Alors que le Liban s'apprête à un nouveau bouclage généralisé, dès jeudi matin et jusqu'au 1er février, pour tenter d'enrayer la propagation du coronavirus, un nouveau record de 4.166 nouveaux cas et 21 décès supplémentaires ont été signalés au cours des dernières 24h, selon le dernier bilan du ministère de la Santé publié mercredi. Le taux de contamination par rapport au nombre de tests effectués (30.255) est de 13,7 %. Ces chiffres font grimper à 199.925 le nombre cumulé des contaminations depuis la détection du premier cas du virus dans le pays en février dernier, au nombre desquelles 1.537 décès et 136.559 guérisons. Parmi les cas toujours actifs, 1.273 personnes sont hospitalisées (52 de plus que la veille), dont 503 en soins intensifs (soit 34 de plus que la veille).
Mardi, le gouvernement a annoncé les modalités du nouveau confinement qui prévoit une longue série d'exceptions dans une tentative de ménager l'économie d'un pays déjà en crise depuis plus d'un an. Mais ces exceptions sont dénoncées par de nombreux experts qui y voient un manque de sérieux dans la volonté de lutter contre la pandémie.
"Série d'aides financières"
Ainsi, la commission parlementaire de la Santé, présidée par le député Assem Araji, a appelé les autorités à "revoir les exceptions au bouclage et à faire preuve de plus de fermeté". Elle a également plaidé pour que ce bouclage soit accompagné d'une série d'aides financières ou matérielles aux personnes dans le besoin, forcées de rester chez elles.
Dans ce contexte, le ministre sortant de l'Industrie, Imad Hoballah, a annoncé la fermeture des industries à partir du lundi 11 janvier, même si celles-ci sont exemptées du bouclage. "En raison du besoin urgent de lutter contre le coronavirus, et même si les industries sont exemptées de la fermeture généralisée, nous allons fermer nos portes à partir de lundi. Cette décision sera périodiquement réévaluée. Je demande à tout le monde de comprendre les motivations nationales (derrière cette décision) et la dangerosité de la situation sanitaire", a écrit le ministre sortant sur Twitter.
Amendes et peines de prison
Dans un communiqué, les Forces de sécurité intérieure, qui sont chargées de faire appliquer les mesures prises concernant le bouclage, ont, elles, annoncé que les infractions seraient pénalisées par des peines de prison pouvant aller jusqu'à trois mois ou des amendes allant de 100.000 à 600.000 livres libanaises. En cas de récidive, les peines pourront passer à six mois de prison, voire à une incarcération d'un à trois ans au cas où la violation du confinement provoque la mort involontaire d'une personne.
La journée a par ailleurs été marquée par une nouvelle polémique autour du ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan, avec la diffusion d'une photo sur les réseaux sociaux le montrant, accompagné de son collègue au ministère de l'Economie, Raoul Nehmé, partager un repas avec une quinzaine de convives, sans respecter les règles de distanciation recommandées.
Dans un entretien à L'Orient-Le Jour, le Dr. Abdel Rahman Bizri, spécialiste en maladies infectieuses et président de la commission chargée des préparatifs du vaccin anti-Covid-19, a pour sa part tiré la sonnette d'alarme. Bientôt, on parlera du "scénario libanais", a-t-il prévenu, en référence au "scénario italien", lors de la première vague de la pandémie, quand la péninsule avait été balayée par le virus et les hôpitaux totalement débordés par l’afflux de patients. "La différence entre le Liban et des pays comme l’Espagne ou l’Italie, c’est que le gouvernement de ces pays est capable de demander des comptes, d’imposer des bouclages, mais surtout d’indemniser les gens. L’État libanais est incapable d’imposer le bouclage sur l’ensemble du territoire, de demander des comptes et encore moins d’indemniser la population", a-t-il souligné.
En décembre, le gouvernement avait autorisé la réouverture du pays, y compris les bars et boîtes de nuit, dans une tentative de relancer une économie aux abois, s'attirant les foudres des milieux médicaux, alors que le taux d'occupation des unités de soins intensifs avait déjà atteint un palier critique. Sauf que les fêtes de fin d'année ont été animées pour de nombreux Libanais, avec notamment des soirées organisées et des rassemblements faisant fi des mesures de précaution sanitaires. Les professionnels de santé ont alors tiré la sonnette d'alarme, sur fond d'une recrudescence des cas positifs.
Avec ce virus qui est devenu leur allié, ils ont trouvé un moyen inextricable et imparable pour exterminer le peuple sans être inquiétés. Ce sera la volonté de Dieu qu’ils évoquent à chacune des catastrophes touchant le pays. Pourquoi s’en priver. Les libanais sont loin de savoir que ce manège est installé pour les anéantir et continuent à agir d’une façon inconsciente en leur facilitant la tâche comme d’habitude. Aucun de ces responsables ne sera jugé pour le manquement de ses devoir envers la population. Nous ne sommes pas dans un pays de droits où les responsables doivent rendre compte de leurs irresponsabilités mais dans une jungle où tout est permis puisque jamais jugés même dans les crimes où leur culpabilité n ‘est plus à prouver. Libanais prenez soins de vous pour contrer leurs projets mortifères.
10 h 48, le 07 janvier 2021