Alors que le processus gouvernemental achoppe toujours sur des obstacles liés essentiellement au bras de fer entre le tandem Baabda-Courant patriotique libre et Saad Hariri, le Premier ministre désigné ne compte visiblement pas rester les bras croisés. Il entendrait poursuivre la tournée entamée aux Émirats arabes unis et se rendre cette fois dans plusieurs pays occidentaux, notamment la France, comme le confie à L’Orient-Le Jour Moustapha Allouche, vice-président du courant du Futur.
Cette information intervient au lendemain du tout premier appel téléphonique entre le nouveau président américain Joe Biden et son homologue français, Emmanuel Macron, dimanche. Selon un communiqué de l’Élysée, les deux hommes « ont constaté leurs convergences et leur volonté d’agir ensemble pour la paix et la stabilité au Proche et Moyen-Orient, en particulier sur le dossier nucléaire iranien et la situation au Liban (…) ».
Au vu de leur timing, les informations concernant une possible tournée européenne du Premier ministre désigné suscitent des interrogations quant à une éventuelle rencontre avec M. Macron. Une source diplomatique informée contactée par L’Orient-Le Jour préfère pour le moment ne pas confirmer les informations autour d’un voyage de Saad Hariri à Paris. Toutefois, elle laisse entendre que cette option « pourrait être envisagée rapidement ». De même source, on apprend que la France continuera à déployer des efforts pour que le prochain gouvernement soit formé rapidement. Une façon d’affirmer que l’initiative française en faveur du Liban, lancée par Emmanuel Macron et principalement axée sur la mise en place d’un cabinet de spécialistes, est toujours sur la table. « Nous en sommes convaincus », commente un proche de M. Hariri, confirmant que le Premier ministre désigné effectuera prochainement une série de déplacements vers des pays amis du Liban.
Moustapha Allouche précise que ces tournées ne visent pas principalement à accélérer le processus ministériel, mais plutôt à redynamiser les relations du Liban sur le plan international. « Nous vivons dans un pays où le pouvoir en place, notamment la présidence de la République, semble déconnecté du reste du monde », déplore-t-il, rappelant que la France n’est pas la seule à pousser pour la constitution d’un gouvernement. L’initiative française bénéficierait désormais de l’appui de l’Union européenne, selon lui. « Mais cela n’est pas suffisant pour sortir de l’impasse », souligne le vice-président du courant du Futur, qui souligne que M. Hariri est « convaincu que le problème est éminemment local ».
Pressions locales
En attendant les contacts de M. Hariri sur le plan international, les pressions locales pour la formation d’une nouvelle équipe ministérielle se poursuivent. Fouad Siniora, ancien Premier ministre, est ainsi entré en contact par téléphone avec le patriarche maronite, Béchara Raï. L’occasion pour les deux hommes d’insister sur l’importance de lever tous les obstacles qui entravent encore la mission du chef du gouvernement désigné.
Même son de cloche du côté de Dar el-Fatwa. Au cours d’un entretien téléphonique, Fouad Siniora et le mufti de la République, Abdellatif Deriane, ont appelé au respect des dispositions de la Constitution, dans le cadre de la formation d’un gouvernement à même de recouvrer la confiance des citoyens, ainsi que celle de la communauté internationale en Liban.
commentaires (6)
Le Mufti n'a rien à faire... Il n'a même pas respecté les usages en refusant de recevoir Hassane Diab.
Guy de Saint-Cyr
01 h 51, le 27 janvier 2021