La vidéo qui a fuité sur la réunion entre le président de la République Michel Aoun et le chef du gouvernement démissionnaire Hassane Diab, dans laquelle le chef de l’État accuse le Premier ministre désigné Saad Hariri d’être un menteur, a aggravé les divisions au sein de la classe politique tout en donnant une impulsion aux opposants à Baabda.
Un ancien Premier ministre affirme à L’Orient-Le Jour qu’il est désormais clair que le président Aoun ne veut pas de Saad Hariri au Sérail, sauf selon ses conditions qui imposent au Premier ministre désigné d’accepter toutes les concessions nécessaires pour permettre au chef de l’État de tout contrôler. Pour cet ancien Premier ministre, la position du président Aoun est claire : actuellement, c’est lui qui gouverne, et non pas Hassane Diab, et si Saad Hariri forme son cabinet, c’est lui qui doit rester aux commandes.
Face à cette attitude intransigeante du président, qu’elles estiment inconcevable, plusieurs personnalités politiques ont récemment tenu une réunion discrète pour préparer le lancement d’un front politique qui s’opposerait aux agissements de Michel Aoun et de son camp. Les contours de ce front anti-Aoun avaient déjà commencé à se dessiner il y a quelques semaines, comme l’avait révélé L’Orient-Le Jour. Avec cette première réunion, les opposants à la politique de Baabda lancent l’offensive. Surtout que ces personnalités estiment que le président Aoun et son camp (le Courant patriotique libre de Gebran Bassil, notamment) se sont mis à dos toutes les composantes politiques du pays, du courant du Futur au mouvement Amal, en passant par le Parti socialiste progressiste, les Forces libanaises, les Kataëb et les Marada... à l’exception du Hezbollah, qui reste en retrait, maintenant d’un côté son appui au président et au CPL, ses alliés, mais ménageant dans le même temps Nabih Berry et Sleiman Frangié, et évitant toute confrontation avec Saad Hariri.
La réunion, selon l’un des participants, s’est tenue au domicile de l’ancien chef de gouvernement Tammam Salam en présence des anciens Premiers ministres Fouad Siniora et Nagib Mikati, et du chef du PSP Walid Joumblatt. Les discussions ont porté sur la préparation d’une feuille de route politique dont les grandes lignes sont la préservation de l’accord de Taëf, le respect de la Constitution, le retour aux principes du partenariat (« charaka ») et le rétablissement des équilibres politiques. Des constantes qu’ils ont tenu à réitérer pour également couper court aux tentatives du chef du CPL et gendre du président, Gebran Bassil, de proposer une nouvelle formule de pouvoir ou un changement du système politique (question que Gebran Bassil a abordée dans son dernier discours dimanche), qu’il s’agisse d’une décentralisation élargie qui mènerait à un fédéralisme ou d’une nouvelle formule de partage de pouvoir dite des trois tiers – chrétiens, sunnites et chiites –, au lieu de la parité chrétiens/musulmans actuellement en vigueur et que défendent ces personnalités.
Parmi les participants à la réunion, si tous sont farouchement opposés à Michel Aoun, le plus déterminé dans l’optique d’une l’escalade est le chef druze Walid Jomblatt qui estime que le président tire sa force de l’appui du Hezbollah qui lui dicte sa position maximaliste. Fouad Siniora est également en faveur de l’ouverture d’une bataille politique contre Michel Aoun pour préserver Taëf, alors que Tammam Salam estime qu’il faut éviter d’aggraver les divisions politiques et confessionnelles, tandis que Nagib Mikati a ses propres calculs. L’objectif de cette feuille de route est de s’opposer aux agissements du président Aoun et de constituer une force de pression face au chef de l’État pour qu’il cesse de faire fi des institutions et des usages, selon un participant. La réunion ne visait pas à un créer nouveau rassemblement du 14 Mars, soulignent également des sources proches de Walid Joumblatt, mais à gagner le plus grand nombre possible de forces et de personnalités à leur côté. À commencer par Saad Hariri qui, jusqu’à présent, veut éviter l’escalade. L’un des moyens de lui forcer la main pourrait être d’annoncer cette feuille de route politique pour qu’il soit contraint de s’y rallier.
Les participants à la réunion ne veulent absolument pas embarrasser le président du Parlement Nabih Berry, d’autant que ce dernier est en désaccord avec le président Aoun sur beaucoup de sujets et s’irrite des tentatives du chef de l’État de porter atteinte aux prérogatives du Parlement. Ils veulent, au contraire, obtenir l’appui de M. Berry, mais aussi de Sleiman Frangié ainsi que d’autres parties chrétiennes, pour ne pas donner à leur front un caractère confessionnel. Les personnalités qui se sont réunies veulent également veiller à ne pas irriter le Hezbollah en évitant d’aborder des sujets sensibles, comme l’armement de la formation pro-iranienne ou d’autres questions stratégiques qui pousseraient le Hezb à se ranger du côté du président. Au contraire, en gardant la question dans les limites politiques et constitutionnelles, elles veulent pousser le Hezbollah à faire pression sur son allié, le président Aoun, pour qu’il assouplisse sa position.
Les participants mettront également l’accent, dans leur ouverture en direction des parties chrétiennes, qui refusent jusque-là d’appeler clairement à la démission du président ou d’ouvrir la bataille menant à sa chute, sur la nécessité de préserver la formule de Taëf de partage du pouvoir entre les différentes communautés. Ces personnalités veulent enfin adresser un signal aux pays arabes et à la communauté internationale qui commencent à désespérer de la classe politique du Liban.
Tout ça est une manigance de la milice Iranienne, les Perses voient loin n’ont ils pas inventé le jeux d’Échecs. Le but est clair pousser le président et le CPL à des positions maximalistes tout en veillant à rester dans l’ombre. On fait monter les enchères jusqu’à ce que les prétendus opposants acceptent bon gré mal gré une candidature Franjieh en ayant l’impression d’avoir gain de cause en écartant Aoun et Bassil. La milice aura fait semblant d’apaiser tout le monde en s’assurant un candidat selon sa lignée et élu pour 6 ans Madame la marquise. Il faut que nous évitions de tomber dans le piège LA PRIORITE EST DES ELECTIONS LEGISLATIVES et un nouveau parlement représentatif qui élira le Président. Toute élection d’un nouveau président par ce parlement là sera une grosse catastrophe.
20 h 42, le 14 janvier 2021