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Société - Crise

Des Libanais dans la rue contre le confinement et la situation économique "intenable"

"Ce pouvoir ne peut pas mettre les pauvres, et ils sont nombreux, face à l'alternative suivante : mourir de faim ou mourir des suites du coronavirus", dénonce Samy Gemayel.

Des Libanais dans la rue contre le confinement et la situation économique

Manifestation contre le confinement, le 26 janvier 2021, dans la ville de Tripoli, capitale du Liban-Nord. REUTERS/Omar Ibrahim

De nouvelles manifestations ont eu lieu mardi à travers le Liban contre le confinement strict imposé par les autorités depuis le 14 janvier et prolongé jusqu'au 8 février pour lutter contre la propagation du coronavirus, une mesure qui vient aggraver une situation économique déjà "intenable" selon un protestataire. Cette mobilisation intervient alors que pays est englué dans sa plus grave crise économique avec une dépréciation historique de sa monnaie, une hyperinflation et des licenciements massifs. Plus de la moitié de la population vit désormais dans la pauvreté.

Vers 17h, répondant à des appels lancés sur les réseaux sociaux, des manifestants ont commencé à arriver dans le centre-ville de Beyrouth et se sont déployés sur les voies du Ring afin de bloquer la circulation. L'un d'entre eux portait un panneau sur lequel il avait écrit "La faim est une mécréante", en référence à une célèbre chanson de Ziad Rahbani. Début juillet, les paroles de cette chanson, "Je ne suis pas un mécréant, c’est la faim qui est mécréante", avaient été écrites par un homme qui s'était par la suite suicidé en pleine rue dans le quartier de Hamra. Les rangs des manifestants ont ensuite légèrement grossi et certains sont parvenus à fermer la route menant vers la place des Martyrs et celle passant devant le siège des Kataëb à Saïfi.

Tension à Tripoli
A Tripoli, des centaines de manifestants sont à nouveau descendus dans la rue en début de soirée, selon des médias locaux. Sur des vidéos tournées en direct, on les voit allumer des piles de déchets tandis que d'autres jettent des projectiles en direction des forces de l'ordre déployés sur les lieux, notamment devant le Grand Sérail de la ville. La chaîne locale d'informations LBCI a rapporté de son côté que des contestataires sont parvenus à rentrer dans l'enceinte du Sérail et qu'une voiture a été incendiée. Peu avant 19h, l'armée libanaise s'est déployée dans les rues de la ville, entre autres à bord de véhicules blindés, et les forces de l'ordre ont lancé du gaz lacrymogène afin de disperser les protestataires qui répliquaient en jetant des bombes sonores. D'autres manifestants ont par ailleurs organisé une marche dans les rues de la ville et se sont arrêtés devant les maisons de plusieurs responsables, afin de crier leur colère. Ils ont notamment effectué des sit-in devant les domiciles de l'ancien Premier ministre Nagib Mikati et des députés Mohammad Kabbara et Samir Jisr. Certains ont par la suite allumé des matières inflammables devant le commissariat d'al-Tell, avant d'être dispersés par l'armée. Six personnes ont dues être hospitalisées suite aux violences avec les forces de l'ordre, a annoncé la Croix rouge libanaise. 

"Situation économique intenable"
La route de Chtaura, dans la Békaa, a par ailleurs été bloquée en soirée par des manifestants au niveau de Kab Élias. "Nous continuerons à fermer les routes de la Békaa tant que la situation économique restera intenable", a lancé un des contestataires se trouvant au niveau de ce barrage routier, selon notre correspondante locale Sarah Abdallah.

A Saïda, plusieurs axes ont été fermés à la circulation avec entre autres des pneus enflammés "par solidarité avec les contestataires de Tripoli", selon l'ANI. Dans le Akkar (Nord), les voies menant de Bireh à Kobeyate ont été fermées au moyen de conteneurs et de blocs de pierre. L'axe principal de Beddaoui, dans le Nord, a également été bloqué, selon le centre de surveillance du trafic routier (TMC). Au sud de Beyrouth, c'est le carrefour de Khaldé qui a été fermé dans les deux sens de la circulation. Au niveau de Jal el-Dib (Metn), des manifestants ont tenté de bloquer l'autoroute menant vers le nord mais en ont été empêchés par l'armée.

Plus tôt dans la journée, une poignée de protestataires en colère avait manifesté à la Corniche Mazraa, à Beyrouth. Selon les images de la chaîne LBCI, des manifestants ont coupé la route principale de ce quartier à majorité sunnite. L'un d'eux dénonçait le manque de compensations financières de la part de l'Etat, au moment où plus de la moitié de la population vit dans la pauvreté, dans un pays qui sombre dans une grave crise socio-économique. Les forces anti-émeute sont intervenues pour rouvrir la route et restaient déployées en masse sur les lieux. Un autre sit-in a eu lieu au niveau de Beddaoui, dans le Nord, où des manifestants ont également bloqué l'autoroute. De même sur l'autoroute de Jiyé, qui relie la capitale au sud du pays et qui a été bloquée pendant plus d'une heure. Dans la Békaa également, la route de Taalbaya a été bloquée par des manifestants pour le deuxième jour consécutif.

