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Politique - Formation du gouvernement

Aoun aurait accusé Hariri de ne pas coopérer avec lui, ce dernier s'en défend

Les propos attribués au chef de l'Etat sont rapportés par le quotidien Al-Akhbar.

Aoun aurait accusé Hariri de ne pas coopérer avec lui, ce dernier s'en défend

Le président libanais, Michel Aoun (g), et le Premier ministre désigné, Saad Hariri, le 19 décembre 2019 au palais de Baabda. Photo d'archives AFP

Au moment où le Liban connaît de violents heurts qui ont fait un mort et plus de 300 blessés suite à des manifestations violentes à Tripoli sur fond de crise socio-économique, un article du quotidien al-Akhbar, proche du Hezbollah, signé Nicolas Nassif, est venu alimenter une nouvelle polémique entre le président de la République, Michel Aoun, et le Premier ministre désigné, Saad Hariri.

Les relations entre les deux responsables sont déjà au plus bas, du fait d'un bras-de-fer politique autour de la formation du prochain gouvernement, une tâche assignée à M. Hariri le 22 octobre, suite à la démission du cabinet de Hassane Diab le 10 août dernier, dans la foulée de l'explosion meurtrière au port de Beyrouth six jours plus tôt.

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En dépit de la grogne populaire, aucune percée en vue

Selon des propos rapportés par le quotidien dans son édition de vendredi et attribués au chef de l'Etat, le président Aoun accuse M. Hariri de "ne pas vouloir coopérer" avec lui au sujet de la formation du gouvernement qui se fait attendre depuis bientôt six mois.

Le blocage au niveau du processus est appelé à durer, et aucune percée n’est à attendre dans un avenir proche, le nœud issu du bras de fer opposant le président Aoun et le parti qu'il a fondé, le Courant patriotique libre, au Premier ministre désigné restant entier. Les principales divergences portent sur les noms des ministres ainsi que sur la répartition des portefeuilles entre les partis politiques. MM. Aoun et Hariri divergent également sur l'interprétation de la Constitution au sujet des prérogatives de chacun d'eux concernant le processus de formation du gouvernement, notamment en ce qui concerne le choix des ministres chrétiens et musulmans.

"L'époque syrienne"
"Mon attachement à la Constitution et à mes prérogatives empêchent qu'on tente d'imposer un gouvernement déséquilibré ou encore de porter atteinte aux prérogatives de la présidence de la République, alors que certains n'ont pas pris l'habitude de respecter ces prérogatives", aurait affirmé M. Aoun, selon al-Akhbar, dans une critique à peine voilée à M. Hariri. La présidence de la République n'a jusque-là ni démenti ni commenté cet article.

"Quelqu'un veut imposer sa volonté en croyant pouvoir le faire. Durant l'époque (de la tutelle) syrienne, ils se sont habitués au fait que Ghazi Kanaan (l'ancien chef des renseignements syriens au Liban) formait les gouvernements en acceptant le partage des parts qu'il leur imposait, tout en prétendant respecter la Constitution. Aujourd'hui, ils veulent faire de même, en l'absence de Ghazi Kanaan. Lors de l'une de mes réunions avec Saad Hariri, ce dernier m'a dit qu'il est le Premier ministre désigné et que c'est lui qui forme le gouvernement tout entier. Évidemment, je n'ai pas permis cela par le passé, et je ne le ferai pas maintenant", aurait encore affirmé le chef de l'Etat.

"Évidemment, je veux un nouveau gouvernement
"
"(...) Les responsabilités sont partagées afin que personne ne les accapare. Sans respect des équilibres et ce que j'appelle les critères unifiés (pour la formation du gouvernement, NDLR) je ne signerai pas le décret de formation du cabinet", aurait prévenu le président Aoun, dont le dernier entretien à Baabda avec M. Hariri date d'il y a plus d'un mois.

"Évidemment, je veux un nouveau gouvernement pour terminer les deux ans du mandat, mais pas n'importe comment, comme par exemple avec un gouvernement déséquilibré, ou qui accorderait aux chrétiens des portefeuilles de second rang, ou un cabinet qui outrepasserait le rôle du président de la République et ses prérogatives. Je ne vais pas gaspiller ce que nous avons réalisé durant les dernières années, le but étant de faire des chrétiens de vrais partenaires (...)", aurait encore dit le président Aoun.

"Paver la voie de Baabda à l'héritage politique"
Dans un communiqué publié par son bureau de presse, Saad Hariri a réagi aux propos du président Aoun, les qualifiant de "regrettables et douloureux". Le Premier ministre désigné a estimé que "le mandat fort (qualificatif donné à la présidence Aoun par ses partisans du Courant patriotique libre) est dans le déni et l'insouciance, tout en s'en prenant aux autres". Il a ensuite déploré que "les arcanes du palais de Baabda ne démentent pas les propos attribués au chef de l'Etat ni ne les clarifient". Saad Hariri accuse ainsi la présidence de la République de "vouloir donner un caractère confessionnel au bras de fer gouvernemental". Il estime également que "cela ôte au président de la République sa représentativité de tous les Libanais sans distinction de communauté". "Ce n'est pas Saad Hariri qui néglige les droits des chrétiens et leur rôle au sein du pouvoir et de l'Etat, car si c'était le cas, le général Michel Aoun ne serait pas président de la République actuellement", s'est défendu le Premier ministre désigné.

