plus de 190 pays sur tous les continents. La crise a stimulé l’innovation dans le secteur éducatif par la poursuite d’activités d’enseignement et de formation à distance grâce à l’intervention rapide des États, notamment la Coalition mondiale pour l’éducation mise en place par l’Unesco. Cela vaut pour les enseignants qui ont besoin d’être formés aux nouveaux modes d’enseignement et d’être aidés à cet égard. Dans les universités, les cours préenregistrés et les plateformes en ligne ont généralement pris le relais de l’enseignement traditionnel.

Pour bien gérer la crise éducative, les approches non technologiques ou faisant peu appel à la technologie ne devront pas être négligées pour les élèves ayant peu accès aux outils numériques. En définitive, il incombera à chaque pays d’élaborer des politiques pour faire en sorte que les enfants issus des foyers les plus pauvres ne soient pas laissés pour compte.

Quel serait dans un tel contexte l’impact de la crise sanitaire sur la naissance d’un « nouvel » ordre mondial ?

Répondre à cette interrogation est plus complexe qu’il n’y paraît. Ce séisme sanitaire sans précédent, bouleversant l’équilibre international, produit et produira encore des conséquences et des fractures politiques, économiques, sociales, stratégiques, etc. de grande ampleur. Il y avait déjà un vaste changement dans le monde, une menace chinoise et une décadence de l’Occident. Le Covid-19 agit comme un amplificateur des tendances préexistantes, le monde s’ouvre peut-être sur un nouvel ordre international. Nous rentrions dans un monde multipolaire dans lequel les États-Unis étaient contraints de composer avec les puissances émergentes, surtout la Chine. Les implications de cette crise planétaire agissent en déplaçant le conflit sino-américain vers une situation où l’ordre mondial semble dépendre de deux scénarios : le premier renvoie à la disposition des États-Unis d’accepter de négocier un nouveau « deal » politique avec la Chine. Dans le second scénario, la menace générée par l’ascension de la Chine aboutirait à un refroidissement des relations entre la Chine et l’Amérique.

Comme la peste d’Athènes en l’an 430 avant Jésus-Christ, provoquant l’affaiblissement de la cité grecque et le début du déclin d’Athènes, comme la peste bubonique, ou peste noire, au XIVe siècle, qui tua entre 25 et 40 millions de personnes, soit le tiers de la population européenne, l’intensité et la brutalité inédites de la pandémie de Covid-19 (affectant les systèmes politiques, économiques et financiers mondiaux, et faisant exploser l’ordre établi) révèlent la Chine au grand jour et peut-être renforce sa position dans l’ordre mondial.

Dans une autre optique, une crise à caractère multilatéraliste est illustrée par la défaillance de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

En tout état de cause, l’ordre politique international évolue, dans une situation de tension permanente, entre la coopération et le conflit. Le monde n’est donc plus ce qu’il était et ne sera plus ce qu’il est. Les conséquences du Covid-19 ne se feront sentir qu’à plus long terme. À l’heure actuelle, le virus poursuit sa progression sur la planète malgré les campagnes de vaccination mises en place. On devrait continuer d’assister en ce début d’année à une succession de fermetures et de réouvertures, compte tenu de la permanence de l’épidémie et de l’apparition des nouveaux variants du virus qui pourraient être à l’origine d’une transmission accrue de la maladie. Cette pandémie fournit une occasion inespérée de permettre une transition sociale, écologique, économique, politique et éducative juste.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

« Cette tempête passera. Mais les choix que nous faisons maintenant pourraient changer nos vies pour les années à venir », écrit Yuval Noah Harari dans le Financial Times. L’auteur du best-seller Sapiens, paru en 2014, n’a pas tort. La pandémie pourrait être le point de bascule vers une mutation durable de nos habitudes ; dans nos relations sociales, nos...

commentaires (1)

Excellent article, très bon sujet et surtout une bonne analyse et un effort de développement anticipatif très intéressant des différents domaines d'activités du monde au lendemain du Covid 19. Bravo!

Salim Dahdah

11 h 07, le 03 février 2021

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Commentaires (1)

  • Excellent article, très bon sujet et surtout une bonne analyse et un effort de développement anticipatif très intéressant des différents domaines d'activités du monde au lendemain du Covid 19. Bravo!

    Salim Dahdah

    11 h 07, le 03 février 2021

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