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A Saïda, un petit groupe de manifestants a tenté de bloquer la place Elia, qui était l'un des hauts lieux de la contestation populaire du 17 octobre 2019, mais ils en ont été empêchés par l'armée qui est intervenue pour dégager les bennes à ordures qui bloquaient la voie publique, rapporte notre correspondant dans le Sud Mountasser Abdallah. Lors d'une deuxième tentative, les manifestants ont réussi à fermer une voie de la route.

Photo envoyée par notre correspondant Mountasser Abdallah

"Entre la mort de faim ou la mort du coronavirus"
La veille, des manifestations à travers le territoire avaient également eu lieu. A Tripoli, ces rassemblements avaient dégénéré en heurts avec les forces de l'ordre, faisant 30 blessés. Selon un décompte de l'Agence nationale d'information, 26 agents des Forces de sécurité intérieure ont été blessés. Plusieurs manifestants ont été arrêtés à l'issue de ces affrontements. Un groupe de protestataires a tenu un sit-in aujourd'hui devant le Sérail de la ville, afin de réclamer la relaxe de leurs camarades.

"Ce pouvoir ne peut pas mettre les pauvres, et ils sont nombreux, face à l'alternative suivante : mourir de faim ou mourir des suites du coronavirus. Sans un plan d'urgence sociale, le confinement échouera, de même que la prévention du virus", a estimé dans ce contexte le chef du Parti Kataëb, Samy Gemayel, sur Twitter.

Les autorités libanaises ont prolongé jusqu'au 8 février un confinement strict, décrété au départ jusqu'au 25 janvier, pour enrayer une progression exponentielle des cas de nouveau coronavirus et soulager les hôpitaux saturés. Le petit pays de six millions d'habitants a recensé jusqu'ici 282.249 cas, dont 2.404 décès. Le confinement s'accompagne d'un couvre-feu de 24 h/24 et d'une fermeture des commerces. Des exceptions, pour le personnel médical ou les journalistes, et des attestations de sortie sont prévues pour certains déplacements. Les autorités s'attellent à augmenter le nombre de lits disponibles pour les patients atteints du Covid-19, au moment où le secteur hospitalier est sous pression.

De nouvelles manifestations ont eu lieu mardi à travers le Liban contre le confinement strict imposé par les autorités depuis le 14 janvier et prolongé jusqu'au 8 février pour lutter contre la propagation du coronavirus, une mesure qui vient aggraver une situation économique déjà "intenable" selon un protestataire. Cette mobilisation intervient alors que pays est englué dans sa plus...

commentaires (6)

C,EST TRES TRISTE. C,EST LAMENTABLE. ET LES REQUINS DE LA MALEDICTION Y SEVISSENT TOUJOURS.

LA LIBRE EXPRESSION

22 h 23, le 26 janvier 2021

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • C,EST TRES TRISTE. C,EST LAMENTABLE. ET LES REQUINS DE LA MALEDICTION Y SEVISSENT TOUJOURS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    22 h 23, le 26 janvier 2021

  • Les forces de sécurité autant que les manifestants déshérités sont victimes à égalité d'une classe politique insouciante qui a laissé le pays traîner dans la corruption et l'injustice, jusqu'à arriver à la catastrophe humanitaire actuelle.

    Esber

    21 h 08, le 26 janvier 2021

  • Pas de différence entre le pouvoir et le virus .!

    omais samih

    19 h 30, le 26 janvier 2021

  • A quoi fallait-il s’attendre lorsque les fêtards rentraient chez eux a l’aube pendant la période des fêtes avec la bénédiction du gouvernement?

    CW

    16 h 05, le 26 janvier 2021

  • je vous previens si vous ne publiez pas mes commentaires vous allez perdre un client

    youssef barada

    15 h 53, le 26 janvier 2021

  • (ont coupé la route principale de ce quartier à majorité sunnite.) si les journaux au liban continuent à separer les gens entre sunnites et chiites et maronites , les choses ne bougeront pas , vous savez que la faim n a pas de religion, votre journaliste doit démissionner ou aller faire autre chose.... au liban on decrete puis on envoie l armée qui theoriquement doit deffenre le pays des aggresseurs , le liban est le seul pays au mondes ou l armée sert à aggresser son peuple .

    youssef barada

    15 h 47, le 26 janvier 2021

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