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"Transposer le conflit politique sur le terrain confessionnel est une tentative vaine et condamnable. Elle ne passera pas, alors que certains pensent que cela pourrait renflouer certains et paver la voie de Baabda à l'héritage politique", prévient M. Hariri, dans une allusion à peine voilée au chef du Courant patriotique libre et gendre du président Aoun, le député Gebran Bassil, accusé par ses détracteurs de vouloir succéder à M. Aoun à la présidence de la République avec l'aide de celui-ci.

Le Premier ministre désigné a également démenti avoir affirmé au chef de l'Etat qu'il voulait former seul le gouvernement. Il a rappelé qu'il savait que "les décrets de formation du gouvernement sont conjointement signés par le Premier ministre et le président de la République. "La Constitution est claire, et il ne sert à rien de l'exploiter dans des calculs et le partage de parts politiques", estime M. Hariri. "Nous voulons un gouvernement d'experts, alors que le palais (de Baabda) veut un gouvernement de ministres affiliés aux partis politiques", affirme encore le chef du Courant du Futur.

"Le communiqué du bureau de presse du Premier ministre désigné Saad Hariri contient des réponses et informations erronées", a par la suite répondu Baabda dans un communiqué. "Afin de ne pas entrer dans une querelle vaine, nous nous contenterons de dire que par sa réponse, le Premier ministre désigné montre qu'il insiste à former le gouvernement sans tenir compte des observations faites par le président de la République dans le cadre du partenariat entre MM. Aoun et Hariri dans la constitution du cabinet, tel que le stipule l'article 53 de la Constitution", a ajouté la présidence. (...) "En tout cas, il n'y aura pas de gouvernement allant à l'encontre du principe de partenariat et du Pacte national et du véritable vivre-ensemble", a-t-elle conclu.

La réplique est venue cette fois du conseiller de Saad Hariri, Hussein el-Wajeh. "Le président de la République est déterminé à imposer des critères anticonstitutionnels et à retourner à l'avant Taëf", a-t-il écrit sur Twitter. "Le mandat fort se sanctionne lui-même et tant pis pour la Constitution", a-t-il poursuivi.

Au moment où le Liban connaît de violents heurts qui ont fait un mort et plus de 300 blessés suite à des manifestations violentes à Tripoli sur fond de crise socio-économique, un article du quotidien al-Akhbar, proche du Hezbollah, signé Nicolas Nassif, est venu alimenter une nouvelle polémique entre le président de la République, Michel Aoun, et le Premier ministre désigné, Saad...

commentaires (7)

La querelle des fossoyeurs ... c’est pas moi maîtresse, j’ai rien fait ... c’est lui qui a commencé !!

Ayoub Elie

22 h 53, le 30 janvier 2021

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Commentaires (7)

  • La querelle des fossoyeurs ... c’est pas moi maîtresse, j’ai rien fait ... c’est lui qui a commencé !!

    Ayoub Elie

    22 h 53, le 30 janvier 2021

  • Ces deux Messieurs ne se rendent même plus compte que leur comportement atteint un degré de ridicule dépasssant le supportable pour l'image du Liban ! Oublient-ils qu'ils sont avant tout responsables de ce pays et de ses citoyens ??? - Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 06, le 30 janvier 2021

  • Il va nier avoir dit cela. Ce qui est frappant, c'est la façon avec laquelle Baabda traite , sans respect, avec la personnalité sunnite, sans ménager les sensibilités confessionnelles,oubliant que ce pays avec ses multiples confessions, était unique au monde, et ceci donnait une image exemplaire de la fraternité, notamment entre les religions. Sauf qu'avec ce mandat, tout a basculé et risque de faire basculer l'unité du pays.

    Esber

    19 h 39, le 29 janvier 2021

  • "... le député Gebran Bassil, accusé par ses détracteurs de vouloir succéder à M. Aoun à la présidence de la République ..." - Ça ne serait pas une mauvaise chose pour le monde. Il pourra enfin apprendre aux grandes puissances comment gérer un pays sans budget. Mort de rire :-D

    Gros Gnon

    18 h 06, le 29 janvier 2021

  • Dégagez tous les deux !!

    LeRougeEtLeNoir

    17 h 32, le 29 janvier 2021

  • Mr. Aoun dégagez Avec votre tuteur Hassouna ??????

    Eleni Caridopoulou

    17 h 28, le 29 janvier 2021

  • "... Les principales divergences portent sur les noms des ministres ainsi que sur la répartition des portefeuilles entre les partis politiques ..." - Je sais que je suis bouché, désolé, mais quelqu'un peut-il m'expliquer la pertinence de ces "divergences" dans le cadre d'un "gouvernement de spécialistes indépendants"?

    Gros Gnon

    15 h 53, le 29 janvier 2021

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