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Politique - Décryptage

L’affaiblissement de l’État accroît les menaces sécuritaires...

Le Liban vit sur une poudrière. S’il est vrai qu’actuellement la crise du Covid-19 prend le pas sur toutes les autres, les menaces sécuritaires n’en sont pas moins présentes. Elles vont même en s’amplifiant à mesure que les institutions de l’État sont affaiblies et discréditées.

En effet, selon des sources de sécurité bien informées, plus les institutions publiques sont malmenées, plus les fauteurs de troubles prennent leurs aises et deviennent plus actifs. Certes, les facteurs de déstabilisation existent depuis des années, mais ils deviennent plus aigus en l’absence de consensus politique interne et d’ententes internationale et régionale.

Aujourd’hui, selon les mêmes sources, le Liban vit toutes ces données à la fois. Il y a certes les cellules extrémistes dormantes qui n’ont jamais disparu de la scène libanaise, qu’elles soient réfugiées dans les camps palestiniens, dans les camps de déplacés syriens, ou dans certaines régions où la misère fait rage et où l’État est absent. Mais ces cellules se replient lorsque les institutions officielles imposent leur autorité sur le pays. Elles deviennent au contraire plus actives en période de troubles, d’incertitude et de crainte pour l’avenir.

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Toujours selon les mêmes sources, le Liban traverse actuellement l’une des plus sombres périodes de son existence. Une absence totale d’entente interne, la paralysie des institutions, une crise sociale, économique et financière sans précédent et un peuple qui vit dans l’angoisse du quotidien, sans perspective visible d’amélioration.

Dans ce contexte compliqué où la classe politique traditionnelle doit faire face à ses divisions et à son incapacité de prendre de nouvelles initiatives pour sortir de l’impasse actuelle, et en même temps à un mouvement populaire de protestation et alors que le monde entier et les amis traditionnels du Liban ne semblent pas prêts à faire des efforts pour l’aider, la situation est plus inquiétante que jamais. La responsabilité du maintien de la stabilité repose sur les épaules des forces de sécurité dans toute leur diversité, mais celles-ci souffrent désormais de la crise économique et financière ainsi que des tiraillements politiques entre leurs autorités respectives.

Malgré tout, les différents services de sécurité libanais essaient de préserver un minimum de cohésion et de coordination entre eux. C’est ainsi que la cellule de Kaftoun a pu être démantelée et que les investigations sur l’horrible assassinat de Joe Bejjani à Kahalé sont en train d’avancer et de mener là aussi vers une cellule organisée. Mais ces efforts se heurtent, selon des sources policières, à un manque de coopération de la part des citoyens qui amalgament désormais dans leur colère toutes les institutions publiques.

Selon les sources de sécurité précitées, les incidents qui se multiplient dans plusieurs localités, entre les habitants et les réfugiés syriens n’arrangent pas les choses. Il est vrai que depuis l’arrivée massive des déplacés syriens au Liban, les services de sécurité ont essayé autant que possible de contrôler cet afflux et surtout de surveiller autant que possible les activités dans les camps informels. Mais l’installation des déplacés sur l’ensemble du territoire libanais, souvent à proximité des localités, rend la mission des services de sécurité plus difficile. De plus, tout comme pour les camps palestiniens, les services libanais ne disposent pas d’une liberté d’action auprès des réfugiés syriens. À cela, il faut ajouter les accusations de xénophobie et de manque de compassion envers des gens contraints à quitter leur pays et à vivre dans de mauvaises conditions économiques et sociales. Ce qui limite encore plus l’action de surveillance et de contrôle des activités dans les camps de déplacés. Bien entendu, selon les sources précitées, les différents services de sécurité ne considèrent pas les déplacés syriens comme des fauteurs de troubles ou même des terroristes. Au contraire, il s’agit d’une crise humanitaire et sociale certaine, mais cela n’empêche pas la possibilité que des cellules terroristes ou autres peuvent s’infiltrer parmi les réfugiés. De plus, l’animosité déclarée entre certaines localités et les camps de déplacés provoque des frictions, comme ce fut le cas à Bécharré et à Denniyé. Elle entraîne aussi des réactions extrêmes et favorise l’émergence d’un certain élan de solidarité entre les déplacés syriens à l’encontre de la population libanaise.

Il s’agit là d’un phénomène qui, s’il s’aggrave, peut constituer une véritable menace pour la stabilité intérieure. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si certaines voix politiques ont comparé ces derniers temps la situation actuelle à celle qui prévalait en 1975, à la veille du déclenchement des combats entre les camps palestiniens et certaines parties libanaises, sur fond de neutralisation de l’armée. Certes, les circonstances actuelles ne sont pas les mêmes qu’en 1975 ni même les rapports de forces internes et externes. Mais cela ne signifie pas qu’il ne faut pas rester vigilant.

D’autant que, selon certaines informations, Daech se prépare à reprendre ses offensives en Syrie et en Irak. Par conséquent, le groupe État islamique pourrait songer à relancer ses activités à partir du Liban et vouloir de nouveau s’y implanter en tant que force d’appui. La crise sans précédent que traverse le Liban, dans laquelle les institutions officielles sont affaiblies, peut pousser les organisations terroristes à estimer que c’est le moment propice d’agir.

Selon les sources de sécurité, les Libanais sont donc invités à ne pas perdre de vue ces éléments et les autorités politiques sont appelées à remplir au plus vite les vacances dans les institutions. Car, à l’heure des grands changements qui s’annoncent dans la région, ceux qui ne sont pas prêts paieront pour les autres.

Le Liban vit sur une poudrière. S’il est vrai qu’actuellement la crise du Covid-19 prend le pas sur toutes les autres, les menaces sécuritaires n’en sont pas moins présentes. Elles vont même en s’amplifiant à mesure que les institutions de l’État sont affaiblies et discréditées. En effet, selon des sources de sécurité bien informées, plus les institutions publiques sont...

commentaires (2)

Comment !!! Vous attaquez le Prestige de l’Etat. Vous ne craignez donc pas d’être convoquée par un des multiples services sécuritaires tout comme les activistes de la société civile. Le Régime Fort et son Président Fort ne le sont plus à vos yeux? Ce n’est pas le meilleur moyen de préparer la succession pour le gendre ...

Lecteur excédé par la censure

09 h 34, le 15 janvier 2021

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Commentaires (2)

  • Comment !!! Vous attaquez le Prestige de l’Etat. Vous ne craignez donc pas d’être convoquée par un des multiples services sécuritaires tout comme les activistes de la société civile. Le Régime Fort et son Président Fort ne le sont plus à vos yeux? Ce n’est pas le meilleur moyen de préparer la succession pour le gendre ...

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 34, le 15 janvier 2021

  • "... le Liban traverse actuellement l’une des plus sombres périodes de son existence ..." - oui, et ça a un nom: "le Liban fort". Merci qui?

    Gros Gnon

    07 h 42, le 15 janvier 2021

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